''KARIM ME REPROCHAIT DE NE PAS ÊTRE DANS LA QUOTIDIENNETÉ DE CD MÉDIA''
LE JOURNALISTE CHEIKH DIALLO DEVANT LA BARRE
QUESTIONS DE LA DÉFENSE
Avez-vous un lien parental avec Abdoulaye Wade ?
Je n’ai aucun lien avec Abdoulaye Wade.
Qui a défini la ligne éditoriale du journal Le Pays au quotidien ? Est-ce vous ?
La ligne éditoriale était définie par l’administration, notamment Mamadou Diop, qui en était l’administrateur.
Selon vous, est-ce que Karim s’est enrichi avec Cd média ?
Karim a perdu beaucoup plus qu’il a investi dans ce journal ; c’est plus de dépenses que de bénéfices. Il ne s’est pas enrichi avec Cd médias ; au contraire, il s’est appauvri avec ce groupe. Quand bien même, il tenait à l’aventure.
Pouvez-vous revenir sur votre cursus scolaire ?
J’ai fait mes études primaires jusqu’à la terminale à Ouagadougou. Après le baccalauréat, je suis venu m’inscrire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar à la Faculté de droit et j’ai suspendu mes études en droit après la deuxième année en 2000 pour aller travailler au journal Le Matin. Ensuite, je suis allé au Cafard Libéré, puis au quotidien Le Soleil.
Expliquez-nous comment se sont construites vos relations avec Abdoulaye Wade et son fils Karim Wade. Comment avez-vous fait pour les approcher dans un premier temps et votre collaboration ?
Je ne les ai pas approchés. On s’est connu lors de la campagne de l’élection en 2000. Je faisais partie de l’équipe des journalistes qui suivaient le candidat Wade. J’étais au journal Le Soleil et chef du desk politique par intérim. Personne ne s’intéressait à lui, car les gens pensaient que c’était un candidat voué à l’échec.
Lors d’une conférence de presse qu’il avait organisée, j’ai posé une question qui avait retenu son attention, vu mon jeune âge, car j’étais le plus jeune des journalistes. Je l’ai marqué et il m’a invité à passer la journée avec lui.
C’est comme cela qu’on s’est approché, on a passé beaucoup de journées ensemble et j’ai beaucoup appris avec lui. Et c’est lui qui m’a appris à ne pas m’asseoir sur le couloir de la chaise.
Il m’a appris des choses et moi je lui rafraichissais la mémoire, car je lui apporte un point de vue plus jeune. Ces relations ont continué quand il est devenu président de la République. Les portes du Palais m’étaient ouvertes.
Un jour même, à l’occasion d’un voyage, j’ai eu l’opportunité de fêter avec l’équipe des journalistes et la délégation l’anniversaire du Président à quelques altitudes. J’ai même écrit un livre sur lui.
Pouvez-vous revenir sur vos relations avec Karim Meïssa Wade ?
Karim est pour moi un ami et un frère. Il m’a beaucoup aidé. C’est lui qui a payé mon billet d’avion pour la France et m’a aidé pour mon inscription à l’Ecole supérieure de journalisme de Paris.
Avez-vous été lié par un contrat de travail avec Karim Wade ?
C’est Karim qui m’a demandé de venir travailler avec lui quand il était à la tête de l’Anoci. Mais c’était sans un contrat de travail, il y avait seulement une décharge qu’il me faisait.
C’était en 2004. J’ai travaillé avec lui en qualité de conseiller en communication dans l’organisation du sommet de l’Oci jusqu’à la fin du sommet qui s’était tenu en 2008.
Ensuite, j’ai quitté en 2009 son ministère, car je ne sentais aucun challenge à relever. Mais j’ai continué à travailler pour lui en tant que conseiller personnel en communication pour lui, car l’image que la presse donnait de lui n’était pas bonne.
Après la défaite de l’élection (scrutin local de 2009), on a cherché à comprendre comment corriger cela et c’est ainsi qu’à germée l’idée de créer un journal pour polir son image.
Quand vous avez créé Cd médias vous avez été attributaire de 30% des actions de la part de Karim, les avez-vous acceptées sans ou sous réserve?
Oui, j’ai accepté les 30% de Cd médias sans réserve. Car dans l’immédiat, mon souci c’est- je vous l’ai déjà dit que Karim ait son journal pour polir son image qui était salie par la presse. Le but, c’était de défendre l’image de Karim. Donc, j’ai accepté sans réserve.
Aviez-vous la possibilité de dire non à Karim en ce moment ?
Oui, j’avais cette possibilité-là. Je peux dire non à tout, sauf à Dieu. Je voue un grand respect à Karim, mais je peux lui dire non.
Qui payait les salaires à Cd médias ?
Les salaires étaient reçus entre mes mains. C’est Victor Kantoussan (le garde du corps de Karim) qui me remettait l’argent et parfois, Karim lui-même lorsqu’il était dans le pays et moi je remettais l’argent à la comptabilité, qui payait les employés.
Quel est l’impact de Cd médias dans le patrimoine des 117 milliards de Karim Wade ?
Je ne connais rien de tout ce qui est financier. Je ne connais pas la valeur de Cd médias.
Avez-vous conscience que la venue de Abdoulaye Wade au pouvoir ait changé qualitativement votre vie ?
Oui, j’en ai absolument conscience, pendant presque 14 ans. J’avais un salaire de deux millions, puis un million quand j’étais au journal Le Pays au quotidien. Cela a changé qualitativement ma vie tout comme vous maître et beaucoup d’autres qui sont devenus des ministres dans le régime de Abdoulaye Wade.
Est-il vrai que vous avez failli démissionner ?
Oui, j’ai failli démissionner à deux reprises de Cd médias, car Karim lui-même me reprochait de ne pas être dans la quotidienneté de Cd médias. Mais c’est parce que je faisais confiance aux journalistes qui y travaillaient.
Confirmez-vous vos déclarations à l’enquête de la gendarmerie et à la Commission d’instruction disant que vous n’avez jamais assisté à une réunion du Conseil d’administration de Cd médias ?
Oui, je confirme. Je n’ai jamais assisté à une réunion du Conseil d’administration. Jamais, au plus grand jamais.
Pensez-vous que le procès- verbal qui contient vos déclarations remises à la justice est fiable ?
A part deux ou trois déclarations, car j’ai constaté des choses que je n’ai pas dites. Je pense que le reste du procès-verbal est fiable.
Avez-vous lu le procès-verbal que vous avez signé ?
Oui, je l’ai lu en diagonale. En fait, c’était contenu dans un cahier de 96 pages et c’est des écritures manuscrites qui ne sont pas forcément lisibles à mon niveau.
Y a-t-il des preuves écrites que Victor Tendeng vous remettait de l’argent ?
Il n’y a pas de preuves écrites, mais Victor Tendeng me remettait la masse salariale de temps en temps chargé par Karim Meïssa Wade. Moi je n’ai pas de preuves écrites. C’est Victor qui avait son reçu, mais ma preuve c’est que les salaires étaient payés.