232 DAARA DONT 128 S’ADONNANT À LA MENDICITÉ, RECENSES
CARTOGRAPHIE DES DAARAS À RUFISQUE
Après Dakar, Pikine et Guédiawaye, le département de Rufisque dispose d’une cartographie de ses écoles coraniques. Un atelier de restitution organisé par la cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants, s’était tenu hier à la salle de délibération de la mairie de ville. Il ressort que la mendicité est encore forte dans la zone.
La mendicité reste encore forte dans le département de Rufisque. Cela, selon une cartographie des écoles coraniques, faite par la cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants.
La structure nationale, après Dakar, Pikine et Guédiawaye, était hier à Rufisque pour restituer la conclusion de ses travaux. Selon l’étude, 232 Daara sont recensés dans le département, pour 128 pratiquant la mendicité ; ce qui fait un taux de 73 %. Pour Mamadou Ndiaye, secrétaire permanent de la cellule nationale de lutte contre la traite des personnes en général, des femmes et des enfants en particulier (Cnltp), la cartographie a été commanditée par le ministère de la justice.
Car, révèle-t-il, « l’étude entre dans le cadre de la lutte que l’Etat mène contre la traite des personnes. Nous avons remarqué qu’il y a une activité de traite qui se cache derrière la situation des Daara qui ne fait pas exception à la situation globale qu’on trouve dans la région de Dakar avec des chiffres comme 73% d’enfants pratiquant la mendicité ». Ainsi, pense-t-il, il est urgent de faire savoir ce qui se passe.
« C’est l’occasion de le faire savoir parce qu’on parle beaucoup des enfants et talibés et on a très peu de chiffres. Cette étude nous permet de donner aux décideurs une cartographie de la situation exacte de ce qui se passe », signale-t-il. Cependant, quant aux solutions, Mamadou Ndiaye fait noter, « il existe une loi datant de 2005 et qui lutte contre la traite des personnes au Sénégal et qui a une application timide. Il y a différentes solutions et cet atelier de restitution rentre dans ce cadre.
Cette lutte menée par l’Etat ne peut se faire qu’avec la participation et la sensibilisation de tous les acteurs. Ce sera dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes. Il n’y a pas que la répression. Il y a la sensibilisation, la protection des enfants et en dernier ressors, la ré- pression ».
De leur côté, certains maîtres coraniques ne partagent pas les conclusions des travaux de l’étude. En effet, selon Imam Cheikh Tidiane Niang, vice-président de l’association nationale des maîtres coraniques, ce qui figure dans les conclusions, ne reflète pas la réalité. « En majorité, les conclusions qui viennent d’être sorties, ne correspondent pas à la réalité. Il serait préférable de maîtriser la chose avant de sortir cela. Ceux qui parlent des Daara, n’y connaissent rien », avance-t-il.
Avant de faire comprendre que la méthode des enquêteurs n’a pas été concluante. Car, persiste-t-il, « ce qu’il y a, c’est qu’ils passent un après-midi ou une demi-journée dans une école coranique, à discuter avec le maître des lieux avant de prendre pour argent comptant tout ce que ce dernier leur dit et d’y ajouter d’autres choses.
Car, ils disent que beaucoup d’informations leur ont été fournies par les maîtres coraniques alors que c’est faux ». Le maître coranique de dé- plorer par ailleurs : « les Daara sont orphelins parce que tous ceux qui parlent des Daara, n’en parlent qu’en mal alors que la meilleure éducation vient des Daara».
Ainsi, par rapport à la mendicité, il souligne que « beaucoup de ces enfants traînant dans la rue, ne sont pas des talibés. Il y a beaucoup de personnes qui viennent d’autres horizons et qui viennent ici avec des enfants qu’ils font mendier à toute heure de la journée. Ceux qui ne savent pas, diront que ce sont des talibés. Aucun maître coranique n’est capable d’un tel acte ».