''CORPS EN LUTTE : L’ART DU COMBAT AU SENEGAL''
DES CHERCHEURS ANALYSENT LES PÉRIPÉTIES DE L’ARÈNE SÉNÉGALAISE
La salle d’atelier de l’Ucad II a abrité, mercredi dernier, la cérémonie de présentation de l’ouvrage «Corps en lutte : l’art du combat au Sénégal ». Ce livre paru aux Cnrs-éditions a été réalisé par des chercheurs français et sénégalais de l’Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport (Inseps) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« Corps en lutte : l’art du combat au Sénégal » est un nouvel ouvrage collectif écrit par des chercheurs français et sénégalais qui s’intéressent aux différentes facettes de la lutte sénégalaise.
Parue aux Cnrs- éditions (Paris), cette œuvre dont la présentation a eu lieu, mercredi dernier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar est dirigée par l’anthropologue Dominique Chevé, Cheikh Tidiane Wane, Marianne Barthélémy, Abdoul Wahid Kane et du philosophe Ibrahima Sow.
Elle est nourrie d’études de terrain, d’observations et de rencontres avec des acteurs de la lutte. C’est le premier ouvrage à caractère scientifique à s’intéresser « à un art ancestral » devenu un sport national.
Pour Cheikh Tidiane Wane, l’un des co-auteurs de « Corps en lutte : l’art du combat au Sénégal », il y a moins de productions scientifiques sur la lutte au Sénégal. Dans sa contribution, il traite des techniques corporelles et les différences ethno- culturelles liées à cette discipline. A l’en croire, en fonction des contextes la façon dont chacun utilise son corps influence son registre technique.
Maraboutage
La lutte sénégalaise reflète les manières de faire, d’être d’une communauté tribale ou clanique. « Elle puise tout son sens symbolique et sa signification dans la richesse culturelle du pays. Sur le plan des techniques corporel, on note une différence et à ce niveau, j’ai essayé de montrer qu’en fonction des ethnies, il y a une différence », a-t-il fait comprendre.
Quant au philosophe Ibrahima Sow, il s’est intéressé aux aspects mystiques, au maraboutage dans la lutte. M. Sow cite les différentes formes de maraboutages qui sont opérées dans l’arène dont « le lapataké » qui signifie celui que l’on ne frappe pas en Puular, le « Sekki » ou le maraboutage qui double le volume du lutteur en faisant « apparaître ou paraître plus qu’il n’est en réalité... » et le « guëlëmal » qui est le faite de faire en sorte que l’adversaire en face soit « complètement étourdi». Pour le philosophe, cet arsenal magique n’a d’autres objectifs que d’annihiler la volonté de l’adversaire, d’amoindrir sa force physique, de le dominer mentalement et de le vaincre corps et âme.
Par ailleurs, d’autres chercheurs à l’image d’Abdoulaye Keita, de l’anthropologue Alain Froment, du sociologue Abdoulaye Wahib Kane ou du juriste Moustapha Kamara ont travaillé sur différents aspects touchant ce sport national
Fruits de trois années de recherches, ce travail de 355 pages, selon l’anthropologue Dominique Chevé l’initiatrice du projet « Corps en lutte », a principalement ciblé les lutteurs et acteurs de la lutte.
Travail interdisciplinaire de sociologues, de philosophes, d’ethnologues..., le livre a pour principal objet de mener une étude scientifique sur la lutte en donnant la parole aux lutteurs, managers et responsables d’écuries de lutte.