MULTIPLE PHOTOSLE ROI GARDE SA COURONNE
LUTTE BOMBARDIER / MODOU LÔ
Le lutteur Bombardier conserve sa couronne de roi des arènes après sa victoire sur Modou Lô, ce samedi, au stade Demba Diop, au bout de 7 minutes 45 secondes.
Chose promise, chose due ! Bombardier conserve son titre de "roi des arènes". Le leader de l'écurie Mbour a battu Modou Lô, ce samedi. Le "roc" des Parcelles Assainies n'a pas résisté aux assauts du "B52". Pour retirer la couronne à la Petite Côte, il faudra
repasser pour une autre tentative. Le leader de l'écurie Rock Energie est arrivé au stade Demba Diop très tôt, vers 13h. Il a fait son entrée dans l'enceinte du stade aux environs de 16h20, sous la clameur de ses supporters venus très nombreux. Son adversaire est entré 33 minutes après. Malheureusement, les chants de ses supporters se confondaient aux huées du camp opposé, sous l'œil vigilant des forces de l'ordre qui ont été intraitables.
Au coup de sifflet de l'arbitre, les deux lutteurs ont observé un round d'observation d'environ 1 minute 40. Jouant la carte de la prudence. Par moments, le lutteur de Mbour a fait des pas vers son adversaire. Ce dernier par contre gardait sa distance.
Modou Lô envoie Bombardier chez le docteur
Le temps de jauge a aussitôt été rompu quand Bombardier qui a essayé de prendre "Kharagne Lô". Il s'en est suivi un échange de coups de poing. Le lutteur des Parcelles Assainies est resté au contact de son adversaire malgré les coups de celui-ci. Malgré la différence de gabarit entre les deux protagonistes, le pensionnaire de l'écurie Rock Energie n'a pas baissé sa garde. Il a même réussi à toucher son vis-à-vis à l'œil gauche. Un crochet du gauche qui a envoyé Serigne Dia chez le médecin à la 5e minute du premier round.
L'ultime contact qui a perdu Modou Lô
La confiance avait fini par s'installer dans le camp des supporters de Modou Lô. Au retour dans l'enceinte, le Mbourois a continué sa marche sur son adversaire. Il y a eu par la suite un échange de coups. Sans hésiter, "Kharagne Lô" a voulu prendre les pieds de son adversaire qui est resté vigilant. Sa grande taille et son poids aidant, le B52 s'est appuyé de toutes ses forces sur le dos de son adversaire. Ce dernier, voulant se dégager par les côtés, a commis l'irréparable. En lutteur avisé, Bombardier l'a bien bloqué en tenant son pagne par derrière avant de le plaquer au sol. Il n'y avait rien à faire. Modou Lô s'est étalé sur tout le long de son corps, sous le regard hagard et triste de son staff.
Les Parcelles Assainies étaient prêtes pour le sacre
Dès que l'affiche Modou Lô / Bombardier a été ficelée, les supporters du roc des Parcelles Assainies n'ont pas caché leur ambition. Ces derniers n'avaient d'yeux que pour la couronne. Pour eux, c'était le tour de leur Kharagne Lô de goûter aux délices du titre de "roi" des arènes sénégalaises. Pour accompagner leur lutteur dans ce projet, ils ont sonné la mobilisation. Cet après-midi du 25 juillet, le stade Demba Diop avait été pris d'assaut par les Parcellois vêtus de T-shirt à l'effigie de Modou Lô. Comme à leurs habitudes, ils scandaient le nom de leur idole. Par contre, les Mbourois n'ont pas pu remplir l'autre moitié de la tribune découverte qui leur a été réservée. Leurs cris de soutien ont même étaient noyés par ceux du camp adverse.
Mais à la minute qui a suivi la chute de leur lutteur (19h26), les supporters des Parcelles Assainies ont sombré dans la torpeur. Cette fois-ci, la technicité et la vivacité du "roc" n'ont pas suffi face aux offensives du Bombardier de Mbour.
