France: des Bleus entre deux eaux
Une sévère défaite face au Brésil (3-1) suivie d'une belle réaction des remplaçants contre le Danemark (2-0): l'équipe de France a montré deux visages au cours de son premier rassemblement de 2015 et oscille entre vigilance et espoir à 15 mois de l'Euro-2016.
. Le Brésil, accident de parcours ou alerte ?
Les Bleus peuvent au moins être rassurés: ils sont sûrs de ne pas retrouver les Brésiliens à l'Euro. En dominant les Danois, les Français ont maintenu leur invincibilité sur les nations européennes depuis le Mondial (5 succès, notamment face à l'Espagne et le Portugal, 2 nuls), ce qui les consolera du cuisant revers essuyé au Stade de France.
Deschamps a lui-même voulu dédramatiser la situation samedi: "On ne se voyait pas les plus beaux avant et on n'est pas les plus nuls maintenant."
Le nouveau statut acquis par les Bleus sur la scène internationale en un an n'a donc pas été subitement balayé par la déroute de jeudi, concédée sans deux joueurs majeurs (Lloris, Pogba) et deux autres titulaires (Cabaye, Debuchy). Celle-ci a cependant introduit un léger doute qu'il faudra définitivement chasser lors des prochains chocs prévus d'ici le championnat d'Europe (Belgique, Portugal, Angleterre, Pays-Bas).
. Le groupe se ferme
Les places sont de plus en plus chères en équipe de France et le succès face aux Danois, avec une équipe B, n'a pas dû réjouir les éventuels postulants.
A défaut de pouvoir déloger tout de suite les titulaires, certains non-mondialistes alignés dimanche seront difficiles à déloger du groupe s'ils maintiennent le même niveau (Payet, Kondogbia, Lacazette, Fekir). Ce qui ne laisse quasiment pas d'espace pour de nouveaux entrants.
"Si ceux qui sont là continuent d'être performants, je ne vais pas changer pour changer. Il y a un noyau dur qui revient régulièrement et ça se ressent dans le travail et la vie de groupe, même si la porte reste ouverte au cas où", a expliqué Deschamps.
. De la variété en attaque
Difficile de comparer le Danemark au Brésil mais la prestation des attaquants dimanche, surtout en première période, a de quoi donner des idées au sélectionneur. Olivier Giroud, dans un style beaucoup plus besogneux que Karim Benzema, n'en reste pas moins efficace et demeure l'incontestable doublure du Madrilène. Mais d'autres options sont également apparues.
Alexandre Lacazette a montré du caractère en faisant taire les sifflets de Geoffroy-Guichard avec son premier but en équipe de France et s'est surtout libéré après 5 premières sélections sans éclat. A 23 ans, le meilleur buteur de L1 (23 réalisations) marche sur l'eau et peut à terme devenir plus qu'un recours. D'autant qu'il a su s'adapter à un système tactique différent de celui de Lyon.
Dimitri Payet a été dans la lignée de ses sorties avec Marseille et a lui aussi une belle carte à jouer dans l'avenir s'il prend encore plus de bouteille.
Evidemment, il est trop tôt pour juger le futur de Nabil Fekir, qui n'est même pas resté une heure sur la pelouse sur l'ensemble des deux rencontres. En deux petites apparitions, le prodige lyonnais a toutefois laissé entrevoir des qualités rares. Sa facilité à éliminer peut être une arme redoutable, surtout en fin de match dans un rôle de joker. Reste à savoir quel peut être son réel impact en tant que titulaire.
. Moins en défense
On attend avec impatience de revoir le tandem Varane-Sakho. La terne copie rendue contre le Brésil par le duo fétiche de Deschamps en charnière centrale, reformé pour la première fois depuis septembre, laisse en effet perplexe.
Les inquiétudes se concentrent plus particulièrement sur Raphaël Varane, sous-utilisé au Real Madrid et qui n'a visiblement pas tiré toutes les leçons de la défaite en quart de finale de la Coupe du monde et de son marquage lâche sur l'Allemand Mats Hummels. A 21 ans et malgré tout son talent, il reste en apprentissage.
Or, Deschamps n'a pas d'alternative crédible à ce poste hormis Laurent Koscielny, qui n'est pas sans failles.
La problématique est plus complexe sur les côtés où personne n'est pour le moment en mesure de venir titiller Mathieu Debuchy (droite) et Patrice Evra (gauche).