"JE SAIS CE QUE VALENT LES JOUEURS…"
ALAIN GIRESSE, COACH DES LIONS
Alain Giresse a fait une bonne moisson en remportant ses deux premiers matchs d’éliminatoires de la Can 2015. Le sélectionneur national qui nous a reçu hier dans son bureau est revenu sur ses deux succès contre l’Egypte et le Botswana. De ce scénario (2 victoires sur 2 matchs) qu’il espérait sans être certain que ça se réaliserait, aux prochaines sorties des Lions contre la Tunisie, en passant par les choix tactiques et des hommes, ainsi que l’utilisation d’un même onze de départ et les bienfaits du regroupement à Saly, où il compte retourner, le patron de la Tanière évoque tout.
L’As : Le Sénégal a démarré les éliminatoires de la can avec deux victoires en deux matchs. est-ce le scénario auquel vous vous attendiez ?
Alain Giresse : C’est plutôt le scénario qu’on espérait, mais pas celui qu’on attendait. Ça c’est bien ; c’est parfait même. On espérait ça à ce stade de la compétition, et c’est réalisé. Mais on n’a jamais de certitude avant de jouer. C’est pourquoi on est satisfait quand ça arrive. La particularité de ces deux matchs, c’était surtout le retour à Dakar lors du premier match. C’était important de rejouer ici, de rejouer devant son public et surtout de gagner à domicile.
Au-delà des victoires, que retenez-vous de positif dans ces succès ?
Bien sûr que les victoires sont toujours importantes. Ça c’est une évidence. Mais derrière, elles ont été possibles grâce à cet état d’esprit, cette dynamique qui est dans ce groupe. C’est-àdire l’envie et le désir de réussir, de la part de tous. Et le fait que chacun ait apporté sa contribution pour faire cette performance qui découle d’un ensemble de choses, d’une logique et d’un comportement qui est là qui est présent, et qui est évidemment nécessaire pour faire des résultats.
Vous avez reconduit le même onze de départ sur les deux matchs. qu’est-ce qui explique ce choix?
C’est simple. Il n’y a pas eu de changement parce que j’ai pensé qu’il y avait des dynamiques en si peu de jours. Je me suis appuyé sur ces dynamiques et je me suis dit qu’il ne fallait pas changer d’équipe en trois jours. Il fallait s’appuyer sur ces dynamiques et sur quelque chose que les joueurs maîtrisent. Après, il y avait aussi l’aspect moral, lié au résultat positif du premier match. Vous dites que c’est la première fois que je reconduis la même équipe. Ce n’est pas ça. Il faut se demander si ça a été de ma volonté de changer ou de ne pas changer l’équipe. Si je change un joueur qui avait joué un match et qui ne peut pas jouer le suivant, parce qu’il est blessé ou suspendu, est-ce que c’est ma volonté personnelle de changer l’équipe (onze de départ)? Mais vous ne tenez pas compte de ça. Je vais sortir les équipes depuis que je suis là et on va voir si c’est de ma volonté ou pas de ne pas mettre la même équipe.
Le retard de certains joueurs comme Moussa Sow, Alfred Ndiaye, Pape Kouly Diop, a-t-il joué dans les choix?
Non ce n’est pas ça! Et il n’y a pas qu’eux qui sont arrivés en retard. Il y a des joueurs qui sont venus en retard et qui ont joué. Ce n’est pas un élément déterminant. On sait par exemple que quand on joue en Turquie le dimanche, il est difficile de venir en regroupement à temps. Mais le retard n’a pas été un élément déterminant sur les choix. Par contre, il y a le cas des joueurs qui, par rapport à leur début de saison, n’ont pas eu de temps de jeu... Cela a effectivement joué sur le fait que certains n’ont pas du tout joué ou ont très peu joué. Et cela a joué aussi dans l’élaboration de l’équipe.
On a vu une équipe du Sénégal plus joueuse, avec une certaine solidité défensive. est-ce à dire que Giresse a de plus en plus de certitudes par rapport aux hommes et au système?
