CONFESSIONS DU BEAU-PÈRE DU PRÉSIDENT MACKY SALL
EXCLUSIF : ABDOURAHMANE SECK «HOMÈRE» AU POPULAIRE
En exclusivité pour «Le Populaire», le beau-père du Président Macky Sall parle. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Abdourahmane Seck «Homère» se dévoile, nie l'existence d'une dynastie Faye-Sall, solde ses comptes avec ses pourfendeurs et fait un diagnostic sans complaisance du fonctionnement du parti présidentiel.
D’où vient le surnom de «Homère» qu'on vous colle ?
C’est un nom de collège qu’un professeur a eu à me donner, à la suite d’un devoir, où j’avais la meilleure note. Ce dernier avait l’habitude de donner les notes de la plus mauvaise à la meilleure. Et comme j’avais la meilleure note, et qu'on traitait un peu la méthodologie grecque, il eut à dire : «Maintenant, il reste la feuille du grand Homère». Et les amis l’ont retenu. C’était les années 59-60. J’étais parmi les meilleurs de ma classe. Dieu a fait que je me suis battu de sorte que j’étais toujours parmi les meilleurs.
On fait de plus en plus cas de l'existence d'une dynastie Faye-Sall. Vous en dites quoi ?
Nous avons un parti qui n’a pas fait trois ans et demi, et on était déjà au pouvoir. Mais, à chaque fois qu’on crée quelque chose, les premiers qui viennent sont les amis et les parents. Et effectivement, quand Macky Sall commençait à avoir des problèmes avec le Président Wade, étant président de l’Assemblée nationale, j’ai rendu le tablier. J’étais déjà Pca d’une société. Et j’étais Pca, au moment où Macky n’était pas encore ministre de la République. J’ai quitté le poste de Pca pour aller militer à la base, car je suis de Rufisque. Et j’ai eu à l’accompagner et à faire aussi une partie du Sénégal. Nous avons gagné les élections, il m’a remis au poste que j’avais délibérément quitté. Et je continue à travailler pour lui. Pour le parti et pour le pays. Certains pensent que je suis tombé du ciel. Moi, j’ai fait 37 ans de carrière administrative, où j’étais un acteur politique de l’opposition de l’époque. Et j’aurais pu, comme d’autres l’ont fait, rejoindre le parti au pouvoir qui était le Ps à l’époque. Je suis resté dans l’opposition, jusqu’en 2000. Et c’est avec l’alternance de 2000 que j’ai eu un poste de responsabilité. Si les gens pensent, aujourd’hui, que c’est parce que Macky est président de la République que je dois partir, alors que je suis un acteur politique, je dis que ça, je ne le ferai pas. Pour les enfants, c’est des gens qui se sont battus, dès le premier jour. Vous prenez l’exemple d’Adama Faye. Avant, il n'y avait pas de responsable Apr à Grand-Yoff. C’est lui qui s’est assumé jusqu’à l’arrivée de l'ex-Premier ministre. Ils se sont retrouvés ensemble. Mansour, lui, avait un mouvement, avant la création de l’Apr. C’est ce mouvement qui a été transformé comme base du parti à Saint-Louis. Ils se battent, donc, depuis lors. Les gens parlent de ce truc-là, mais je dis que c’est injuste de parler de cela.
Depuis quelque temps, la Première dame fait l'objet d'attaques. Qu'estce que cela vous inspire ?
Cette façon de vouloir diaboliser Mme Sall, moi, ça me rend malade. Ça m’écoeure à la limite. Cette dame, c’est moi qui l’ai éduquée. Elle a des vertus d’une femme sénégalaise authentique, qui sait ce que c’est l’autorité parentale. Qui sait ce que c’est aussi l’autorité maritale. C’est une femme, une sénégalaise, respectueuse des valeurs. Musulmane très pratiquante. Il faut que les gens essayent de voir pour le reste de l’histoire, mais il faut que les gens s’habituent à voir des changements de comportement de nos dirigeants du futur. Jusqu’à la période de Mme Wade, c’était des femmes relativement âgées, des femmes qui n’étaient pas également de culture sénégalaise. Aujourd’hui, c’est une fille qui n’a jamais quitté, ici. Donc, elle ne peut être autre chose qu’une sénégalaise. Elle est sénégalaise et reste sénégalaise, et une sénégalaise musulmane pratiquante. Ce témoignage, je tenais à le faire, car c’est moi qui l’ai éduquée. C’est une femme qui est très correcte, très polie, qui a le sens de l’honneur, mais le sens aussi de bien faire et avec beaucoup d’humilité. Je comprends que sa façon de faire gêne certaines personnes. Ce n’est pas le truc classique qu’on a connu. C’est une sénégalaise qui est là, qui a ses parents, ici. Elle est dans sa famille, et elle est avec ses amis d’enfance qu’elle a connus à Diourbel. C’est une femme qui est restée elle-même. C’est une certaine opinion qui tient à retenir certaines choses qui n’existent pas en fait.
Quel bilan faites-vous de votre participation aux élections locales à Rufisque ?
