''LE PLAN SÉNÉGAL ÉMERGENT EST AMBITIEUX ET BIEN ÉLABORÉ''
BINTOU DJIBO, COORDONNATEUR RESIDENT DU SYSTEME DES NATIONS UNIES ET REPRESENTANT RESIDENT DU PNUD
Le représentant résident du Pnud au Sénégal, par ailleurs, coordonnateur résident du système des Nations unies dans notre pays perçoit une réelle volonté des autorités sénégalaise de changer le cours des choses. Saluant l’avènement du Pse, Mme Djibo estime que de profondes réformes sont nécessaires à sa réussite. Dans cet entretien, elle se prononce entre autres, sur la menace terroriste au Sahel, la lutte contre Ebola, les actions des Nations unies en faveur de la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix.
La célébration de la jour- née des Nations unies intervient dans un contexte marqué par un grand déséquilibre. Comment les Nations unies peuvent-elles aider à réduire les inégalités ?
Le système des Nations unies avec tous ses démembrements œuvre, aujourd’hui, à réduire, les inégalités afin de préserver la paix et la sécurité dans le monde. Pour concrétiser cette approche, les Nations unies accompagnent les Etats dans tous les secteurs du développement durable. Il s’agit des secteurs sociaux tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, l’adaptation aux changements climatiques.
Quels sont les différents apports du système des Nations unies ?
Les agences du système des Nations unies interviennent principalement dans l’appui-conseil aux Etats, à travers la mise en oeuvre des politiques de développement des pays, dans l’appui aux communautés à la base à travers des projets et programmes.
Le partenariat en termes de renforcement des capacités avec la société civile et avec le secteur privé constituent également une priorité.
Que fait les Nations unies pour mieux ancrer la culture de la paix dans les espaces institutionnels (Etats, organisations sous régionale) et dans les couches populaires ?
Le premier élément, c’est la lutte contre la pauvreté. C’est la source de tous les problèmes. La lutte contre les inégalités pourrait être un fondement pour promouvoir la paix dans un pays. Les interventions tournent autour de l’éducation parce qu’un homme instruit comprend les dynamiques et évite d’aller sur un certain nombre de dérapages. Il y a aussi la santé, l’agriculture, etc.
Est-ce que les crispations identitaires autour des religions ne constituent-elle pas des freins au développement économique et social harmonieux ?
Les crispations autour de la religion peuvent mener à des catastrophes humanitaires et ainsi entraver le développement. Aujourd’hui, nous sommes témoins de certaines radicalisations qui affectent les populations et les poussent à se déplacer de leur zone d’origine vers d’autres zones. Cela touche à leur équilibre économique, leur sécurité.
L’Afrique de l’ouest fait face au terrorisme. Que font les Nations unies pour circonscrire et endiguer ce fléau ?
Les Nations unies ont pris différentes résolutions allant dans ce sens. Sans être exhaustif, je donnerais l’exemple du Mali où nous sommes intervenus pour apporter un appui afin que de pouvoir contenir les conflits armés.
Ce combat a été possible grâce à l’engagement des Nations unies, d’autres partenaires bilatéraux et évidemment à la mobilisation des pays africains. Dans le Sahel, les Nations unies ont mis en place une stratégie intégrée dont le fondement est la sécurité.
Autour de la sécurité, les Nations unies voient comment elles peuvent aider les pays à se développer du point de la gouvernance, de la résilience et autres.
Au-delà du terrorisme, l’Afrique de l’ouest fait face à un défi (Ebola) inattendu. Quels sont les mécanismes d’amortissement des Nations unies de ce facteur de récession ?
Les Nations unies viennent de mettre sur pied une mission spéciale pour combattre le virus. Ebola est aujourd’hui une menace planétaire. Cette mission est basée au Ghana et est représentée dans les trois pays affectés pour les accompagner à combattre le virus Ebola, à prendre en charge les cas,
à faire de la sensibilisation, de la prévention et de la préservation. Ce sont les cinq objectifs de la mission pour combattre cette maladie dans la sous région.
Au Sénégal un cas a été guéri grâce au plan de riposte du gouvernement, l’accompagnement de l’ensemble des partenaires particulièrement du système des Nations unies à travers l’Organisation mondiale de la santé. Cette organisation s’est beaucoup investie avec le ministère de la Santé pour pouvoir contrôler cette pandémie. Cette guérison est due également à l’expertise et à la mobilisation nationale. Le Sénégal est un cas d’école dans le monde.
