LE KHALIFE GENERAL DES CHIITE « BLANCHI » PAR LE JUGE
PROCEDURE EN JUSTICE CONTRE CHEIKH ABDEL MONEM EL-ZEIN
Un blasphème. C’est le qualificatif qui convient dans l’acte posé par Hassan Ghais. Cet ingénieur d’origine libanaise avait servi une citation directe contre le Khalife Général des Chiites, Abdel Monem El-Zein l’accusant d’usurpation de fonction et faux en écritures publiques authentiques. Mal lui en a pris puisque la procédure s’est retournée contre lui. Il a été condamné par le juge à payer au Cheikh 20 millions de nos francs.
C’était presque un crime de lèsemajesté, ou plutôt un blasphème. Hassan Ghais a osé franchir le Rubicon en initiant une procédure en justice contre le chef suprême des Chiites Cheikh Abdoul Monem El Zein. Ingénieur d’origine Libanaise résidant en Guinée Conakry, Hassan Ghais avait traîné en justice le Président du haut Conseil Supérieur Chiite du Liban, Khalife Général des «Ahl-Al-Beit» et Président de l’Institution islamique sociale. Mais, mal lui en a pris.
Le 15 juillet dernier, le juge correctionnel l’a débouté de sa demande avant de relaxer Cheikh El Zein. Et, statuant à nouveau, en vertu de la demande reconventionnelle faite par les conseils du Cheikh, le juge l’a condamné à lui payer 20 millions de francs en réparation de son préjudice, pour abus de constitution de partie civile.
L’affaire a failli échapper à la presse. En juin de l’année 2013, Hassan Ghais avait servi une citation directe au Khalife des Chiites, le poursuivant pour usurpation de titres ou de fonctions et faux en écritures publiques authentiques. Il réclamait 300 millions de nos francs à titre de dommages et intérêts.
Dans le document dont L’As détient une copie, l’ingénieur accuse le Cheikh d’avoir prononcé son divorce d’avec son épouse Mariame Kahwaj sur le fondement de son statut de chef religieux. Le 3 mai 2013, le couple avait contracté un mariage civil à Dakar. C’est par la suite que des difficultés ont surgi dans le couple les conduisant au divorce. Selon l’ingénieur, en prononçant le divorce d’avec son épouse, le Cheikh a pris la place du juge, seul compétent pour le faire.
Comparaissant en qualité de prévenu, le Président du haut conseil supérieur Chiite s’était défendu, soutenant que le divorce s’est fait par consentement. Mieux, dans la pratique Chiite, le Khalife Général est compétent pour prononcer le divorce. Il s’est appuyé sur une attestation servie par l’ambassade du Liban.
Dans ledit document, l’ambassadeur du Liban mentionne que le Cheikh est «autorisé légalement de la part des autorités religieuses du Liban à procéder aux actes d’état civil tels que mariage et divorce». Il ajoute : «Par conséquent tout acte d’état civil entrepris par son Eminence Cheikh Abdel Monem El-Zein, est approuvé d’office par l’ambassade et par les autorités libanaises civiles et religieuses ». Le 15 juillet dernier le juge a «blanchi» le Cheikh.