AMADOU TIDIANE BA SE PRESENTE CONTRE L’AVIS DE SON LEADER BALDE ET DEFIE SON ALLIE IDRISSA SECK
ELECTION DU PRESIDENT DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DE THIES
La candidature d’Amadou Tidiane Bâ de l’Union des Centristes du Sénégal (Ucs) au poste de président du conseil départemental de Thiès a fait couler hier beaucoup de salive. Membre de la coalition And Defar Thiès, il a défié son allié Idrissa Seck après avoir dit niet son mentor Abdoulaye Baldé qui tentait de le raisonner. Finalement, il a été laminé par Idrissa Seck qui a enfilé le costume de Président du conseil départemental. L’autre candidat, Abdou Mbow, a réussi à décrocher 21 voix.
Venu soutenir Idrissa Seck à l’occasion de l’élection du bureau du Conseil départemental de Thiès, Abdoulaye Baldé patron de l’Union des Centistes du Sénégal (Ucs) a certainement eu la surprise de sa vie. En effet, quand il s’est agi de décliner les candidatures après l’appel nominatif des conseillers, Amadou Tidjane Bâ de l’Ucs et membre de la coalition And Defar Thiès a levé la main pour affronter Idrissa Seck, tête de la liste de la même coalition. Malgré les interventions pour le ramener à la raison et le pousser à retirer sa candidature, Amadou Tidjane Bâ est resté ferme sur sa position. Même son mentor Abdoulaye Baldé s’en est mêlé, mais il lui a opposé une fin de non recevoir.
Abdoulaye Baldé a dit à sa sortie de la salle : «j’étais peiné de le voir agir de la sorte. Malgré les injonctions du parti, il n’a voulu rien comprendre. Je le déplore avec la plus grande énergie. Dans le cadre du parti, nous allons analyser cette situation et en tirer les conséquences».
Finalement, Abdou Mbow de l’Apr est venu s’ajouter à la liste des candidats. Mais au finish, c’est Idrissa Seck qui a été élu avec 73 voix, alors qu’il n’a que 66 conseillers. Abdou Mbow a réussi une prouesse en arrivant en seconde position avec 21 voix, alors que sa coalition ne compte que 17 sièges. Amadou Tidjane Bâ n’a récolté que 3 suffrages. Le poste de premier vice-président est allé à Yankhoba Diattara, tandis que Malick Ndiaye est le deuxième vice-président. Pape Moussé Diop hérite du poste de premier secrétaire élu et Méissa Diouf de l’Apr de celui de deuxième secrétaire élu.
«LE SEUL CANDIDAT DE L’APR AU POSTE DE SECRETAIRE ELU RECOLTE UNE MAJORITE DE BULLETINS BLANCS»
L’élection de Méissa Diouf de l’Apr n’a pas été de tout repos. En effet, c’est Yaya Ly de l’Afp qui a d’abord voulu lui disputer le poste avant qu’il ne se désiste suite à des pourparlers. Seul candidat de Benno Bokk Yaakaar, tout le monde pensait que ce serait pour lui une promenade de santé, d’autant plus qu’Idrissa Seck a appelé les conseillers de sa coalition à voter pour lui. Maistant au premier qu’au second tour, Méissa Diouf a récolté une large majorité de bulletins blancs. Une attitude qui a énervé Idrissa Seck. Il a fallu recourir au troisième tour et là aussi, il n’a pu engranger que 38 voix et 37 bulletins blancs, mais c’était suffisant quand même pour qu’il passe.
Sitôt installé, le désormais exmaire de Thiès a décliné quelques aspects de sa feuille de route à la tête du département. Deux chantiers lui tiennent à coeur. Il s’agit d’abord de l’environnement avec des efforts qui seront faits en direction de la revitalisation de Allou Kagne. Il s’y ajoute le secteur de l’éducation qui doit être revitalisé. «Nous avons des génies, mais notre pays a connu un retard dans le domaine de l’éducation.
En 2000 à notre arrivée au pouvoir, j’ai été choqué de découvrir que nous avions 9.200 bacheliers par an. Heureusement que le nombre est monté à 28.000 en 2010, mais au même moment le Maroc était à 118.000 bacheliers et la Tunisie à 85.000. Le nombre de bacheliers par rapport au nombre de jeunes de 18 ans n’est que 11%, alors qu’il est de 66% en France. Pour toutes ces raisons, il faut insister sur l’éducation, car les échecs scolaires d’aujourd’hui seront les échecs économiques de demain et les réussites scolaires d’aujourd’hui, les réussites économiques de demain».
«C’EST TOI QUI AS CHOISI LE CHEVAL COMME EMBLEME, IL A BESOIN PARFOIS DE COUPS DE CRAVACHE OU D’EPERON POUR ACCELERER»
Après avoir enfilé l’écharpe de président du Conseil Départemental de Thiès, Idrissa Seck a encore titillé Macky Sall. Selon lui, l’opposition doit être honorée et respectée en démocratie, parce que c’est le siège du dépôt des remarques souvent justes sur les manquements de l’équipe dirigeante. A Macky Sall qui lui demandait récemment de diminuer les coups, il révèle avoir répondu : «c’est toi qui as choisi le cheval comme emblème, il a besoin parfois de coups de cravache ou d’éperon pour accélérer ».
Pour Idrissa Seck, Macky Sall doit accélérer la cadence car le rythme est actuellement trop lent. «Les souffrances des populations me sont insupportables. Et ce qui me ronge le plus, c’est le fait de connaître le potentiel du Sénégal et de voir l’hésitation, l’impréparation, l’incompétence, la non droiture s’installer. Cela m’agace. Macky Sall est en train de dilapider, de diluer l’identité, la personnalité, le génie sénégalais
et cela se sent dans les organisations internationales», martèle- t-il.
IDRISSA SECK A ABDOULAYE BALDE - «Tu es le meilleur d’entre nous, en compétence et en vertu»
Idrissa Seck a rendu un vibrant hommage à son hôte du jour Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor. «Je suis touché par ta présence. L’Ambassadeur de France de l’époque avait loué tes compétences et à la Présidence, j’ai d’abord connu de toi une plume d’exception. Je t’ai fait appeler à mon bureau pour te dire que malgré ta jeunesse, j’ai besoin de toi au Secrétariat Général de la Présidence de la République et je ne le regrette pas aujourd’hui. Je t’ai ensuite dit qu’en politique il y a deux positions. Celle qui dérive des suffrages et qui est la plus sûre, la plus stable. Les autres sont dérivées de la volonté de celui que les suffrages ont investi du pouvoir, c’està-dire le président de la République. Et je t’avais recommandé d’entrer en politique. Tu me l’avais promis et tu l’as fait».
Faisant allusion à la mise en demeure d’Abdoulaye Baldé dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, Idrissa Seck poursuit : «crois en mon expérience. Les accusations ne fondent rien, elles peuvent rapidement devenir calomnies et aller à l’eau. Je suis persuadé, te connaissant et t’ayant eu comme proche collaborateur, que non seulement tu es le meilleur d’entre nous en compétence, mais aussi en vertu».