LE CHOIX DES HOMMES, GAGE DE RÉUSSITE
Le Président Macky Sall a nommé un nouveau Premier ministre et des ministres qui conduiront certaine- ment les affaires de l’Etat jusqu’aux prochaines échéances électorales de 2017.
Au regard des choix opérés sur les hommes et des compétences qui leur sont dévolues, il est permis d’espérer que le Président a enfin identifié tous les leviers sur lesquels devront désormais s’appuyer les activités gouvernementales.
Qu’il s’agisse du Plan Sénégal émergent qui est piloté par un homme d’une expérience avérée dans le domaine de l’organisation et de la méthode, du ministre du Travail, du ministre de la Fonction publique ou de celui de la Justice, les personnes choisies le sont grâce à leur profil et leur expertise pour atteindre les objectifs.
Le Pse est à mes yeux la rampe de lancement déjà mise en place, ayant déjà mobilisé des moyens colossaux, des études et des débuts d’exécution déjà visibles.
L’unanimité de sa pertinence et la mobilisation exceptionnelle de son financement laissent augurer un renouveau économique sur tous les plans.
En réalisant avec même 70% des projets composant le Pse, le Sénégal se dotera d’un potentiel sans précédent pour son développement économique et social. Nous avons aujourd’hui la certitude que c’est un programme réalisable.
Il s’agissait pour le réussir de choisir comme pilote, un grand commis de l’Etat dont il connaît déjà la compétence et l’intégrité.
Le choix du ministre de la Justice lui aussi et son maintien dans le gouvernement est la preuve que le Président veut non seulement approfondir notre Etat de droit, mais aussi s’attaquer à la réforme des institutions, un projet majeur dans la vie de notre démocratie. L’actuel ministre de la Justice, avocat émérite, est connu pour les responsabilités qu’il a assumées avec beaucoup de réussite pour le respect des droits de l’Homme.
Ce projet de révision de nos institutions, qui a fait l’objet d’un document très élaboré par des hommes d’honneur et de valeur, devrait bientôt être examiné par le gouvernement et nul doute qu’hormis les deux propositions sur le Conseil supérieur de la magistrature et la question sur la présidence de son parti, le chef de l’Etat pourrait accepter toutes les autres.
Quant à la réduction de son mandat, la décision me semble irrévocable et le Peuple pourrait être naturellement consulté le moment venu pour contourner les quelques dissonances notées çà et là chez quelques caciques de l’Apr, un référendum organisé en cas de besoin.
L’argument du coût de cette consultation ne saurait être brandi en comparaison des élections locales pourtant organisées malgré le montant exorbitant. Contrairement à ce que soutiennent certains de l’opposition, le Président sait où il va et les objectifs pour mériter d’être réélu en 2017.
Je voudrais maintenant souligner la nouvelle décision du gouvernement pour impulser la création d’emplois, et qui ont conduit à l’éclatement de l’ancien ministère de la Fonction publique et du travail en deux entités, confiées a deux personnes ayant déjà prouvé leurs compétences, leur ouverture d’esprit et leur dévouement.
Le ministre du Travail est un éducateur de formation, attaché à la lutte syndicale que nous avons partagée dans les années 80, quand des camarades du Sudes avaient été suspendus pour fait de grève et qu’il fallait leur allouer une part importante de nos maigres salaires de misère durant une année.
Il a conduit récemment avec bonheur des négociations syndicales de travailleurs des secteurs aussi sensibles que ceux du nettoiement, de la santé, du transport, etc. Son maintien dans le dialogue social confirme qu’il peut encore jouer un rôle dans l’apaisement du climat dans les entreprises.
Les syndicalistes que nous sommes, tous devons nous convaincre que les négociations doivent toujours précéder les grèves qui, pour être justes, doivent éviter des revendications abusives et financièrement inaccessibles.
Pour ce qui concerne le second, ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, il faut saluer le choix porté sur un cadre de l’Administration centrale, dont la valeur a été récompensée par sa nomination comme première femme préfet puis gouverneur, malgré sa relative jeunesse.
Elle aura la lourde charge de recoller les morceaux des dispositions de la loi 61-33 du 15 juin 1961 modifiée, dont la substance a été vidée par de nombreuses modifications aussi discriminatoires qu’injustes. Cette loi avait été prise au lendemain de notre indépendance, et elle avait défini la qualité du fonctionnaire, en créant cinq (5) hiérarchies qui sont les suivantes :
A A Spécial A1 A2 A3 B B1 B2 B3 B4 C C1 C2 C3 D D1 D2 D3 E (qui est aujourd’hui en extinction).
Toutes ces hiérarchies ont le même mode d’avancement et comprennent 5 grades et 8 échelons et correspondent à un niveau d’études.
Je ne voudrais pas m’attarder sur les obligations, la position, et les droits du fonctionnaire. Mais je voudrais cependant relever comme bon nombre d’observateurs avertis que cette loi a été malmenée, dépouillée par un régime qui avait des comptes à rendre avec l’Administration en général à laquelle il accordait peu de crédibilité. Beaucoup de nouvelles indemnités ont été octroyées à des corps qu’il voulait domestiquer pour une assise encore plus forte de son pouvoir.
Des recrutements clientélistes de contractuels ont largement essaimé les effectifs de la fonction publique, ce qui a perturbé et réduit l’engagement de plusieurs postulants.
Il est aujourd’hui urgent de faire un audit non par des agents de la fonction publique comme l’an dernier, mais celui des fonctionnaires, des décisionnaires et des agents contractuels. La confusion devrait être levée pour que chaque employé de l’Etat sache à quel régime administratif il appartient. Car les contractuels et les décisionnaires ignorent leur statut d’agents révocables sans conséquences de la part de l’Etat qui les emploie.
Il y a lieu aussi de réhabiliter les écoles nationales de formation en maintenant le concours à l’entrée avec des effectifs déjà programmés, exprimés par les services employeurs. La situation actuelle de ces écoles qui forment sans garantie de l’emploi devrait être dépassée, car le contrôle des effectifs et le renouveau du service public passent nécessairement par la maîtrise encore plus poussée des besoins de l’Etat et les exigences du développement.
En somme, il s’agira de redorer le blason de notre Administration publique certes, mais aussi et surtout d’une fonction publique de développement. Le renouveau du service public constitue à lui seul tout un programme qui exige des agents un sursaut permanent et pour les chefs, des qualités managériales exceptionnelles, en plus de leur formation pointue dans leur domaine de compétences.
Le nouveau gouvernement, le troisième du Président, me semble plus apte à réussir les objectifs qu’il s’est fixé en vue d’un Sénégal émergent et il a trouvé aujourd’hui à mon sens la vitesse de croisière et l’accélération nécessaires pour réussir.