KARIM EST UNE PATATE CHAUDE POUR L'ETAT
QUESTIONS A ME CIRE CLEDOR LY
A quelques heures de son vol pour Paris, Me Ciré Clédor Ly, un des conseils de Karim Wade, est revenu sur l’étape de Genève, l’implication de l’État sur le plan international et les propos de Me François Serres dans le dossier d’Hissen Habré.
L’As : Pouvez-vous expliquer à l’opinion de quoi il s’agit pour l’étape de Genève ?
Me CIré CLédor LY : L’Etat a un problème, car il cherche une révision de l’avis du Groupe de travail, c'est dire que la décision de la Cour Suprême aggrave la détention arbitraire qui, juridiquement, devient un crime de séquestration qui engage la responsabilité pénale de tous ceux qui pouvaient y mettre fin, y compris le chef de l’Etat et les magistrats. Voilà ce qui fait courir l’Etat. L’affaire Karim Wade est une patate incandescente et indigeste pour l’Etat.
Les avocats de l’etat du sénégal étaient quasiment absents à la Cour de justice de la Cedeao et devant le Groupe de travail de l’onu. Là, ils semblent d’attaque pour Genève, quelle interprétation en faites vous ?
C’est contradictoire qu’ils soutiennent que l’avis du Groupe de travail n’est pas contraignant ni obligatoire et qu’ils peinent autant à chercher à changer la décision en leur faveur. Cela prouve que l’Etat ne peut se réfugier derrière sa souveraineté et banaliser ses engagements internationaux. L’Onu ne joue pas. C’est triste et grave pour la citoyenneté internationale de cultiver dans l’esprit d’un peuple le mépris des décisions rendues par les juridictions nationales ou internationales. L’Etat sait que l’avis est contraignant et trouvera le moyen de l’exécuter en sauvant la face alors que la Cour Suprême était la porte de sortie
la plus honorable.
Qu’est ce qui se passe dans l’affaire Habré où votre constitution est en train de susciter des vagues?
Mon honorable confrère a répandu dans un journal de la place des calomnies et méchancetés incompréhensibles sur ma personne. J’ai été très surpris par les fausses allégations distillées par mon confrère François Serres à mon endroit à la suite de l’interview qu’il a accordée au journal Rewmi le 27 juillet 2015. Interview au cours de laquelle il affirme péremptoirement que j’ai tout fait auprès du Président Habré pour qu’il me remette le dossier, et que ce dernier aurait toujours refusé de le faire.
Avant l’audience, j’ai eu à accorder une interview à vos confrères pour donner un avis personnel sur le procès. J‘expliquais que le procès n’était qu’un cirque organisé par l’impérialisme occidental et américain de concert avec les compradores qui tentent vainement et avec frénésie d’enterrer la dernière leçon d’histoire de l’Afrique nationaliste et antihégémoniste enseignée par le président Habré qui incarnait le patriotisme africain ; ce procès est par ailleurs une arnaque juridique organisée sur la base d’une science qui ne permettait pas l’organisation d’un procès équitable. C’est cela qui aurait fâché le Président Habré au point (qu’ayant reconnu ma voix, selon François serres), qu’il eût voulu me faire passer un mauvais quart d’heure s’il n’avait pas été retenu ?
Je ne pense pas que le Président Habré qui a une très grande sympathie et considération pour moi et qui sait la fraternité sincère que je lui porte, ait eu à dire à Me Serres que je faisais des pieds et des mains pour revenir dans le dossier. Personne n’ignore que je lui rends des visites ainsi qu’à sa famille qui me voue une très grande estime et me considère comme l’un des leurs, et il a été dommage qu’au moment de son arrestation arbitraire, car n’étant justifié par aucune règle de procédure soutenable, que je n’ai pas été présent sur le territoire national, car étant en cette période à l’étranger. Enfin, c’est manquer d’intelligence que de penser, comme le soutient François Serres, que j’étais pressenti par les Chambres africaines pour une Commission d’office. J’espère qu’il n’a pas raconté des contrevérités et ce genre d’inepties au Président Habré pour casser les liens fraternels qui me lient avec ce dernier et qui vont au delà de ce procès. Pour la publicité alléguée en mon endroit, je précise à François Serres que je ne sors pas de nulle part et ne court ni l’Europe ni l’Afrique pour faire fortune ou chercher un nom. Je ne suis pas non plus un renifleur de sang en robe noire comme on en disserte sur certains à l’international.