''IL FAUT UNE GESTION PERFORMANTE, CONCERTÉE ET AMÉLIORÉE DE LA VIE ÉTUDIANTE''
IBRAHIMA DIAO, DIRECTEUR DU CROUS
Aussitôt après sa prise de service, le nouveau directeur du Centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (Crous), Ibrahima Diao, s’est engagé à mobiliser toutes les énergies afin de maintenir le management participatif par l’implication des étudiants dans la prise de décision... Entretien
Pouvez-vous nous rappeler l’objectif principal de la mission qui vous est dévolue ?
Notre objectif majeur est l’amélioration des conditions de vie des étudiants orientés à l’Université Gaston Berger. Le Crous est chargé d’assurer la gestion des crédits affectés aux œuvres universitaires, de seconder les initiatives et l’action des organismes qui visent un but analogue ou complémentaire, d’effectuer ou de faire effectuer toutes les études sur les besoins des étudiants. Nous veillerons sur la restauration correcte des étudiants en quantité et en qualité.
L’hébergement (suivant la disponibilité des chambres) et la couverture sanitaire des étudiants, seront assurés. Nous organiserons aussi des activités culturelles et sportives dans le campus social. La mission du Crous est de favoriser des conditions de vie décentes à ses pensionnaires.
Avez-vous identifié des difficultés dans l’exercice de cette mission ?
L’exercice de cette mission se heurte effectivement à des difficultés identifiées dans les différents secteurs opérationnels et transversaux. Pour ce qui est de la crise de l’hébergement, nous tenons à préciser que d’importantes dispositions du règlement intérieur ne sont pas appliquées du fait d’une mauvaise habitude née du nombre restreint d’étudiants à l’ouverture, en 1990, du campus social (ils étaient 600).
Il y a aussi le non-respect du principe d’annualité de l’attribution des chambres, l’épineux problème du séjour prolongé des thésards et de l’hébergement de vacataires étudiants. Aujourd’hui, avec l’évolution des effectifs, il est nécessaire de revenir sur ces dérogations accordées.
Avec la massification des effectifs de l’Ugb, nous allons essayer de discuter avec les étudiants, dans le but d’aboutir à des conclusions et décisions consensuelles qui pourraient permettre de mettre en œuvre une politique d’hébergement très efficace. L’objectif est d’amener les anciens étudiants à faire en sorte que les nouveaux puissent être privilégiés dans l’attribution des chambres.
L’Université Gaston Berger compte aujourd’hui 14 villages universitaires d’une capacité d’accueil de 3548 chambres, dont 676 individuelles. Aujourd’hui, le Crous va gérer plus de 10.000 étudiants. Devant cette situation, il nous faut l’adhésion de la Commission sociale des jeunes pensionnaires du campus social de Sanar pour de nouvelles procédures d’attribution des chambres.
Le chef de l’Etat, soucieux de l’amélioration des conditions de travail des étudiants, a programmé, dans le cadre du Budget consolidé d’investissement (Bci), la construction de nouveaux villages universitaires et amphithéâtres.
En attendant la mise en œuvre de ces pro- jets, le Crous aménagera, en rapport avec la Commission sociale des étudiants, des salles d’études ainsi que des débarras pour y loger les nouveaux bacheliers non attributaires de chambres.
L’Etat ne pouvant pas tout faire seul, la recherche de promoteurs immobiliers privés ne sera pas écartée. D’ailleurs, des projets sont en cours de négociation au ministère de l’Enseignement supérieur.
D’autres négociations avec le maire de la commune de Saint-Louis vont se faire au terme du séminaire sur le Projet d’amélioration de la vie étudiante (Pave) pour voir dans quelle mesure la mairie pourrait participer au soutien de la politique de l’hébergement.
Les anciens de l’Ugb, devenus de hauts cadres nationaux et internationaux, seront aussi associés à la recherche de solutions pour l’amélioration des conditions d’hébergement des étudiants.
Quid de la gestion privée des restaurants universitaires ?
L’insuffisance de la subvention de l’Etat, la qualité de la restauration en- traînant des journées sans tickets et le retard accusé dans le paiement des bourses sont souvent décriés. Les journées sans tickets décrétées par les étudiants sont souvent liées à des facteurs externes. Il s’agit notamment du retard de paiement de bourses et de la rupture temporaire dans le service.
Aujourd’hui, les difficultés les plus sérieuses rencontrées par le Crous sont recensées, particulièrement dans le secteur de la restauration. Du fait de la faiblesse de la subvention de l’Etat, il est quasi impossible de pratiquer une correcte budgétisation, sinon une bonne partie de la dotation serait affectée à ce compte prioritaire pour un fonctionnement efficace de l’établissement.
Ce qui n’est pas possible du fait de la prise en compte, dans le cadre de la programmation budgétaire, d’autres charges de fonctionnement et d’équipement tout aussi prioritaires et sensibles. Des efforts importants seront toujours déployés, avec le soutien de l’Etat, pour permettre aux repreneurs de travailler dans de bonnes conditions.
