L'AVENIR DU BASKET
L'intérêt de toute élection est dans le futur qu'elle ouvre. Dans la ferveur qui accompagne l'élu, il faut que les élans soient tournés vers des lendemains qui se réinventent
Il n'y a pas de regrets à nourrir. La manière dont la succession du Comité de normalisation du basket sénégalais se dessine, traduit simplement l'expression démocratique au sein d'un mouvement qui étale ses contradictions. Tant que tout cela s'exprime dans une saine attitude qui laisse intacte l'éthique sportive, rien à dire.
Il fut sans doute un temps où tout cela se serait géré en "famille", comme on le souligne dans le vieux milieu du basket. Les douces continuités et les transitions passerelles qui faisaient de cette discipline un landernau paisible, où tout se réglait dans les salons de grosses personnalités, sont d'une autre époque. Ces derniers dirigeaient en bons "pères de famille", arrondissaient les angles plus qu'ils ne tranchaient, finissant par rassembler leur petit monde autour de "l'essentiel".
Le vote était une formalité, l'élection d'un bureau coulait de source. Jusqu'en mars 2002, avec l'élection de Dibocor Sène, les dirigeants du basket se succédaient en surfant sur l'écume lisse des vagues.
Depuis quelque trois mois donc que le monde du basket se déchire dans la recherche d'un président, on se doute fort qu'il en est qui regrettent le temps des successions lisses qu'on accouchait dans les couloirs.
Il fallait bien en arriver-là. Les heurts et les convulsions qui agitent la famille du basket expriment des réalités dont l'affichage est une forme de thérapie. Il est bon que les ambitions s'expriment dans leur antagonisme, que ce qui divise s'exprime et que les lignes de fracture deviennent apparentes.
L'expression démocratique est partout exigence, le basket sénégalais ne peut en faire l'économie. S'exposer à la sanction de ses pairs permet au vainqueur de tracer une ligne d'action, normer ses conduites futures, lutter pour la satisfaction de ses engagements, agir à partir de repères bien définis et demain, à l'heure des comptes, répondre de ses engagements.
L'intérêt des échanges entre Mathieu Faye et Babacar Ndiaye n'est pas ailleurs que dans la force des convictions qu'ils expriment, dans la capacité qu'ils ont de convaincre, mais surtout dans l'écoute intelligente qu'en feront les votants du basket.
Comme dans la plupart des élections d'instances, on pense aux "couloirdeurs" et aux gros bras, aux porteurs de motion d'ordre et aux trafiquants d'influence… On pense à cette faune qui peut user d'intelligence ou de violence pour parasiter toute élection, décourager et dégouter de tout vote.
La Fédération sénégalaise de basket va vers un weekend difficile, mais excitant. On l'anticipe dans ces termes en raison des discours entendus ici et là, en raison des hostilités qui surnagent dans les replis des propos. Il n'aurait pu en être autrement. C'est une élection, pas une banale partie de cartes.
Les oppositions peuvent être rudes, les lignes de démarcation profondes, car tout est dur dans une compétition où la volonté de gagner repose sur des ambitions qu'on estime solides, sur la conviction que les chants glorieux sont prêts à monter pour baliser l'ascension vers les cieux.
L'intérêt de toute élection est dans le futur qu'elle ouvre. Quand elle repose sur la transparence, la justesse et l'équité, les inégalités qui sortent des urnes pour exprimer la volonté populaire n'appellent que respect. C'est la force du choix démocratique qui s'impose. L'avenir tel que voulu et décidé par la majorité est alors à respecter.
Dans la ferveur qui accompagne l'élu, il faut que les élans soient tournés vers des lendemains qui se réinventent. Il ne devrait y avoir de continuité que dans la conduite des affaires courantes, comme cette saison à finir, ces compétitions africaines qu'il faudrait mener à bien. Le reste repose sur des politiques de changement devant pousser le basket à faire éclater le triangle du Sénégal signifiant, entre Dakar, Saint-Louis et Thiès.
Relancer le mini-basket, redynamiser l'Uassu, mettre en place une échelle de progression vers les clubs, renforcer ces derniers et mener la bataille pour les infrastructures sont d'autres impératifs…
Le plus dur n'est pas de dessiner l'avenir du basket. Ce sera de le mettre en musique.
T. KASSÉ
(à Ndjaména)
Ps : On ne peut parler de ces élections, sans évoquer l'éviction de Baba Tandian. Sa candidature a été rejetée sur la base des nouveaux textes de l'instance fédérale. Il aurait dû s'y attendre, tout au long de sa campagne électorale. Il aurait été illogique, après que sa destitution a été orchestrée par l'Etat, suite à la fraude sur l'âge des "Lionceaux" pour gagner les championnats d'Afrique U18 filles et garçons, voir cette même puissance publique le regarder revenir par la grande porte un an et demi plus tard…