CHRONIQUE D’UNE ALTERNANCE, À NOUVEAU, PIÉGÉE !
MACKY SALL, DEUX ANS APRÈS
Il paraît que la première alternance démocratique sénégalaise qui avait porté Me A Wade au pouvoir en 2000 était piégée. Du moins, c’est la docte sentence d’un journaliste prétendument d’investigation, naguère écouté et respecté, mais qui aujourd’hui fait pitié à voir et entendre, tant il a retourné sa veste et s’est ravalé face contre terre pour siéger autour de la table du Conseil des ministres du Sénégal.
Si son patron de Président, qu’il regardait de haut avant son élection, pensait avoir fait une grosse prise, il doit déchanter maintenant. Ce n’est pas ce poisson noble vivement recherché mais plutôt une sardinelle vraiment très moyenne !
Alors que les Sénégalais avaient élu Macky Sall, pour une gouvernance de rupture, sobre, vertueuse, ancrée sur un socle éthique aux antipodes, notamment, des deux dernières années de Wade. Hélas, le Président de l’Apr d’abord et accessoirement du Sénégal, fait pire que son prédécesseur.
Jugez-en vous-mêmes ! Le Président Macky Sall enrôle, à tour de bras, dans «son» parti, celles et ceux que les Sénégalais avaient sévèrement congédiés du pouvoir. Le Pds honni, arrogant, insupportable est de retour au pouvoir par la grâce du Président Macky Sall. Un échantillon de ses nouveaux compagnons de la table-Apr ont pour noms par exemple, Awa «coudou» Ndiaye, Adama Sall, Innocence Ntap Ndiaye (Quelle innocence), Serigne Mboup (ex-Cis du Pds) Ablaye Diop (Sédhiou/ Cosec), El Hadji Malick Diop (Tivaouane). Cet échantillon renseigne, à suffisance, sur ces personnages.
On les affuble gentiment du sobriquet de «transhumants» alors que le bétail qui pratique la transhumance ne daignerait partager avec ceux-là les mêmes prairies.
En effet, cette espèce est prête à ravaler ses vomissures, s’apostasier juste pour rester sous les lambris dorés de la République.
A leur endroit, un célèbre et talentueux éditorialiste a récemment parlé d’ordure et de boudioumane. Ce qu’il a omis de noter, il y a des ordures tellement repoussantes, que le plus téméraire et aguerri des boudioumane, préfère passer son chemin !
C’est dire que ces transhumants nauséabonds avec leurs lourds fardeaux de cuillères, de couteaux, de casseroles, et de comptes publics dilapidés sont à bannir, à jamais, de notre espace public. Mais, il faut le confesser, le combat sera rude.
Après le pitoyable épisode Khouraïchi Thiam, la salle d’attente du Président de l’Apr ne désemplit point. Au contraire, ça grouille de monde : Ngoné Ndoye (malgré ses précautions langagières lors d’une récente émission télévisée), Abdou Fall (Thiès), Alé ou Aly Lô (Taïba Ndiaye) sont annoncés. D’autres, malgré les dénégations et le raffut médiatique autour de leurs moindres activités, ont amorcé leur «longue marche» vers Macky Sall : Aïda Mbodji, Serigne Mbacké Ndiaye.
Bientôt, le marron-beige va fusionner avec le bleu wadiste. Ce sera le sommet de la trahison comme l’a dénoncé récemment le doyen Mody Niang.
Pris par les débauchages tous azimuts, au Pds et à Rewmi qu’il a débarrassé de ses feuilles mortes, le Président n’a pas senti le temps passer. Vlan, deux années de pouvoir se sont écoulées, sans aucune réalisation d’envergure. Sur la réforme des institutions, il envoyé des pieds nickelés tirer à bout portant sur des patriotes ardents dont le seul tort est d’avoir mis leur expérience au service de leur pays. Sur le plan économique, le fameux Yoonu Yokkuté s’est perdu en... en chemin.
Place nette au Plan Sénégal émergent (Pse), une recette- miracle concoctée à 2,5 milliards par un cabinet étranger. Une injure à l’intelligentsia sénégalaise. Malgré le tintamarre médiatique autour de ce Pse, je reste très sceptique sur la réussite de ce plan.
Personnellement, je suis avec intérêt les points de vue de M. Moubarak Lô sur la question de l’émergence. Il est, au Sénégal, l’un des pionniers qui ont travaillé sérieusement sur ce concept, aujourd’hui à la vogue dans les cercles du pouvoir. Son analyse du Pse me rend profondément perplexe.
Sur le plan agricole, la campagne agricole, pour dire le moins, est terrible pour les paysans, malgré les effets d’annonce et le prix au producteur de l’arachide. Dans certaines localités, on attend encore les opérateurs.
Au plan de l’éducation, l’enseignement primaire et secondaire est dans une mauvaise passe. Quant à l’enseigne- ment supérieur, elle est totalement désarticulée, avec un calendrier universitaire improbable, des budgets largement insuffisants et une précarisation des universitaires.
N’en jetons plus. Il est clair que cette deuxième alternance démocratique est piégée par un Président, qui pense d’abord à sa famille, son clan, son parti, obsédé par un deuxième mandat, regrettant de s’être engagé à réduire le présent mandat, et lourdement handicapé par un manque notoire de cadres hautement compétents et charismatiques.
En tout cas, les personnages, hauts en couleurs, qui peuplent son entourage et s’attaquent, sans frais, à l’une des rares personnalités compétentes de son parti, en l’occurrence, l’actuel Premier ministre, démontrent à suffisance cette tare congénitale de l’Apr.
Que dire de cette incroyable image, de la Première dame de la République, hilare alors que son frère attaque vertement le Premier ministre dans un meeting. Ou encore, quand l’un de ses garçons de course et accessoirement gérant d’une fondation qui prétend «servir le Sénégal», affirme, pince sans rire, que le jour où sa patronne de Première dame déciderait d’attaquer le Premier ministre, c’est lui-même qui monterait au front.
Chiche, mais dans quelle république sommes-nous ? Et puis, pour qui se prend ce «spécialiste» autoproclamé de la question casamançaise ? Si parcourir la Casamance à la recherche de joueurs de navétanes pour son équipe de quartier confère le statut de «spécialiste» de la Casamance, alors autant dire qu’il y en a au Sénégal des centaines et des centaines...
Plus sérieusement, Le Président Macky Sall a l’obligation de mettre fin à l’odieuse transhumance, de réformer les institutions selon les sages et pertinentes indications de la Cnri, de remettre le pays au travail et de réfréner l’incroyable boulimie de sa famille et belle-famille, en quête de mairies et autres strapontins.
On se plaignait de Karim et de Sindiély dans une moindre mesure. Voici Aliou Sall le frangin, Mansour Faye, le beau- frère, Anta Sarr, l’épouse du cousin adoré, les oncles Thimbo et les Gassama, famille de l’homonyme.
Mais qui disait que l’alternance était piégée ?