Nous pensons à l’ouverture d’un troisième complexe de restaurant pour augmenter la capacité d’accueil, la réhabilitation totale de toutes les chambres froides, la prise en charge totale des questions de nettoiement et de sécurité, les analyses microbiologiques permanentes des aliments, l’acquisition de matériels de cuisine lourds et légers, etc. Rien ne sera négligé par la direction pour permettre une excellente rentrée universitaire 2014/2015.
Qu’en est-il de la politique d’animation culturelle, sportive et de gestion des ressources humaines ?
Il y a également des contraintes dans ce domaine. Il s’agit de l’émiettement des initiatives liées à la floraison d’associations d’étudiants et de la faiblesse de l’implication des sponsors.
La politique des ressources humaines joue un rôle important dans toute organisation publique ou privée, quels que soient les moyens matériels et financiers mis en place. L’amélioration des performances, dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats, dépendra de celle de la qualité des ressources humaines.
C’est pourquoi nous allons accorder une priorité absolue à la qualité des ressources humaines. Il y a aussi la faiblesse du taux d’encadrement, l’inadéquation profil/emploi et l’absence d’une politique cohérente de recrutement.
En raison de l’importance capitale de la qualité du personnel dans le dispositif de contrôle interne de toute organisation, la politique dans ce domaine consistera, entres autres, à instaurer une gestion prévisionnelle des ressources humaines, instituer une politique de motivation du personnel (médaille du travail, lettre de félicitations), créer une commission chargée de la formation, renforcer la formation et les capacités du personnel par l’organisation de séminaires et ateliers, instaurer un cadre de concertation avec les délégués du personnel, redéployer le personnel avec une adéquation profil/emploi, réactualiser l’organigramme, redynamiser et recapitaliser le Comité d’hygiène et de sécurité.
La mise en place d’un dispositif de contrôle de gestion et de contrôle interne fait-elle partie de vos priorités ?
Aujourd’hui, la gestion axée sur les résultats constitue une sur-priorité pour le chef de l’Etat. C’est pourquoi, au Crous, nous mettrons en place un dispositif de contrôle interne de gestion permettant une amélioration des ressources publiques qui nous sont affectées. Nous sommes en train d’élaborer un manuel de procédures de gestion administrative et financière qui permettra d’avoir une idée exacte des activités du personnel, mais aussi mettre en place un système d’informations fiable entre l’Agence comptable et la direction du Crous, conformément au décret portant règlement général sur la comptabilité publique.
Nous faisons allusion à l’inexistence d’un compte de gestion et d’emploi des tickets. Il s’agira d’actualiser et de détailler davantage le manuel de procédures, systématiser le contrôle interne, organiser des échanges sur le nouveau code des marchés publics, mettre en place des régies d’avances pour faire face aux dépenses urgentes et mettre en application le logiciel de gestion budgétaire, ce qui permettra une fluidité des informations financières circulant entre la direction et l’Agence comptable, et acquérir de nouveaux logiciels pour renforcer le système d’informations (gestion des loyers, etc.).
Nous allons aussi réfléchir sur l’utilisation de la carte magnétique pour l’accès à divers services (restaurant, paiement de loyer, bourses des étudiants). L’objectif est d’aboutir très rapidement à une dématérialisation de toutes les procédures.
C’est un souci majeur du chef de l’Etat. Nous allons aussi étudier les voies et moyens à mettre en œuvre pour une codification en ligne de l’étudiant.
Quels sont les autres projets que le Crous compte mettre en œuvre ?
Sur le plan médico-social, nous allons signer une convention avec l’hôpital régional de Saint-Louis pour réduire la tarification et éviter les désagréments, favoriser l’emploi étudiant, diminuer les recours extérieurs (prises en charge), surtout en soins dentaires, et baisser le budget alloué aux remboursements des médicaments grâce à une bonne planification des achats.
Pour générer des ressources additionnelles, nous allons examiner les voies et moyens nous permettant de nouer un partenariat avec les Grands domaines du Sénégal (Gds), pour exploiter une partie du Crous, instituer le parrainage des villages par des pays amis ou des personnalités de l’Etat, augmenter la gamme de prestations offertes par le laboratoire d’analyses médicales et évaluer, de façon périodique, les activités de génération de ressources additionnelles.
Nous allons organiser un séminaire national sur la stratégie d’amélioration de la vie étudiante, qui sera coprésidé par le ministre de l’Enseignement supérieur et son collègue de l’Economie et des Finances. Seront concernées toutes les parties prenantes intervenant dans les centres des œuvres universitaires.
Un document de planification à court terme (octobre 2014-octobre 2016) servira de feuille de route dans une perspective d’amélioration de la prise en charge sociale des étudiants et d’instauration d’un climat de travail apaisé au sein de l’établissement.
Avez-vous pensé à la sécurité ?
La sécurité des personnels administratifs, techniques et de service (Pats) des universités est largement tributaire de la satisfaction des besoins des étudiants, devenus violents dans leur mode de revendication.
Pour un retard de paiement des bourses dont le ministre de l’Enseignement supérieur, les recteurs et les Dg des centres régionaux d’œuvres universitaires ne sont pas responsables, la sécurité des Pats est menacée. C’est pourquoi, à notre avis, il est nécessaire de réfléchir sur la mise en place d’une alternative de sécurité.