KOGNOU DJAKA SANS EMPLOI NI AGRESSEUR
PARADOXE D’UN QUARTIER SOUS L’EMPRISE DU CHÔMAGE
Si Kognou djaka est considéré comme la localité la plus spirituelle de la ville sainte de Tivaouane, il s’ouvre, cependant, à l’évolution du temps et embrasse une modernité incarnée par sa jeunesse confrontée à un manque d’emplois accru.
A l’entrée d’une maison qui ouvre la ruelle, faisant face au «Zawiya de Seydi Hadj Malick Sy», se regroupent beaucoup de jeunes. Dans ce lieu, connu pour être le «grand place» des jeunes de l’Asc du quartier Kognou djaka, se retrouvent des élèves, des étudiants et des chômeurs. Leur quartier, à l’image de toute la ville de Tivaouane, abrite une vie paisible en dehors de la période du Gamou annuel qui fait converger des milliers de personnes à Tivaouane.
Le quotidien de ces jeunes du quartier Kognou djaka tourne autour de leur Asc Yaakaar. Mais l’espoir qui a fait naitre leur association semble être perdue pour ces jeunes. «L’année prochaine, si vous revenez ici, vous allez nous retrouver sur ce même lieu à ne rien faire.
En termes plus clair, nous n’avons aucune autre occupation que de nous regrouper ici à discuter et à prendre du thé. A Tivaoaune, le chômage est la chose la plus partagée par les jeunes. Notre seule activité, ce sont les navétane qui durent 3 mois. Après, c’est fini et on revient à la case de départ. Le matin, on s’entraine et puis on revient ici dans notre grand -place», se désole Matar Ndiaye, membre de l’Asc Yaakaar.
La plupart de ces jeunes qui ont choisi de rester à Tivaouane pour y travailler n’ont qu’une seule possibilité, renchérit son ami. «Ici, pour travailler et gagner sa vie, on ne peut être que conducteur de Moto Djakarta et tous les jeunes n’ont pas les mêmes opportunités d’en acheter.
La course, c’est 200 frs et si jamais, par malchance, on n’est pas en règle, les policiers vous font payer 6000 francs», renseigne Mouhamadou Moustapha Diatta. Au nom de la solidarité, la dépense quotidienne de pères de famille assurée Toutefois, les jeunes du quartier de Kognou djaka se plaisent bien dans leur localité et la vie paisible qu’ils y mènent. Malgré le chômage et l’oisiveté, il est très rare, voire impossible, de noter certaines dérives qu’on voit dans les autres villes.
«Si on n’est pas trop découragé au point de nous lancer dans le vagabondage, c’est parce que nous vivons dans un quartier religieux. Nous, tous, qui sommes là, avons fréquenté l’école coranique et on nous a inculqué les bonnes valeurs», affirme Matar Ndiaye. Comme pour confirmer les propos se son ami, Mouhamadou Moustapha Diatta rassure: «Jamais, vous n’entendrez des cas d’agression dans ce quartier».
Les jeunes de Kognou djaka, qui n’ont aucun espoir pour leur avenir, se retrouvent, toutefois, dans l’esprit de ce quartier historique et religieux. «Dans ce quartier, il y a l’entraide et la solidarité, on est bien accueilli dans n’importe quelle maison comme chez soi. Et puis ce quartier, s’il continue à prospérer, c’est grâce à la bénédiction de Seydi Hadj Malick Sy et puis on y vit les valeurs de la tarikha, c’est cela notre chance», ajoute Cheikhouna Mbaye.
La ville de Tivaouane, particulièrement Kognou djaka, est aussi un quartier entretenu par la famille maraboutique de Tivaouane. «A Tivaouane, il y a beaucoup de Daaras et ce sont les marabouts qui donnent à manger aux talibés et, parfois même, ils donnent la dépense quotidienne aux pères de famille», explique le jeune Cheikhouna Mbaye. Ces jeunes appellent toutefois les natifs du quartier Kognou djaka à participer à l’essor de leur localité.
«Dans ce quartier, il n’y a pas de bonnes volontés qui aident les jeunes à décoller. En plus, ce qui me fait plus mal, il y a beaucoup de gens très connus, qui ont des moyens, qui se glorifient d’être nés dans ce quartier, mais en retour, ils n’ont rien fait pour le rayonnement de ce quartier»,fustige Matar Ndiaye, président de la commission sportive de l’Asc Yakaar