IL FALLAIT LE FAIRE…
L’image est expressive. Les lumières du stade National du Caire illuminent des "Lions".
Dans cet océan de bonheur qui déborde de partout, Bouna Coundoul pleure... Peut-être une pensée vers le père disparu il y a quelques jours, dont les prières l’accompagnaient pendant les matches. Peut-être la pression du gardien solitaire qui l’a étreint pendant tout le match et qui, enfin, lui sort à travers les larmes. Se qualifier à la Can-2015 ne tenait plus qu’à un fil, le faire avant terme, dans l’antre des "Pharaons" était un challenge énorme.
"On est prêt à tout !", confiait Coundoul. De toutes les déclarations faites par les "Lions" avant le match et qui ressemblent souvent à des phrases toutes faites, parfois guère suivies des comportement attendus, c’est celui là que Waa Sports a retenu samedi pour barrer sa une avec. On y cherchait un symbole, une interpellation pour les "Lions", un motif d’y croire.
Point ébranlés par les intimidations dont ils ont été victimes la veille match, avec des chiens policiers lâchés sur eux en pleine séance d’entrainement, les "Lions" ont sorti le match d’homme dans un Cairo International Stadium bouillant. S’ils ont beaucoup subi, parfois plié, jamais ils n’ont rompu. Jamais ils n’ont perdu leur football et ont fait montre de courage. Sur le but de Mame Biram Diouf, il y avait une sorte de don de soi. Devant la sortie autoritaire aux poings du gardien égyptien, beaucoup d’attaquants se seraient retenus. Le "Lion" est allé au contact pour mettre sa tête, au risque de ramasser un uppercut digne d’un Mike "Iron" Tyson.
Les "Lions" ont sué, démultiplié les efforts pour préserver un 1-0 qui a pendu au nez des Egyptiens de la 8e jusqu’à la 95e mn. Concentration maximale pour signer cette qualification qui confirme la bonne tendance qu’ils affichent depuis un an.
Certes, la défaite de Monatsir noircit un peu le tableau, mais ce groupe a du talent. Un potentiel fort intéressant. Avec une maitrise qui commence à s’installer dans la possession du ballon et de l’audace dans la recherche de solutions. Cela se voyait parfois dans le jeu des "Lions" depuis quelque temps. Ils ont pris conscience qu’il faut y ajouter du CARACTÈRE. Qualité incontournable pour aller à la conquête de l’Afrique.
Les "Lions" ont commencé à grandir depuis le 11 novembre 2013. Ce jour là, ils ont bousculé la Côte d’Ivoire (1-1), sorti ce qui est devenu le match le plus abouti depuis la prise de fonction d’Alain Giresse en février 2012. Depuis lors, leur crinière a changé. Les voir intégrer le top 5 africain en septembre dernier, ce qui n’était plus arrivé depuis 2004, était un indicateur de taille. Et s’ils ont reculé dans le classement d’octobre pour se retrouver à la 8e place, figurer dans le top 10 africain, sur 54 associations, est plus que respectable.
Et Alain Giresse dans tout ça ? Acculé par les critiques des observateurs et des ultra, le sélectionneur national n’a jamais coulé. Il est resté têtu comme une m… par rapport à sa philosophie de jeu. Faisant preuve de courage dans ses choix (mise à l’écart de Demba Bâ). Samedi, il a une nouvelle fois montré qu’il reste maitre à bord.
De l’audace, Giresse n’en manque pas non plus. Qui avait imaginé Salif Sané dans ce match ? Un joueur confiné dans la réserve de Hanovre, qui ne compte aucune minute en Bundesliga depuis le début de la saison se retrouver titulaire, de surcroit dans une défense à trois qui demande beaucoup d’efforts, qui plus est dans un match où l’adversaire doit attaquer à outrance pour marquer et refaire son retard ?
Beaucoup de techniciens auraient misé sur un joueur "valide". Mais avec Giresse, les lois du terrain sont faites pour être réécrites. Quand on a un groupe où les éléments sont à valeur plus ou moins égale, on peut se permettre de prendre certains risques, remodeler ses schémas suivant les circonstances et l’adversaire qui est en face.
La défense à trois, qui est revenue samedi, commence à être assimilée. Depuis qu’il a été testé contre la Côte d’Ivoire, en novembre dernier, les "Lions" n’ont jamais perdu dans cette configuration, alignant trois victoires. Quand ils ont dérouté dans ces qualifications, contre la Tunisie, c’était en 4-4-2 (à l’aller à Dakar) et 4-3-2-1 (à Monastir).
Quoi encore ? On ne peut occulter la variation constatée dans le jeu de l’équipe nationale. Du jeu en profondeur qui a fait merveille lors des deux premiers matches avec 3 buts sur les 4 réussi, on a vu les "Lions" sous un autre registre samedi : les balles arrêtées. Cette équipe a plus d’une corde à son arc, il faut juste en faire de quoi tirer un bateau…