DIRECTEUR DE LA DCMP ET RÉGULATEUR À L’ARMP
PARFUM DE CONNIVENCE
En voilà un fait qui va faire jaser les gendarmes des finances publiques en cette période de reddition des comptes et de gestion sobre et vertueuse décrétée par les nouvelles autorités du Sénégal. Représentant de l’Etat au conseil de régulation de l’Autorité de régulation des marchés public (Armp), Ibrahima Guèye trône depuis le 18 décembre à la tête de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp), structure chargée du contrôle a priori de l’octroi des marchés publics. Une incongruité qui bruit fort du fait d’un parfum de soupçon de connivence qui s’exhale dans l’octroi des marchés publics.
Plus heureux que l’inspecteur du Trésor Ibrahima Guèye, tu meurs. Jusque-là membre du très prisé conseil de régulation de l’Armp où il représente le ministère de l’Economie et des Finances, il est nommé depuis le 18 décembre, directeur de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) au ministère de l’Economie et des Finances, en remplacement de Adama Mboup. Une nomination qui lui permet d’avoir la haute main sur l’octroi de tous les marchés publics tant en amont qu’en aval, et qui suscite des vagues dans les chaumières.
Des sources très portées sur les marchés publics relèvent ainsi une volonté manifeste du gouvernement de couvrir d’un voile sombre l’octroi des marchés publics. Surtout parce que la Dcmp est chargée du contrôle a priori de la passation des marchés.
Autrement dit, dans cette affaire l’onction du directeur de la Dcmp est non seulement indispensable en amont, mais en cas d’avis défavorable il participe à l’arbitrage du même litige que doit trancher le conseil de régulation. Une véritable entorse aux principes d’impartialité, d’équité, de bonne gouvernance et de justice.
En effet, Mademba Guèye, président du Conseil de régulation, Samba Diop, administrateur civil principal et Ibrahima Guèye, inspecteur principal du trésor, représentent l’Etat au conseil de régulation. Cette structure tripartite et paritaire est composée, en plus de l’Etat, du secteur privé et de la société civile.
UN MEMBRE DU CONSEIL TEMPERE
Joint au téléphone, un membre du conseil de régulation écarte toute idée de conflit d’intérêts. Selon lui, la présence de Ibrahima Guèye directeur de la Dcmp au conseil de régulation n’entame en rien le fonctionnement de la structure, en ce sens qu’il n‘est pas membre du Comité de règlement des différends chargé de donner des avis techniques qu’il soumet à l’approbation politique du conseil de régulation, lequel n’est pas lié par l’avis de la Dcmp.
D’après notre interlocuteur, la présence de Ibrahima Guèye permet surtout aux autres membres de comprendre techniquement les procédures de passations de marchés. En revanche, dit-il, le conseil permet à Ibrahima Guèye qui a déjà un background acceptable de renforcer ses capacités techniques au niveau de l’Armp qui est une sorte d’académie. C’est peut-être, dit-il, ce qui explique la raréfaction des litiges depuis sa prise de service. «Le conseil de régulation n’est pas lié par les décisions de la Dcmp. Il peut s’auto saisir et il n’est pas tenu de prendre en compte l’avis de la Dcmp. Je ne vois pas de péril en la demeure», dit notre source qui souligne également que le gouvernement n’est représenté que par 3 membres contre 6 et que le conseil de régulation n’a jamais rejeté l’avis du comité de règlement des différends dont Ibrahima Guèye n’est pas membre.
Quoi qu’il en soit, ce cumul n’est pas positivement apprécié et surtout qu’en l’absence de consensus, les avis du conseil de régulation sont mis au vote. Et c’est de là que peut naître la suspicion.