LA COOPTATION : UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT
PAR MOHAMED SY
Au Sénégal, l’administration du sport est une prérogative de l’Etat, une mission de service public et, les fédérations sportives tirent leur légitimité et leur reconnaissance des pouvoirs que leur délègue la tutelle qui a, par ailleurs, la latitude de les retirer chaque fois qu’elle en juge la nécessité.
Dans le cadre de la mise en œuvre de leurs activités, les fédérations sportives ont cette mission de rechercher des moyens additionnels par le biais de la sponsorisation, du mécénat et des fruits de la coopération internationale afin de mener à bien leurs programmes de développement, de financer les compétitions nationales et de vulgariser la pratique de la discipline sur l’étendue du territoire national.
Dans un autre niveau, l’Etat, par le biais du ministère des Sports, finance les compétitions internationales, supporte les émoluments de l’encadrement des Equipes nationales, prend en charge la formation des entraîneurs, construit et réhabilite les infrastructures sportives et paye les dettes et amendes dues aux instances internationales.
Toutes ces actions combinées de l’Etat confèrent à la tutelle, ce droit de regard sur le fonctionnement et la gestion de nos fédérations et, ceci se fait par l’intermédiaire de la cooptation.
En effet, des personnes dites ressources sont nommées par le ministre des Sports pour intégrer le Comité directeur fédéral. Cette nomination les permet de participer ainsi, de facto, à l’élection du bureau.
La cooptation est répandue dans certaines fédérations et le basket n’est pas en reste. Elle est devenue la porte d’entrée de certaines personnes pour intégrer les instances fédérales et, elle est même devenue, depuis un certain temps, un raccourci pour accéder à des postes de responsabilité.
En effet, c’est la voie par laquelle certains dirigeants sont passés pour être élus à la présidence d’une fédération. Les exemples sont nombreux.
Que ce soit au basket ou dans d’autres fédérations, ce contournement de la volonté du mouvement associatif commence à faire jaser plus d’un car, il est souvent utilisé comme moyen rapide et efficace pour accéder à la tête des instances fédérales, sans aucune connaissance de base du mouvement associatif ou des textes. D’où mon invite aux candidats à la future fédération d’intégrer les structures de base : les clubs ou centres de basket.
Ma grande question également est de savoir pourquoi les cooptés ne s’impliquent pas, pour la plupart, dans les activités quotidiennes des fédérations après la mise en place du bureau.
C’est à croire qu’ils devraient être là comme une force électorale alors qu’ils sont censés mettre leurs compétences au service de l’instance fédérale en leur qualité de personnes ressources.
Vous conviendrez avec moi qu’au regard de tous ces avantages et inconvénients susmentionnés, il apparaît que la cooptation doit être étudiée dans le dessein de statuer sur sa suppression ou son maintien. Afin de sauvegarder cette relation entre la tutelle et les instances fédérales, elle doit être aussi, en cas de maintien, mieux organisée.
Elle ne devrait point constituer les germes d’un conflit interne au sein d’une fédération opposant de manière farouche cooptés et élus pour des ambitions et des intérêts personnels.
Ne perdons pas de vue que la cooptation, dans certains cas, fait cohabiter des personnes originellement sans affinités, ce qui souvent fait naître des clans au sein de l’instance fédérale.
Dès à présent il nous incombe de nous interroger sur la stratégie que la tutelle, le Cnbs et les différentes composantes du basket devraient adopter, si la cooptation est maintenue, pour accorder leurs violons en vue de mieux l’encadrer et instaurer un cadre de référence pour sa bonne application dans nos fédérations.