RÉACTIONS... RÉACTIONS... RÉACTIONS...
BOMBARDIER
"Si Yékini est prêt à lutter contre moi..."
"Tout le monde me taxait de bagarreur et ne voyait que ma force. Mon adversaire était reconnu fin technicien. Dans ce genre de combat, si ça s'était terminé par un K.-O., je n'aurais pas été satisfait. Car les gens diraient : 'comme il aime la bagarre, il l'a cogné et il est tombé'. C'est lorsque je terrasse mon adversaire par la lutte pure que je suis content.
"Je sais que Eumeu Sène pense à moi"
Pour la préparation de ce combat, j'ai fait un peu de musculation. Je faisais de la natation et du footing. Je savais que j'étais plus lourd que mon adversaire. Quand je l'ai pris dans mes bras, je m'attendais à ce qu'il prenne les flancs. J'ai attendu qu'il fasse une demi-flexion pour sortir ma main. J'ai tenu très fort son pagne pour le bloquer et je l'ai plaqué au sol. Je félicite mon adversaire. Il a vraiment lutté ce soir (samedi). Je vais continuer à faire plaisir pendant quelques années encore. A propos de Yékini, il faut que ce soit clair. Je n'ai jamais dit que je ne lutterai pas contre lui. C'est lui qui a déclaré qu'il ne lutterait plus contre moi. Je ne dis pas que je veux l'affronter. Mais lui, s'il est prêt, à tout moment, à lutter contre moi, je le ferai. Quant à Eumeu Sène, je sais qu'il pense à moi."
MBAYE BOYE, ENTRAINEUR BOMBARDIER
"On savait que Modou Lô allait sortir par les flancs"
"Tout ce dont on avait besoin, c'était une victoire. Même s'il fallait y perdre la vie. Mais on rend grâce à Dieu. Ce combat était arrivé à un certain niveau pour nous. C'était un combat de confirmation. En venant au stade, on sentait que les gens voulaient arracher le titre de roi des arènes à la Petite Côte. Mais tant que Dieu ne l'a pas décidé, cela n'arrivera pas. C'est vrai que Modou Lô est bon lutteur. C'est un vrai lion puisqu'il a osé entrer dans les gardes de Bombardier et l'atteindre à l'œil. Mais ce qui nous intéressait, c'était la victoire, quelle que soit la manière. Car tout le monde disait que le gosse allait terrasser notre lutteur. On a gardé un œil sur lui en le laissant attaquer. Il fallait s'appuyer sur son dos et espérer qu'il sorte des flancs. Et là, on l'attrape, le bloque, puis le plaque au sol. On savait qu'il allait sortir par les flancs. Cela est valable pour n'importe quel lutteur quand il est dans cette position."
BOUROUKHANE WADE, MANAGER BOY NIANG 2
"Actuellement, il n'y a pas beaucoup de jeunes lutteurs qui peuvent le battre"
"Aujourd'hui, je peux dire que Modou Lô a du mérite. Il a montré de la lutte pure. Ce qu'il a fait, si c'était face à un adversaire de même poids, il l'aurait terrassé depuis. Mais Bombardier est un lutteur qui connaît la vivacité, la technicité de Modou Lô. En plus, c'est quelqu'un qui sait se bagarrer et qui lutte par les flancs. Bombardier a un gabarit qui, s'il le travaille, peut lui permettre de déjouer les plans de ses adversaires. C'est ce qu'il a réussi aujourd'hui (samedi). Cette défaite ne peut rien enlever à la carrière de Modou Lô. Il a eu des victoires avant d'être freiné par le roi des arènes. Ce que Bombardier a dit est vrai. Il faut que les lutteurs travaillent plus qu'il ne l'a fait pour le terrasser. Le travail qu'il a effectué, actuellement, il n'y a pas beaucoup de jeunes lutteurs qui peuvent le battre."
