LA FRANCE SE LANCE DANS LA NUMERISATION DES ARCHIVES DE L’AOF…
CONSERVATION ET ACCESSIBILITE DU PATRIMOINE HISTORIQUE
La France s’est engagée en partenariat avec les Archives nationales du Sénégal à la numérisation des archives de l’Afrique occidentale française (Aof). Trois experts du service interministériel des archives de France se sont, pendant 5 jours, rendus aux archives du Sénégal dans le cadre d’un accord bilatéral de coopération signé entre les archives de France et les archives nationales du Sénégal. Les deux administrations ont prévu de travailler ensemble sur le projet «Mémoire partagée des archives de l’ancienne Aof» en s’appuyant sur leurs fonds historiques.
En effet, les archives nationales du Sénégal sont dépositaires depuis l'indépendance de toutes les archives centrales du gouvernement de l'ex Afrique occidentale française (Aof), restées à Dakar. Une partie de ce riche patrimoine conservé à Dakar, soit un peu plus d’un kilomètre, a déjà été transférée
sur microfilms (Ndlr : Support de sauvegarde d’informations) conservés au Centre national du microfilm et de la numérisation en France. Le reste des archives, soit près de deux kilomètres, n'a fait jusqu’ici l'objet d'aucune technique de reproduction.
Cependant, afin que ce patrimoine soit accessible à tous, tout en évitant la dégradation des supports matériels, la France se propose, en collaboration avec le Sénégal, de présenter un projet de numérisation de ces 2 km d’archives restants.
«L’avenir est à la numérisation», déclare Benoît Van Reeth, directeur des archives nationales d’Outre-mer avant d’indiquer qu’ «un document d’archive est fragile. La manipulation entraîne à chaque fois la dégradation du support». C’est pourquoi, fait savoir M. Van Reeth, «la France a envoyé une mission qui a pour but de mettre en place les conditions de donner encore plus une chance de durée, de rayonnement à ce fonds important pour l’Aof».
…UN PROJET LOURD HUMAINEMENT, TECHNIQUEMENT ET FINANCIEREMENT
«Ce que nous faisons depuis lundi c’est de nous assurer de la présence physique des documents et leur état de conservation. Ce qui a été déclaré comme faisant partie des archives de l’Aof à la fin des années 50 est toujours sur place. Le fonds entier est communicable physiquement», renseigne l’archiviste. M. Van Reeth de souligner qu’au terme de leur travail, un rapport sera fait sur la faisabilité technique du projet. «Il y aura un appel d’offres international indiquant dans le cahier des charges que l’entreprise qui soumissionne devra nous démontrer qu’elle est capable d’envoyer des équipes ou d’encadrer des équipes sénégalaises sur place pour garantir l’achèvement des travaux», affirme M. Van Reeth. Mais, indique ce dernier, tout cela deviendra effectif que lorsque les fonds financiers nécessaires seront réunis pour couvrir cette opération. «Ce projet est lourd humainement, techniquement et financièrement. L’opération va coûter très cher. Nous ne nous interdisons aucune source de financement», dit-il.
Par ailleurs, selon M. Van Reeth, l’ensemble du fonds d’archives de l’Aof sera diffusé sur internet dans deux ans. Sur ce, il souligne que ce ne seront mises en ligne que des archives communicables aux yeux de la loi. «Tout ce que les archives du Sénégal auraient considéré comme n’étant pas communicable parce que la loi des archives au Sénégal l’interdit, ça ne sera pas mis en ligne immédiatement», assure l’archiviste.