LE GÂCHIS BURKINABÈ
En l'absence du Nigeria, champion en titre, les "Etalons" avaient un statut à défendre dans cette Can, même si leur phase de qualifications n'a pas été brillante
La Can-2015, qui a bouclé son premier tour, a produit un effet insolite. Le premier panier des retours à la maison, d'habitude rempli de "petits poucets", ces qualifiés historiques, comme naguère le Niger, la Sierra Leone, le Liberia en pleine guerre, a cette fois-ci emporté de vrais outsiders : un ancien vainqueur, la Zambie, et un vice champion, le Burkina Faso. En plus de deux quarts de finalistes, le Gabon et le Cap-Vert.
Dans ce lot inhabituel, le cas burkinabé paraît des plus étonnants avec sa dernière place dans le groupe A, le plus jouable de cette compétition. Il y a deux ans, les "Etalons" avaient été premiers de leur poule, devançant le Nigeria, la Zambie et l'Ethiopie. Ils avaient surtout été vainqueurs du Ghana en demi-finales, pour ensuite s’incliner devant le Nigeria en finale sur le plus petit écart (1-0). On se rappelle que Pitroipa avait été élu meilleur joueur du tournoi.
En l'absence du Nigeria, champion en titre, les "Etalons" avaient un statut à défendre dans cette Can, même si leur phase de qualifications n'a pas été brillante. Battus par le Gabon (2-0) qui l'a contraint au nul à domicile (1-1), ils n’avaient pas été meilleurs devant l’Angola.
Ces difficultés étaient comprises comme la conséquence des renflements de têtes couronnées, dont certains sont précipitamment allées chercher fortune ailleurs. Pitroipa est allé s'enfermer dans le club Al Jazira des Emirats, au moment où ses coéquipiers titulaires s'envolaient dans le désordre vers d’autres petits pays riches, mais au football discret. Kaboré le capitaine s’est retrouvé chez les Russes de Kuban, Nakoulima et Razak Traoré sont allés intégrer le football turc à Merzin et à Krakbuspor, tandis que Bancé s’est évaporé en Finlande avec Hjk Helsinki.
Avec en plus la méforme d’Alain Traoré, qui squatte le banc de Lorient depuis deux saisons, on mesure les difficultés affichées par les Burkinabè. Par contre, on a du mal à comprendre l'entraineur Paul Putt, en place depuis 2012, qui a insisté pour conserver son groupe de 2013, même diminué. Avant lui, Paulo Duarte, entre 2007 à 2012, avait semé de la bonne graine tels Zongo (Almeria), Traoré (Vitess Arnhem), Yago (Toulouse), etc.
En voulant maintenir son ossature quelque part sans vivacité, Putt porte sur ses épaules ce gâchis burkinabè.
L'Afrique est encore loin de sortir de ses incohérences et on pensait que nos "sorciers blancs" apporteraient les remèdes. Hélas, à l'image de Giresse et naguère de Kasperzack, Le Guen, Leroy, Nouzaret et autres encore, la fin des dérives n’a pas encore sonné.