FIN DE LA BATAILLE, ON FAIT LES COMPTES
DROITS TV
Canal + et BeIn Sports viennent de se livrer pendant une dizaine de jours une belle bataille autour des droits audiovisuels du football, français et européen. Le résultat est un quasi-match nul à près d'un milliard d'euros par an.
Qui a gagné ?
Cruciaux pour les deux chaînes, les appels d'offres organisés la semaine dernière pour la Ligue 1 et la Ligue 2 et cette semaine pour les compétitions européennes ont donné lieu à de savants exercices de communication, chacun insistant sur la qualité de son offre et les lots forcément "premium" décrochés.
En fait, sans parler de statu quo absolu, les grands équilibres actuels resteront à peu près les mêmes sur les périodes 2015-2018 (pour la Ligue des champions) et 2016-2020 (Ligue 1 et Ligue 2).
Sur la L1, Canal + a amélioré son offre avec un troisième match en direct par journée, contre deux aujourd'hui. Florent Houzot, directeur de la rédaction de BeIn, avait alors déclaré à l'AFP que sa chaîne était "à la mi-temps du match".
BeIn a en effet riposté sur la Ligue des Champions, raflant quatre des cinq lots proposés par l'UEFA, dont celui qui lui garantit de diffuser à coup sûr le match de l'équipe française lorsqu'il n'en restera plus qu'une en course.
L'affaire a donc des airs de match nul entre les deux rivaux, mais elle a aussi permis de clarifier le paysage. Canal et BeIn ont en effet pris l'intégralité des droits disponibles en France. Eurosport, qui diffuse actuellement un match de L2, ainsi que Orange, Youtube, Dailymotion et L'Equipe.fr (droits "nomades" et vidéo à la demande) ne sont plus dans la partie. Côté européen, l'UEFA n'a pas encore communiqué et peut-être que M6 gardera une partie de l'Europa League.
A quel prix ?
Les vrais gagnants sont en fait à chercher du côté de la Ligue de football professionnel (et donc des clubs français) et de l'UEFA.
Avec 748,5 millions d'euros annuels de 2016 à 2020 contre 607 millions de 2012 à 2016, la Ligue a obtenu un montant record et en progression de plus de 20%, qui a pourtant déçu certains.
"Il y a toujours des gens qui croient au Père Noël (...) Mais désormais, on peut travailler", a estimé Michel Seydoux, président de Lille, interrogé par l'AFP.
Le détail des sommes versées par les deux chaînes n'est pas connu, mais une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que l'investissement de Canal était "proche de 550 millions d'euros". BeIn aurait donc de son côté lâché autour de 200 millions par an pour la L1 et la L2.
En ce qui concerne la Ligue des Champions, le montant global versé par les deux acteurs est évalué à 145 millions par an par le quotidien L'Equipe, soit une augmentation d'environ 30%.
Que verra-t-on à la télé ?
Pour l'instant rien ne bouge. Les premiers changements auront lieu lors de la saison 2015-2016 pour la Ligue des champions, puis celle d'après pour la Ligue 1.
En C1, BeIn diffusera tous les matchs de chaque journée, soit 129 rencontres en direct et en exclusivité, et 16 en différé, correspondant à ceux de Canal Plus. La chaîne sportive diffusera également la finale, mais pas en exclusivité puisqu'elle doit être co-diffusée par une chaîne gratuite.
Tant qu'au moins deux clubs français sont en course, BeIn prendra la case du mardi et Canal celle du mercredi. A partir du moment où il n'y en aura plus qu'un, BeIn aura le premier choix de diffusion, même si le match du club en question est programmé le mercredi.
Cela signifie que si un club français va en finale de la C1, BeIN diffusera 10 de ses 13 matches. Seuls trois matches de poule lui échapperont.
En Ligue 1, c'est donc en revanche Canal Plus qui a les meilleurs morceaux avec trois affiches en direct par journée. BeIn diffusera les sept autres matches, ceux que son rival n'aura pas sélectionnés.