LE SÉNÉGALAIS, UNE DURE TÊTE
«C’est dans l’effort que l’on trouve la satisfaction et non dans la réussite. Un plein effort est une pleine victoire.» Mahatma Ghandi
Depuis quelque temps, le Sénégal, à l’instar des pays de la sous-région, est frappé par une psychose généralisée à la suite de l’émergence de nouvelles pathologies telles que le virus hémorragique Ebola. A tel point que les populations sont contraintes de renouer avec les mesures d’hygiène de base comme le lavage des mains à l’eau et au savon.
Seulement, il faut du courage pour convaincre une certaine frange de la population de l’importance de ces mesures sécuritaires et sanitaires. A certains endroits comme au niveau de certaines banques de la place à titre d’exemple, les vigiles sont armées de bouteilles d’alcool et la surveillance des clients est de mise. Les clients, pour ne pas dire tout entrant, doivent se nettoyer obligatoirement les mains avec de l’alcool avant tout contact avec le personnel de la banque et des autres clients en attente «waaw Goor».
Ebola, oblige. La mesure doit être strictement appliquée à tous et a tous les niveaux «Ebola baayi woul keen». Pourtant, malgré la haute portée de ce geste, certains rechignent à se plier à la mesure. C’est l’exemple de cette dame qui, à la suite de la pluie qui s’est abattue sur la Capitale, se pointa un matin de bonne heure dans une banque de la place, établie dans un quartier huppé de Dakar, avec une robe fleurette «sagn sé moom la deef».
«Ndékété-yoo» ! Surpris a été le vigile de ladite institution financière quand cette dernière a refusé de se nettoyer les mains à l’entrée de la banque. Pire, elle a préféré claquer la porte de la banque. «Mo xaam», rétorqua le vigile.
Pour lui, il est hors de question que cette dernière mette les pieds dans «sa» banque sans se nettoyer les mains «raxaassy rek mba abaalé». Quel comportement ! On devrait avoir un peu plus de retenue et plus de respect envers les personnes. C’est aussi des valeurs en perte de vitesse quotidienne chez nous bien qu’on s’efforce tant bien que mal à vouloir les restaurer.
De la même façon que ce vigile peine à faire respecter les mesures d’hygiène aux clients de sa banque, le gendarme ou le policier éprouve autant de difficultés à convaincre les usagers à utiliser les passerelles pour piéton afin de réduire les risques d’accidents. A coup de siffler qui retentit tous les minutes, les piétons sont allergiques à respecter les mesures de sécurités établies pour leur propre sécurité.
Pour ne pas dire qu’ils sont anti-évolution Mdr ! Comme pour se prévenir du virus hémorragique Ebola en respectant les règles d’hygiène de base, les sénégalais rechignent à utiliser les passerelles pour passer d’un coté à l’autre de l’autoroute. C’est souvent des courses-poursuites entre les forces de sécurité et les piétons.
Les uns veulent faire respecter les choses alors que les autres trouvent toujours des prétextes pour traverser illégalement. Pourtant, il ne se passe pas une semaine sans que les autorités ne fassent une publicité ou annonce à la télé pour indiquer le comportement à adopter sur la route. Malgré, ces efforts on trouve toujours des explications à nos actes pour se conforter sans doute dans notre position (fautive).
Et nonobstant les risques encourus, nous aimons plus les raccourcis que la légalité. Même si l’on s’ait que la ligne droite est le plus court chemin pour rallier deux points, on choisit toujours le plus difficile. Le plus difficile, c’est également le surchargement des passagers dans les autobus et les cars de transport urbain qui desservent la capitale.
Ce sont des voitures bondées de monde et des chauffeurs qui en prennent au niveau de chaque arrêt sans se soucier de la sécurité des passagers et de la leur. Les cours de conduite sont rangés dans les oubliettes une fois qu’on a le permis. Pourtant, l’accident du bateau le Joola survenu un certain 26 septembre 2001 et qu’on pleure toujours est riche d’enseignements.
A tel enseigne que l’ancien chef de l’Etat avait pris la ferme volonté de faire respecter le nombre de places et ne plus autorisé de surcharge. Cette décision est restée sans succès.
Aujourd’hui, c’est la mode. Usagers comme chauffeurs savent pertinemment qu’ils risquent quotidiennement leur vie. Alors qu’ils ont juste une chose à faire : respecter les mesures de sécurité parmi lesquelles ne jamais dépasser le nombre de places. C’est dire que le Sénégalais, est une véritable tête brûlée. Qui ne réagit qu’après le pire.