Des certitudes? Non, pas forcément. Il n’y a rien de définitif pour le moment. Mais je sais ce que valent les joueurs. Je sais ce qu’ils sont capables de faire et comment on peut les mettre dans un système. Ça, ce sont des données. Mais ce qui peut se passer dans un match, c’est autre chose. Des fois ça se passe bien, comme ça peut ne pas se passer bien. C’est pourquoi il ne faut pas être défaitiste ou être euphorique. Il faut rester méthodique. On a aussi vu l’équipe reculer et jouer bas après avoir mené au score. Est-ce un choix délibéré? C’est un choix de circonstance. C’est un choix qui appartient à un match. Quand une équipe est menée, elle est fatalement poussée vers l’avant car obligée de revenir au score. Mais quand on a l’avantage du score, en ce moment-là, on a plus de latitude pour se préserver, gérer et profiter de l’espace pour prendre le large.
On a vu des joueurs comme Dame Ndoye et Kara Mbodj faire de belles prestations, avec beaucoup de maturité. comment appréciez-vous ces prestations au niveau individuel?
Je ne porte pas souvent d’appréciations individuelles sur les joueurs. Mais effectivement il y a des joueurs qui ont été bons, qui sont bien inspirés. Et c’est bien qu’ils fassent preuve de maturité. Et si ces garçons en font partie, j’adore. Mais tout le monde, et chacun, a donné le meilleur de lui-même au gré des formes. Vous parlez de performances de ces deux-là. Vous savez depuis quand ils ont commencé leur championnat? Kara Mbodj par exemple a repris depuis fin juillet (week-end du 27 au 28 juillet). Les autres sont à peu de matchs et lui en a cinq ou 6. Il y a donc ces aspects là. Cela explique peut-être les performances.
Vous teniez beaucoup à la logistique. Est-ce que tout s’est bien passé de ce côté?
Ça va! La logistique a répondu aux attentes qu’on avait. Il faut être honnête et le reconnaître. Il y a eu l’avion (vol spécial)… Effectivement on a répondu à tous nos besoins.
Comment jugez-vous l’Egypte et le Botswana que vous avez joués et battus?
Ce sont des équipes différentes. L’Egypte est une équipe plus organisée, plus technique et avec des valeurs individuelles plus élevées. Le Botswana a un jeu plus direct et plus engagé. Mais cela ne veut pas dire qu’il est plus facile. Ce sont deux types de jeu qu’il faut essayer d’appréhender et faire face d’une certaine façon contre l’Egypte et d’une autre façon contre le Botswana. Contre l’Egypte, il faut présenter d’autres atouts que contre le Botswana.
Et la Tunisie votre prochain adversaire?
Oui y a quelqu’un qui était là bas et moi aussi je les ai vus jouer. On a donc des éléments qui vont nous permettre de travailler sur cette équipe. C’est une bonne équipe. Ils ont battu l’Egypte certes, mais il y a aussi l’autre match. Si l’on s’appuie sur le match contre l’Egypte, c’est fort. Mais contre le Botswana, qu’est ce qu’ils ont fait? Ils ont marqué sur deux coups de pieds arrêtés. Ce ne sont pas sur des situations de jeu qu’ils ont marqué. Toutes les équipes ont un match moins maîtrisé ou à la fois les deux matchs. C’est pourquoi il faut éviter de tirer des enseignements. Il faut connaître l’équipe et bien se préparer.
Comment appréhendez-vous ces deux rencontres à venir?
Comme d’habitude, il faut y aller avec beaucoup de concentration, de rigueur, de discipline dans l’approche et plus de précision ans ce qui est à faire.
Vous parlez de concentration. Est-ce que le regroupement à saly a pu jouer à ce niveau?
Oui, Je le pense. Le fait de se regrouper à Saly, dans un cadre spécialisé, nous a permis d’emmagasiner de l’énergie, et surtout de l’énergie nerveuse. Et c’est important dans une compétition d’avoir cette fraîcheur nerveuse. Cela permet d’éviter de trop se stresser et de subir la pression.
Est-ce à dire que vous allez y retourner?
Est-ce que nous allons y retourner? Absolument! Où on irait ? Si on change, ce serait pour qui et pour où? On est à Saly. Surtout qu’on n’a pas beaucoup de solutions de rechange.