400.000 PERSONNES ONT ACCÈS À UN SERVICE CONTINU D’EAU
NDIOSMONE, NOTTO, PALMARIN, NGOROM, LAMSAR...
C’est officiel. Le privé a pris le relais de l’exploitation et de la maintenance des ouvrages hydrauliques, ainsi que la commercialisation de l’eau dans le monde rural. Le secrétaire d’Etat à l’Hydraulique rurale, Diène Faye, a présidé la cérémonie de démarrage du contrat d’affermage à Tassette. Désormais, la Société d’exploitation des ouvrages hydrauliques (Seoh) est dans l’obligation d’assurer la continuité des services de qualité à plus de 400.000 personnes vivant dans des zones rurales des régions de Thiès, Fatick et Saint-Louis.
La cérémonie est symbolique. Elle est historique à plus d’un titre. Et c’est sur les colonies pierreuses de Tassette, là où les colons percevaient les impôts, que la cérémonie de démarrage du contrat d’affermage a été célébrée.
Le privé, plus précisément la Société d’exploitation des ouvrages hydrauliques (Seoh), prend ainsi en charge la gestion, la maintenance du patrimoine hydraulique en zone rurale et la commercialisation de l’eau. C’est une première en Afrique noire.
« Ce jour marque un tournant décisif dans la gestion des forages de l’hydraulique en milieu rural. En effet, pour la première fois, un opérateur privé a la charge d’un système de production et de distribution d’eau en milieu rural qui alimente près de 500.000 personnes », a souligné d’entrée le secrétaire d’Etat chargé de l’Hydraulique rurale, Diène Faye.
L’Etat ne s’est pas retiré. Il s’est mis en retrait pour mieux superviser et contrôler la continuité des services. Les populations ne doivent plus se démener comme de beaux diables pour dépanner un moteur ou colmater une conduite. Elles n’ont plus le droit de cotiser pour l’achat du carburant, du gasoil pour alimenter le groupe électrogène. Elles ont par contre le droit d’exiger une eau de qualité en permanence.
« Les usagers du monde rural doivent se départir des tâches de gestion bénévole et devenir des clients au même titre que les populations des grandes villes », a affirmé Diène Faye. L’acte que nous posons, aujourd’hui, a-til ajouté, trouve sa justification dans cette volonté du chef de l’Etat d’avoir, dans l’ensemble du pays, des citoyens d’égale dignité.
De grosses infrastructures de 19 milliards de FCfa
Des forages de grands débits et des châteaux aux volumes impressionnants sont posés sur les crêpes de la colline comme un bonnet sur la tête d’un vieillard. Les bénéficiaires exultent. L’eau coule à flot, pour reprendre l’expression du représentant du maire, Oumar Lô.
Ici, tous croient à la disparation de la corvée d’eau avec des ouvrages et des conduites qui ont coûté près de 19 milliards de FCfa supportés par le Fonds saoudien et la Bdea. « C’est une aubaine pour nous, les habitants de Tassette et environs.
Nous souhaitons la construction des robinets dans chaque ménage », a sollicité le représentant du maire. A sa suite, Oumy Sarr a remis sur la table le prix de l’eau dans un monde rural où vivent plus de ménages défavorisés. Le mètre cube est vendu à environ 300 FCfa.
Restaurer les principes d’équité
Le tarif baissera. Il sera fixé selon les besoins pour l’élevage, le maraichage et la boisson. Cette passation de la délégation de la gestion au privé entre en ligne de compte de la restauration des principes d’équité. Le chef de l’Etat, a affirmé le président du Conseil d’administration de l’Office des forages ruraux (Ofor), Paul Sène, cherche à mettre tous les Sénégalais sur le même pied d’égalité en matière d’accès à cette ressource.
« Les Sénégalais du monde rural auront désormais accès une eau de qualité et en abondance ; ce qui les mettra à l’abri de plusieurs maladies liées à l’eau », a laissé entendre M. Sène.
Les ouvrages desserviront Ndiosmone, Notto, Palmarin, Gorom et plusieurs autres localités des régions de Thiès, Fatick et Saint-Louis. L’extension de cette phase-test dépend de sa réussite. La société privée a une responsabilité morale de remplir toutes les espérances.
Surtout que plusieurs responsables des Associations des usagers du forage (Asufor) avaient grincé des dents. « La Seoh, à qui incombe la difficile mission de commencer cette délégation de service public en milieu rural, a une lourde tâche dans le service public, dans la mesure où elle a une obligation de résultat, donc de réussite », a insisté Diène Faye. Des unités de potabilisation de l’eau sont déjà construites.
La cérémonie était appropriée pour rendre hommage aux Asufor. Aujourd’hui, certains agents de ces structures ont été engagés par les opérateurs privés. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’hydraulique rurale des indépendances à nos jours dans des villages où l’approvisionnement était assuré par des puits, des puisards et de petites mares.
Toutefois, il existait quelques forages pastoraux. Le service d’eau n’était pas payant jusqu’en 1980.