LE GANGSTÉRISME PREND DES MUSCLES À YOFF
RÉCURRENCE DES CAMBRIOLAGES ET DU GRAND BANDITISME
Yoff sort de plus en plus de son calme et de sa sécurité légendaires à cause des cas de cambriolages devenus monnaie courante, mais également du grand banditisme, ponctué par des braquages, entre autres délits. Le village, qui a la particularité d’abriter beaucoup d’étrangers, est même secoué, ces dernières semaines, par une histoire de kidnapping d’un homme d’origine suisse et de sa copine sénégalaise, après qu’il a fait l’objet d’une «escroquerie portant sur plus de 12 millions de francs Cfa».
Le village traditionnel de Yoff et ses environs perd progressivement sa légendaire réputation de zone calme et gite préféré de touristes et autres Africains de l’Ouest.
Depuis quelque temps en effet, les cambriolages sont monnaie courante, surtout au niveau des cités Apecsy et un peu vers les foires nord et sud. Il nous est revenu que la Brigade de gendarmerie de la Foire enregistre plusieurs cas de cambriolages par jour, ce que nous avons pu constater sur place.
Parallèlement à ces cas de vol et même des braquages au grand jour, Le Quotidien relatait, il y a deux ans maintenant, le meurtre d’un nommé Vieux Diakhaté à Yoff. Meurtre dont l’auteur, formellement identifié, demeure pourtant libre, au grand dam de la famille éplorée qui attend désespérément que la Justice fasse son travail.
Un Suisse embastillé chez lui à Apecsy et dépouillé de 12 millions
Il y a deux mois, un Suisse du nom de Dominique Cools a été dépouillé de ses biens par un groupe de lutteurs chez lui à Apecsy, après avoir été embastillé, lui et sa copine sénégalaise. La victime s’est résolue à narrer sa mésaventure au journal Le Quotidien après, dit-il, avoir constaté que son «agresseur» bénéficie de «soutiens de taille au niveau de la Justice».
Il dit en être convaincu, suite à sa plainte à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Selon Cools, un des gendarmes, qui l’a confronté avec son présumé agresseur du nom de Abdou Aziz Guèye, après avoir entendu tous les témoins, l’a malgré tout dissuadé de le poursuivre, pour la bonne et simple raison qu’il est protégé en haut lieu.
Le Suisse est manifestement surpris dans la mesure où, dit-il, le délit est établi et les témoignages, dont ceux de son ex-copine, sont concordants et accablants.
«Par principe, j’ai décidé de mener le combat pour ne pas laisser prospérer le grand banditisme à Dakar. Je suis là en train de vous raconter mes mésaventures, mais sachez que beaucoup d’Européens basés ici à Yoff et ses environs subissent les mêmes injustices, mais ont choisi de garder le silence», indique Cools accompagné de son épouse sénégalaise, qu’il a mariée entre-temps et d’un autre de ses amis.
En détail, il raconte que le sieur Guèye l’a accueilli à Apecsy, quand il venait y chercher un appartement. D’abord, regrette-t-il, il a «naïvement» cru à l’histoire du gars, qui lui assurait que l’immeuble lui appartenait, ensuite il dit se laisser aller quand le bonhomme lui a proposé de mettre sur pied une entreprise et enfin, il reconnait n’avoir pas su être ferme, quand Guèye abusait de son argent. «Aziz Guèye m’a escroqué en tout et pour tout, 12 millions de francs Cfa», gémit Dominique Cools.
Son présumé agresseur «est sous le coup d’un mandat d’arrêt»
Il dit avoir «tardivement» découvert le pot-aux-roses, raison de sa «subite intransigeance» à l’endroit de son «associé». Mais, explique-t-il encore, celui-ci est devenu «violent» avec lui et lui «demande de l’argent par force».
Ce qu’il dit avoir refusé. Un refus qui lui a valu «la visite de trois lutteurs» chez lui aux alentours de 20 heures. Seulement, précise-t-il, l’un des lutteurs qui l’a reconnu dans un bar de Dakar, a désisté au moment de le passer à tabac, lui et sa copine.
Seuls les deux autres ont commis l’agression, avant de lui subtiliser «tous (ses) biens de valeur», en présence du «commanditaire Abdou Aziz Guèye». Même, se lamente-t-il, le vigile en poste au bas de l’immeuble est resté de marbre face à ses ennuis.
Cools, qui revendique une certaine témérité et surtout un «courage» face à des brigands du «genre de Guèye», s’est par la suite attaché les services d’un avocat qui, après lui avoir fait miroiter «un succès devant les juges», l’a lâché pour la même raison invoquée par un gendarme plus haut.
Son actuel avocat du nom de Me Kalidou Sèye, fils du défunt juge Me Babacar Sèye, a lui «accepté de mener ce combat jusqu’à son terme». C’est lui d’ailleurs, qui l’a informé de la décision du Tribunal de lancer un mandat d’arrêt contre Abdou Aziz Guèye. Sauf que celui- ci est toujours en liberté et poursuit ses «activités en tant que chef d’entreprise».
Abdou Aziz Guèye : «Moi voleur ?»
Joint par téléphone mardi dernier, Guèye rigolait des accusations portées sur lui, avant de promettre de passer au journal Le Quotidien, le vendredi parce que n’ayant le temps ni pour mercredi ni pour jeudi. Mais, il est resté injoignable le vendredi.
C’est finalement hier dimanche, qu’il nous a livré, par téléphone, sa part de vérité dans cette affaire : «Je ne veux pas répondre à ce monsieur, je n’ai pas son temps. Il est en train de courir après les journalistes, pour leur raconter cette histoire cousue de fil blanc.
Tout ce qu’il a dit est archi-faux ! Moi, je suis un chef d’entreprise avec plus de 40 employés, qui a d’autres chats à fouetter plutôt que de m’attarder sur ses accusations...(...) Moi voleur ? Cet homme raconte des histoires. C’est moi qui l’avais hébergé dans mon appartement, mais j’ai fini par le mettre dehors, parce qu’il n’avait plus de quoi payer (...)
C’est aussi des mensonges s’il dit que je fais l’objet d’un mandat d’arrêt. Je suis bien à Dakar même si j’ai voyagé à deux reprises durant ce mois. C’est moi d’ailleurs, qui devais porter plainte, pas lui.»