Espagne: Luis Enrique, un fort caractère qui a réveillé le Barça
Avec Luis Enrique, le FC Barcelone a retrouvé un mental de fer: l'entraîneur asturien, nommé il y a un an, a insufflé son exigence et son caractère à une équipe riche en stars, qu'il a ramenée dimanche au sommet du Championnat d'Espagne.
Les fermes convictions et le verbe haut de Luis Enrique Martinez Garcia, 45 ans, ont pourtant fait des étincelles cette saison, notamment auprès de Lionel Messi, avec qui on l'a dit brouillé cet hiver.
Mais le technicien, idole du Camp Nou lorsqu'il était joueur, a tenu bon et endigué le déclin annoncé du Barça: outre le titre de champion d'Espagne 2015, son équipe peut viser un épatant triplé avec la finale de la Coupe du Roi, fin mai, puis celle de la Ligue des champions début juin.
En cela, Luis Enrique marche sur les traces de son ami et prédécesseur Josep Guardiola. L'emblématique technicien catalan (2008-2012) avait lui aussi réussi cette razzia dès sa première saison sur le banc barcelonais, en 2009.
Cette année-là, "Lucho" avait succédé à "Pep" aux commandes de la réserve du club, pour sa toute première expérience d'entraîneur. Sous ses ordres, le Barça B était montré en deuxième division et Luis Enrique avait marqué des points pour diriger un jour l'équipe première de son club de coeur.
- Héros au Barça, haï à Madrid -
Contrairement à Guardiola le Catalan, pur produit de la "Masia" barcelonaise, le natif de Gijon (Asturies) est un converti à la cause blaugrana.
Et, trajectoire rare, c'est un ancien joueur du Real Madrid (1991-1996) qui a renié sa période merengue pour devenir un héros sous le maillot du FC Barcelone (1996-2004).
Déjà, ce joueur polyvalent, attaquant, ailier ou milieu de terrain, avait fait montre d'un caractère bien trempé, semblant se délecter de la détestation des supporteurs madrilènes.
International à 62 reprises avec l'Espagne, il a aussi connu les triomphes (or olympique à Barcelone en 1992) et les désillusions internationales. Comme par exemple l'élimination contre l'Italie en quarts du Mondial-1994 aux Etats-Unis, où son nez ensanglanté par un coup de coude non sanctionné était devenu l'emblème d'une "Roja" qui semblait alors condamnée à la défaite.
Ce bagage de joueur et ce caractère bien trempé ont servi par la suite à l'entraîneur Luis Enrique, tatouages sur le bras et physique toujours affûté par la pratique du triathlon.
- De Totti à Messi -
Si son passage plutôt réussi au Celta Vigo (2013-2014) a favorisé sa nomination au Barça, les choses avaient été plus mitigées à l'AS Rome (2011-2012), où le technicien osa écarter Francesco Totti, le capitaine et idole des tifosi.
De même, à Barcelone, l'entraîneur asturien a vu son autorité vaciller en janvier. Messi, laissé sur le banc au coup d'envoi d'un match perdu contre la Real Sociedad (1-0), s'est fait porter pâle dès le lendemain, une attitude qui a mis tout le Barça en alerte et déclenché une violente crise interne.
Mais Luis Enrique a eu la souplesse nécessaire pour ménager l'Argentin, dont le rendement est redevenu flamboyant cette saison. Et la presse a fait état d'une récente accolade réconcilatrice entre les deux hommes.
Dans cet épisode, Luis Enrique a montré ses qualités de meneur. "Le jour où je verrai que mes joueurs ne me suivent plus, j'arrête tout. Et cela ne s'est pas encore produit dans ma carrière d'entraîneur", a récemment expliqué le technicien.
Il compte aussi à son actif d'avoir rendu le jeu barcelonais plus pragmatique et moins prévisible.
Son Barça a la meilleure défense de Liga (19 buts encaissés), excelle en contre-attaque et sur coups de pied arrêtés et a retrouvé une intensité et un appétit spectaculaire pour une équipe qui avait pourtant tout gagné ces dernières années.
Signe que la fermeté, le caractère et la soif de vaincre de Luis Enrique ont bien déteint sur le FC Barcelone.