"INADMISSIBLE QU’UN SOI-DISANT PROFESSIONNEL SE DÉCHIRE À UNE SEMAINE D’UNE MANIFESTATION"
ALIOUNE SARR SUR LES BLESSURES D’AVANT-COMBATS
Dans cette deuxième et dernière partie de l’entretien que le patron de la lutte nous a accordé mardi dernier, Alioune Sarr a fustigé le manque de professionnalisme des lutteurs et leurs encadrements.
Selon lui, le CNG va prendre son courage à deux mains pour régler ce problème. «Manque de professionnalisme de soi-disant professionnels» «Ce qui se passe dans ce pays : ou les gens ne savent pas écouter, ou ils n’écoutent pas du tout. Nous avons déjà parlé du comportement de lutteurs soi-disant professionnels. Je pense que je ne suis pas écouté ou peut-être parce que je suis trop bavard. Aujourd’hui, force est de constater, encore une fois, qu’on reporte un combat par manque de professionnalisme de soi-disant professionnels. Il est inadmissible qu’un soi-disant professionnel se déchire à une semaine d’une manifestation. Cela veut dire qu’il a continué ses entraînements intensifs.
J’ai été encore choqué en écoutant Malal Ndiaye de l’équipe nationale, qui a été aux Jeux Olympiques, déclarer que l’écurie dont il est un pensionnaire n’a pas de boîte à pharmacie et, qu’en cas de blessures, c’est lui qui sort de sa poche. Là, c’est le Comité national qui est interpellé pour qu’on arrête ce cirque. Nous avons une lourde responsabilité en laissant germer des structures mal organisées.
Une structure bien organisée doit avoir un président responsable, des encadreurs responsables (…). Le CNG va prendre son courage à deux mains pour régler ce problème».
«Sanctionner l’encadrement et le lutteur blessé à une semaine d’un combat»
«L’autre problème, c’est de trouver une solution pour les promoteurs qui mettent des millions et qui ne sont pas protégés. Si demain un lutteur meurt avec une avance de 100 millions, qui va perdre ? Il faudra créer des garde-fous. Troisième et dernière chose, le côté mystique. Il est grand temps qu’on arrête ces soi-disant voyants qui, à la veille d’une compétition, annoncent un verdict. Est-ce que ces accidents que nous constatons ne sont pas liés aux prédications ?
Peut-être qu’un lutteur en entendant dire qu’il va perdre son combat voudra redoubler d’efforts pour les démentir. Il est grand temps qu’on revienne à l’orthodoxie dans l’intérêt de la population. Tout le monde n’a pas envie de savoir. Qu’un lutteur se lève le matin, fasse un accident ; cela peut se comprendre. Mais un lutteur qui se blesse à une semaine de son combat, je pense qu’il faut le punir et punir son encadrement».
«Gris Bordeaux victime de manipulations physiques»
«Les lutteurs gagnent des millions et sont souvent coachés pas des gens qui font du bénévolat. Il faut que les sportifs et leurs encadrements comprennent qu’un orgueil mal placé peut tuer. Je reste sur ce cas précis de la blessure de Gris Bordeaux qui est comme un cas d’école. Il s’est blessé le mardi, il n’a pas été aux soins, du moins pas auprès d’un spécialiste. Je suis sûr que Gris Bordeaux, blessé le mardi, a été victime de manipulations physiques alors que le seul geste à faire, c’était de mettre de la glace et d’arrêter toute activité physique. On a appris qu’il aurait continué ses entraînements, qu’il aurait caché sa blessure, ce n’est que quand la douleur a persisté qu’il a décidé d’aller se faire consulter. Vous vous rappelez tout ce qui a été dit après la défaite de Yékini. Il a déclaré avoir laissé traîner une ancienne blessure. C’est le médecin qui parle : si certaines manipulations sont faites par des non professionnels, des caillots de sang peuvent se former au niveau du coeur, voire au niveau du cerveau, et vous handicaper pour le reste de votre vie si ce n’est pas la mort. Quand un lutteur sent la douleur, il faut qu’il se fasse consulter par les médecins du sport afin qu’ils le prennent en charge. On ne peut pas être professionnel et avoir certains comportements».