FAMARA IBRAHIMA SAGNA RACONTE LA CONSTITUTION DU CORPS DES ADMINISTRATEURS CIVILS
ADMINISTRATION DU SÉNÉGAL
Du haut de sa stature d’homme d’Etat qui a contribué à l’élancement de son pays en Etat- nation, Famara ibrahima Sagna vient de publier un livre qui fait déjà figure de pièce historique. Son caractère pléthorique additionne l’histoire d’une volonté hugolienne d’«œuvrer à la colonisation» et celle de lancer une jeune Nation sur les bases d’un Etat dont les serviteurs auront pris le meilleur de ceux qui les ont dominés pour constituer un Etat fort et souverain à l’égard de son ancienne tutelle.
L’auteur de la Constitution initiale des administrateurs civils du Sénégal indépendant : 1958- 1961 (272 pages) est loin d’être un patronyme inconnu aujourd’hui surtout pour les habitants de Ziguinchor.
Famara Ibrahima Sagna, ancien président du Conseil économique et social, signe ici une œuvre historique sur laquelle les générations futures voudront bien se pencher si elles viennent à se remémorer les racines du Sénégal indépendant se lançant dans le grand bain des nations.
Au début de cette histoire se place un Sénégal colonisé de part en part dont l’Administration par la métropole se confronte à l’insuffisance des cadres mis en place à assurer leur mission efficiente.
Puis, peu à peu au grand vent de l’histoire qui souffle la libération des peuples privés de leurs souverainetés politiques, le besoin d’africaniser l’Administration de ces territoires laisse place à une transition qui verra sans véritables heurts le Sénégal accéder à ses aspirations par le biais d’une continuité administrative savamment orchestrée par le duo Dia et Senghor au sommet de leur art.
L’école coloniale (1885-1934)
La création de l’école cambodgienne en 1885, qui à la suite d’un fort besoin de qualification dans le domaine des télégraphes en Cochinchine, institua l’école coloniale en 1889 qui se divisait en deux sections indigène et française. Mambaye Ahmadou Lô, premier Sénégalais à être sorti de ses murs pour embrasser la carrière d’administrateur colonial, sera seulement suivi par Manuel Jean Diop en 1929.
L’école nationale de la France d’Outre-mer (1934-1960)
Cette évolution répond au perfectionnement de l’apprentissage dispensé par l’institution qui, en plus d’apporter à ses élèves les théories fondamentales du droit, dispense également l’«art de coloniser» et l’apprentissage des langues indigènes afin de ne pas laisser aux traducteurs le loisir de tromper le futur administrateur.
A partir de 1950, l’école atteint sa maturité et suit l’évolution politique des territoires concernés à travers le décret du 30 novembre 1950 qui divise la formation en trois sections distinctes. L’Administration pour l’Indochine, le Madagascar et l’Afrique noire ainsi que la Magistrature et l’Inspection du travail constituent les trois destinations de ses pensionnaires.
L’institut des hautes études d’Outre-mer (1959-1966)
Au lendemain de la seconde guerre mondiale et à la suite de l’Union française pointe la communauté française dont la mission consiste par rapport à la précédente de doter les Etats associés naissants d’administrateurs généraux, financiers et économiques, mais également de diplomates disposant de la qualification nécessaire à l’élévation de leur Nation en Etat.
L’école fédérale d’administration du Mali (1959-1960)
Ephémère, elle ne dura que le temps d’une demi-promotion qui sera reversée dans l’Ecole nationale d’administration du Sénégal (Ena) qui sera instituée le 13 octobre 1960. Cette dernière, véritable «épine dorsale» de l’Etat du Sénégal à travers laquelle le binôme gouvernemental de l’indépendance édifiera le modèle étatique qui leur a survécu jusqu’à ce jour malgré les changements d’appellations territoriales des démembrements de l’Etat.
En somme, la ligne conductrice de cet ouvrage réside en deux impératifs, savoir obéir à l’autorité républicaine dans le cadre des ordres et savoir commander dans l’intérêt général qui demeure la boussole de ceux qui ont frayé avec la «Colo».