ADIEU MAÎTRE !
HOMMAGE À L’INSPECTEUR GÉNÉRAL D'ÉTAT , MOR MBAYE
Il n’y a de vrai que la mort. Cette phrase, on ne se lasse jamais de l’entendre à longueur de journée, mais on ne mesure sa portée que quand la mort frappe dans notre proche entourage. Voilà ce qui est arrivé le jour de la célébration de la naissance du prophète Mohamed (Psl) avec le rappel à Dieu de l’inspecteur général d’Etat Mor Mbaye. Un homme multidimensionnel, d’une discrétion assez rare.
« Le hasard n’existe pas », avait-il l’habitude de nous rappeler. Une vérité immuable ! Nous n’avons pas pu nous empêcher de faire le lien entre l’homme et le jour de sa disparition. L’homme était foncièrement croyant et très versé dans les connaissances religieuses.
Musulman certes, mais sa connaissance de la bible était telle que, plusieurs fois, il a, par des questions, collé des camarades chrétiens en plein cours. C’est pourquoi, dans le fait qu’il soit décédé un jour aussi important pour les musulmans, nous y avons lu la dimension de sa ferveur en la religion musulmane et sa discrétion légendaire de partir un jour où toutes les attentions étaient tournées vers cette grande manifestation religieuse célébrée partout au Sénégal.
La chance de rencontrer cet homme remonte en 1999 à l’Ecole nationale d’administration. Deux promotions du cycle A et du cycle B de la section Administration générale venaient d’être reçues à l’Ena, et lui était chargé des cours les plus importants de notre formation.
A l’époque, il n’était pas encore inspecteur général d’Etat, mais un brillant administrateur civil qui servait comme conseiller technique auprès du ministre des Collectivités locales. Le concours de l’Ige, il le passera avec brio en 2000 et fut reçu avec Boubacar Camara, ancien directeur de la Douane.
Ils n’étaient que deux cette année à être admis au concours direct de l’Ige. Il nous disait à l’époque : « Je ne vous oublierais jamais, parce que votre promotion m’a porté bonheur ». Au-delà de ces cours particulièrement bien faits et bien présentés, l’homme était d’une culture générale immensément fournie qui nous permettait toutes les digressions possibles durant nos cours.
Pour nous, il n’était pas qu’un formateur, c’était un maître, un modèle et une fierté. Nous en étions fini à être appelés par nos camarades des autres sections « les fils de Mor Mbaye ».
Une façon aussi pour eux de reconnaitre que de lui, nous avions ce qu’ils ne pouvaient pas avoir de leurs formateurs, tant l’attention qu’il nous portait dépassait la norme. Il nous a appris beaucoup de choses, mais il nous a surtout rappelé les vertus qui doivent être celles d’un bon commis de l’Etat.
Il nous a toujours exhortés à ne jamais céder à la tentation de l’argent facile qui peut passer par la corruption et la concussion. Il nous rappelait que tant que nous resterons fonctionnaire de l’Etat, nous ne devrions jamais prétendre devenir riches.Il ajoutait; « Mais vous aurez toujours de quoi vous nourrir et de quoi vous vêtir ». C’était là une marque de son honnêteté, de sa probité et de son intégrité. S’il lui arrivait d’être en retard compte tenu de ses obligations professionnelles, même de quelques minutes, il n’émargeait deux heures.
Tout ce que notre promotion connait de l’administration territoriale, de l’organisation de l’administration centrale, de la décentralisation au Sénégal, de l’organisation des élections, etc., elle le doit à cet homme.
Au détour d’une discussion avec l’imam Ndiour de la fameuse mosquée de Moussaneté de Thiès, il me disait que Mor Mbaye est un homme de Dieu qui se cache. Il ajoutait que c’était sa principale source dans ses recherches sur beaucoup de questions relatives aux enseignements de l’Islam.
Aux termes de notre formation sanctionnée par de brillants résultats à l’examen de sortie, il nous convia à son bureau et nous présenta aux membres de l’Ige avant de nous offrir un cocktail et de prier pour nous.
Cela, en nous prédisant de brillantes carrières. Au nom de toutes ces deux promotions, dont Ahmet Baba Ly, secrétaire général du ministère de l’Hydraulique, Vivianne Laure Bampassy, ministre de la Fonction publique et de la Rationalisation des effectifs, Ibrahima Thioye, secrétaire général du Conseil économique social et environnemental (Cese), Al Hassane Sall, gouverneur de la région de Kolda, William Manel, gouverneur de la région de Kédougou, Ousmane Kane, préfet du département de Malem Hodar, Cheikh Issa Sall, secrétaire général de la Délégation des bourses familiales, Aliou Sow et Gorgui Ndiaye, au ministère des Finances, Pape Demba Diao, conseiller technique du président de la République, Ibrahima Kâ, au ministère de l’Intérieur, Richard Biram Faye, sous-préfet de l’arrondissement de Meouane, Mamadou Ndoye, en France, et Mahmoudou Bâ, sous-préfet de l’arrondissement de Karantaba, nous disons adieu maitre ! Que le bon Dieu vous accueille dans les plus célestes endroits du paradis.
* Sous-préfet de Karantaba