LES AVOCATS DES VICTIMES CRIENT AU MÉPRIS DU TCHAD ENVERS LES JUGES
REFUS DE NDJAMENA DE TRANSFÉRER DEUX CO-ACCUSÉS DE HABRE
Le refus de Tchad de transférer au Sénégal deux présumés complices de Habré pour qu’ils y soient jugés est perçu par les avocats des victimes du régime de Habré, comme «un mépris envers les Chambres africaines extraordinaires et le mandat de l’Union africaine». C’est ce qu’ils ont fait savoir dans un communiqué tout en exhortant ces chambres à «aller de l’avant et montrer l’exemple en jugeant l’ancien dictateur».
Les avocats des victimes du régime de Hissène Habré qualifient le refus de Tchad de transférer au Sénégal deux présumés complices de Habré pour qu’ils y soient jugés de «mépris envers les Chambres africaines extraordinaires et le mandat de l’Union africaine».
Dans un communiqué, ces avocats déplorent le manque de coopération des autorités judiciaires tchadiennes avec les Chambres africaines extraordinaires pour le transfèrement de Saleh Younouss et Mahamat Djibrine dit «El-Djonto» et aussi du rejet d’une demande de la Commission rogatoire émanant des chambres.
«Cette nouvelle Commission rogatoire avait pour but de procéder à l’inculpation et à l’interrogatoire des deux complices de Habré poursuivis par les chambres pour crimes contre l’humanité et torture. Après un an de promesses non tenues, les autorités tchadiennes ont ralenti la procédure montrant ainsi qu’elles ne respectent pas la justice africaine et internationale», ont-ils fustigé dans ce document rendu public.
Selon les avocats des victimes du régime de Habré, «le non-transfèrement de ces complices ne doit plus retarder la tenue du procès à Dakar». Pour eux, «les Chambres africaines extraordinaires doivent aller de l’avant et montrer l’exemple en jugeant l’ancien dictateur..
Dans la même veine, les avocats déplorent l’attitude du gouvernement tchadien qui, selon eux, veut montrer aujourd’hui qu’il est capable d’assurer les poursuites contre les anciens complices de Habré alors qu’il n’a rien fait pendant 24 ans en faveur des victimes.
D’après eux, c’est «la raison du non-transfèrement de Saleh Younouss et Mahamat Djibrine dit «El-Djonto» au Sénégal, pour qu’ils y soient jugés». «Les victimes avaient déposé une plainte en 2000 contre les anciens tortionnaires du régime devant les juridictions tchadiennes, mais les autorités n’y avaient pas donné suite, en dépit des insistances de leurs avocats et des organisations de défense des droits de l’Homme», a-t-on rappelé.
Dans leur communiqué, ces avocats soutiennent que «les victimes ne veulent pas d’une procédure expéditive comme cela semble se profiler, mais de procès justes, équitables et transparents».
«Le gouvernement tchadien doit aller de l’avant et traduire en justice ces deux individus, inculpés pour les mêmes faits au Tchad et en détention à Ndjamena, ainsi que tous les autres complices de Habré dans le respect des standards internationaux et de la procédure pénale», a-t-on souhaité.
Par ailleurs, les avocats des victimes du régime de Habré croient que «les changements répétés ces derniers mois au sein de la Magistrature tchadienne, l’accélération soudaine de la procédure contre les anciens complices alors que le nouveau Procureur général de Ndjamena vient à peine de prendre ses fonctions et la remise en liberté de certains anciens tortionnaires sans qu’en soient notifiés les avocats des victimes, montrent le dédain de l’Etat tchadien pour les règles de procédure».
«Le combat héroïque en faveur de la justice de ces milliers de victimes qui décèdent les unes après les autres n’a honteusement jamais été reconnu par les autorités tchadiennes», ont-ils encore fustigé.