Moi, j’étais tête de liste majoritaire à l’Est. Et j’étais tête de liste aussi au niveau départemental. J’ai été choisi par le parti pour diriger ces deux listes. Et je dis que diriger des listes dans tous les pays veut dire que c’est vous le candidat. Les gens tirent un peu trop pour dire que je n’ai rien gagné là où j’habite. Je tiens à préciser une chose. Dans mon quartier, il y avait beaucoup de candidats : Ousseynou Faye, Oumar Cissé, Albé Ndoye, Ibrahima Ndoye Junior, Thierno Ndoye, la dame Coumba Diop et moi-même. Et ils étaient tous de Rufisque (Mérina). Et les gens disaient que, comme moi, j’étais tête de liste au niveau départemental, qu’ils peuvent voter pour d’autres et me donner le Conseil. Au niveau du département, nous avons fait campagne. J’étais le seul à faire campagne avec Oumar Guèye. Les autres responsables venaient avec nous de temps en temps, mais ils repartaient. Mais, en tout cas, jusqu’au dernier jour, j’ai même fait campagne, au détriment de ma commune de l’Est. Car, quand vous bouclez déjà trois jours francs, vous quittez le matin pour rentrer à 23 heures. Vous voyez un peu ce que j’ai perdu au niveau de ma zone. Mais, c’était un choix, car je me disais que j’étais candidat. Donc, il fallait que je remplisse mon devoir de candidat. Maintenant, j’ai perdu à l’Est. Mais, les autres collègues aussi ont perdu dans leur zone. Arame a perdu au Nord et Souleymane Ndoye a perdu à l’Ouest.
Vous croyiez être le candidat pour la présidence du Conseil départemental. Que s'est-il passé ?
Je suis victime du coup du ministre Oumar Guèye. Souleymane Ndoye est le seul à pouvoir l’arranger. Et il sera son pantin. Car Oumar sera ses yeux et ses oreilles. Il ne sera président que de nom. Tout le monde est conscient que c’est lui qui va diriger, comme il l’a élu avec de la manipulation et des invitations à déjeuner dans des hôtels de la place. Au niveau du Conseil départemental, je le dis et je le répète, j’étais le candidat du parti. Parce qu’on a fait de moi tête de liste. Arrivé à un certain moment, il y a eu une levée de boucliers contre ma personne. C'était monté. On parlait de dynastie Faye-Sall. Le feu était à Saint-Louis, Pikine, Guédiawaye. A Rufisque, il fallait aussi allumer le feu. Cela m’a porté préjudice, mais aussi le coup du ministre Oumar Guèye. Je ne dirai jamais que c’est le candidat du président de la République qui est passé, parce que le Président a clairement dit que Souleymane Ndoye n’était pas son candidat. Donc, c’est le candidat d’Oumar Guèye qui est passé. Je ne fais pas et ne ferais pas l’affaire du ministre Oumar Guèye. Je suis un homme libre, et avec mon expérience administrative, je ne peux et ne pourrais être un pantin. Jamais je ne le serais, contrairement au président du Conseil départemental qui se plie à ses ordres. Souleymane Ndoye est très limité, et avec cette situation, il sera obligé de se plier aux ordres de son mentor, Oumar Guèye.
Que pensez-vous du fonctionnement actuel de l’Apr ?
L’Apr a une déformation congénitale. Elle a fait trois ans, et n'a pas rampé à quatre pattes. Tout de suite, elle s’est levée pour marcher. Quand le Président disait qu’on s’arrête aux Comités, il avait raison à l’époque. Il disait qu’on était devant un Abdoulaye Wade qui pouvait débaucher n’importe qui. Mais, il y a des gens, comme moi, qui pensaient qu'il fallait réorganiser le parti. D'autres ont dit qu'il faut attendre. Mais, aujourd’hui, on s’est rendu compte que c’est un groupuscule qui gère ce parti et qui, en fait, n’a aucune légitimité. Il y a des gens qui sont, aujourd’hui, dans le parti, et qui ne sont sur aucune liste, et qui se disent de grands responsables. Moi, je suis un militant authentique. Je suis membre fondateur du directoire du parti. Je ne suis pas un transhumant.
On ne vous entend plus sur la question des logements sociaux que vous deviez construire...
En fait, cette affaire m'a bousculé à l’époque. ça m’a un peu ébranlé, parce que les gens disaient que le beau-père a eu le jackpot. Moi, je ne voulais pas en parler depuis lors, mais vous me donnez l’occasion de donner quelques explications. L'urbanisme et l’habitat, je n’ai pas fait autre chose dans ma vie. Je ne suis pas un brocanteur, ni un vendeur de truc. Je n’ai fait que l’urbanisme et l’habitat. Je suis un vieux fonctionnaire. Le Président a parlé de logement social. J’ai pensé, qu'avec un cabinet que j’avais bien avant, que je pouvais disposer de ce projet pour essayer de l’aider. Et je suis allé moi-même trouver des partenaires. Et je travaille même avec le ministre de l’Urbanisme. Je n’ai rien fait d’autre que travailler avec l’administration. Je n’ai pas utilisé d’autres créneaux. D’ailleurs, j’étais très à l’aise, quand le Président disait qu’il n’était pas au courant. ça veut dire qu’il ne m’a pas poussé à le faire. Donc, on a fait le truc. Quand les gens ont pensé que ça pouvait être gênant, je me suis retiré. Et tout le monde sait que l’Etat a deux bras pour construire, c’est la Sicap et les Hlm. Le Président ne peut pas me donner des milliards. Les gens qui parlent de milliards à donner, ils ne te parlent même pas du projet, ils ne savent même pas ce que c’était. C’était juste pour nuire. Moi, je voulais faire ça pour aider. Quand j’ai vu que ça commençait à gêner certains, je me suis tu. Je n’ai pas de problème pour recommencer, si jamais l’occasion se présentait une nouvelle fois. Ce n’est pas l’Etat en réalité. S’il y a un privé qui est là, qui veut travailler avec les banques sénégalaises, les gens ne diront plus que c’est le beau-père. Car ça rentre dans le Pse. Le Président a besoin de logements pour les Sénégalais.