Est-ce que les Nations unies n’ont pas tardé à apporter assistance aux pays affectés ?
On aurait dû réagir plus tôt, parce qu’il y avait des signaux. Mais il faut souligner que les Nations unies viennent en appui aux gouvernements qui sont les premiers concernés.
Si cette question avait été prise en charge au plan national comme il se devait, aujourd’hui, on n’en serait pas à ce niveau. Une fois que les Nations unies interviennent, cela signifie que quelque part, il y a faiblesse.
C’est dans cet esprit que la mission spéciale a été mise sur pied pour pouvoir garantir la paix et la sécurité dans le monde en ce qui concerne Ebola.
Quel regard jetez-vous sur l’état de la démocratie dans la sous région ?
Depuis les années 90, il y a beaucoup de progrès. Nous ne sommes plus au stade des coups d’Etat. Les pays s’inscrivent dans un processus démocratique.
La démocratie n’est plus seulement l’affaire des pays, les populations se sont approprié ce modèle. De plus en plus matures, ces populations sont plus exigeantes et cela aide à faire avancer la démocratie dans les différents pays. Cet éveil des consciences fera que les choses iront en s’améliorant.
La célébration de la journée des Nations unies intervient dans un contexte où l’on parle beaucoup du Plan Sénégal émergent. Quel est l’accompagnement du système des Nations unies à ce plan ?
Le système des Nations unies particulièrement le Pnud a accompagné le Plan Sénégal émergent. Le Pnud a accompagné le gouvernement dans la préparation et la tenue du groupe consultatif à Paris, qui a vu la participation des partenaires techniques et financiers et des investisseurs privés. Le Pnud a apporté un appui technique pour l’organisation de cette mobilisation des ressources.
Cela a été un succès et le système des Nations unies continue d’appuyer le gouvernement dans les différents secteurs prioritaires tels que l’agriculture, les bourses sociales, la couverture maladie universelle, l’élaboration des projets et le suivi, etc., qui sont des domaines dans lesquels les différentes agences des Nations unies accompagnent le gouvernement à les mettre en œuvre.
Le Plan Sénégal émergent est vaste (agriculture, infrastructures...). Il y a également l’habitat social où le système des Nations unies joue un rôle à travers Onu-habitat, en aidant à la conception et à la planification.
Le Sénégal n’est pas à son premier programme ambitieux. Quelles sont les conditions pour la réussite du Plan Sénégal émergent ?
Le Plan Sénégal émergent est ambitieux et bien élaboré. Mais sa réussite passe par un certain nombre de réformes. Si on veut réussir ce plan, il faudrait régler la question de l’énergie. Il y a également, entre autres, l’agriculture, le foncier.
La spécificité du Plan Sénégal émergent, c’est d’amener le secteur privé à investir au Sénégal. Cela passe nécessairement par une amélioration du climat des affaires. Donc, il y a une série de ré- formes à faire en accompagnement de ce plan pour qu’il soit une réussite.
Est-ce que le gouvernement est dans cette dynamique ?
Il est clair que le gouvernement est dans cette dynamique. Le mouvement dans les universités est dû en grande partie aux différentes réformes qui sont en train d’être faites dans l’enseignement supérieur pour pouvoir améliorer les conditions d’études et aboutir à des résultats. Ce sont des réformes nécessaires.
Pour l’énergie par exemple, on parle de mix énergétique sur lequel le gouvernement est en train de travailler pour pouvoir garantir de l’énergie à la population. L’énergie est un facteur important de développement.
On a besoin de l’énergie pour travailler, vivre. Elle est fondamentale et tous les moyens sont en train d’être mis en œuvre pour que cette question soit réglée.
Aux contacts du président Sall, comment appréciez- vous l’homme, son leadership ?
Il ne me revient pas d’évaluer ou de juger le leadership du président Sall. En revanche, je peux dire que c’est quelqu’un de très engagé, qui pense aux populations et qui veut transformer le Sénégal.
Le Plan Sénégal émergent est une déclinaison de cette ambition. Le président Sall tient également aux résultats et il fait tout pour que les résultats puissent être au rendez- vous au bénéfice des populations.
Sur le plan du leadership international, le 15e sommet de la Francophonie se tiendra à Dakar. C’est une marque de confiance de la communauté francophone à l’endroit du Sénégal. L’état d’avancement des travaux et la préparation augurent d’une réussite.