OMAR DIAGNE "OMEZ", MANAGER DE TAPHA TINE
"Modou Lô a été mal conseillé"
"Le premier coup de Bombardier a fait effet sur lui. Au retour, Modou Lô ne devait pas aller au contact parce que leurs forces ne sont pas égales. Il ne pouvait pas manœuvrer parce que le différentiel et l'adhérence du poids ont fait la différence. Ce qui a permis à Bombardier, dès qu'il s'est appuyé sur le dos de son adversaire, de le saisir et de la plaquer. Dans ce genre de situation, quand ton adversaire est plus grand de taille, s'il s'appuie sur ton dos, tu n'auras pas assez de force pour te relever. Malheureusement pour lui, il a été mal conseillé et est tombé sur un lutteur plus expérimenté qui ne s'est pas précipité. Il a même utilisé l'axe central de Modou Lô pour l'attraper. Ce dernier devait se déplacer sur les côtés et peut-être obtenir ce qu'il voulait. Bombardier est devenu mûr, même dans sa communication. Il a fait des progrès lors de ses derniers combats. Et il est en train de gérer sa trajectoire et son plan de carrière."
MACTAR DIOP, PRODUCTEUR DU COMBAT BOMBARDIER MODOU LO
"S'il y avait des problèmes de cachets..."
"Il y avait beaucoup de polémique autour du combat mais tout s'est terminé en beauté. Malgré les détracteurs, il y avait beaucoup de gens qui étaient de tout cœur avec nous. C'est grâce à leurs prières qu'on a obtenu ce grand jour. On n'est pas là pour fuir dès les premières difficultés. Sinon on aurait renoncé depuis longtemps parce qu'on a rencontré beaucoup d'entraves. S'il y avait des problèmes de cachets, le CNG allait l'annoncer ou en parler. Toute déclaration négative à 24 heures d'un événement est faite à des fins destructrices. Tous ceux qui disaient que le combat n'allait pas se tenir, ce sont eux qui vont le raconter aujourd'hui. C'était ça notre objectif."
UN ACCUEIL TRIOMPHAL POUR LA VICTOIRE DU B52
La Petite Côte en liesse !
La pluie qui s'est abattue à Mbour durant le combat n'a pas découragé les supporters de Bombardier qui ont bravé les gouttes d'eau pour sortir manifester leur joie. A travers les rues et ruelles de la capitale de la Petite Côte, c'était la liesse, samedi. L'accueil réservé à Serigne Dia "Bombardier" a été à la hauteur de sa belle victoire sur Modou Lô.
En effet, après la chute de l'enfant des Parcelles Assainies devant le B52, Mbour, qui était si calme que l'on pouvait entendre une mouche voler, est devenu très ambiant. Les cris de joie ont fusé de partout. Les jeunes se regroupant par groupes ont fait le tour de la ville en chantant et dansant. "Fi ñoo ko moom, goudi goudi Mbour ! (ici, c'est chez nous. Quelle que soit l'heure tardive, nous serons à Mbour !)" disaient-ils.
Les routes qui ont été si désertes durant le combat étaient subitement bondées de monde. Femmes, jeunes et garçons ont pris la direction du quartier Château d'eau où se trouve la demeure de Bombardier. Il était très difficile de se frayer un chemin pour y accéder.
"Aujourd'hui (samedi), nous sommes contents de la confirmation de la couronne de Bombardier. Maintenant, tout le monde sait que le B52 est le roi incontesté de l'arène. Il est meilleur que Modou Lô car il est plus puissant. Qui veut battre le roi n'a qu'à se bien préparer", déclare Sokhna Fall, une des fans de l'enfant de Mbour.
Les jeunes battaient les tamtams au rythme du Djambadon (la danse mandingue du kankourang) et brandissaient des branches d'arbre. Jeunes filles et garçons rivalisaient d'ardeur pour monter à quel point la victoire leur était chère. De l'autre côté, sur la route nationale, l'ambiance est passée d'un calme olympien à un concert de klaxons des voitures et des motos. Les véhicules rencontraient d'énormes difficultés pour passer. Ainsi la fête a continué jusque tard dans la nuit.