LES CHEFS D’ETAT SE RÉJOUISSENT DU CHEMIN PARCOURU ET IDENTIFIENT LES DÉFIS DU FUTUR
CELEBRATION DES VINGT ANS DE L’UEMOA
Réunis, hier à Ouagadougou, pour célébrer les vingt ans de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres ont passé en revue les réalisations faites sans occulter les efforts qui restent à faire pour relever les défis et bien se projeter dans le futur.
Les chefs d’Etat des pays membres ont célébré hier, dans la Salle des banquets de Ouaga 2000, à Ouagadougou, les 20 ans de la création de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), portée sur les fonts baptismaux précisément le 10 janvier à Dakar.
Blaise Compaoré et ses hôtes, le Béninois Thomas Yayi Boni, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Malien Ibrahima Boubacar Keïta, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Sénégalais Macky Sall, le Togolais Faure Gnassingbé et le président de l’Assemblée nationale de Guinée- Bissau venu représenter le président José Mario Vaz, ont fait le bilan à mi-parcours de l’organisation régionale et rappelé les défis à relever.
Une célébration placée sous le thème : « les voies d’un développement solidaire ».
En l’espace de deux décennies, l’Union a réussi à bâtir et asseoir une architecture institutionnelle fonctionnelle, mais aussi à mettre en œuvre des réformes.
Au cours de la première décennie, l’Union s’est battue pour une monnaie commune stable, la création d’organes opérationnels, un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité, un marché commun, des programmes sectoriels et des politiques communes, une Politique industrielle commune.
Sans oublier les politiques communes dans les secteurs de l’énergie, des mines, de l’’agriculture, le développement culturel, l’artisanat, etc.
Au cours de la deuxième décennie de son existence, l’Uemoa, avec le Programme économique régional (Per I et II), a mis en œuvre des programmes sectoriels intégrateurs orientés vers la consolidation de la bonne gouvernance et l’approfondissement de l’intégration, le développement des infrastructures économiques, la construction d’un appareil productif et la promotion des ressources humaines.
L’organisation s’est dotée d’une Union douanière et fait de la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux une obligation pour les Etats membres. Toutes ces actions pour renforcer le développement solidaire et l’intégration.
Appliquer les textes communautaires
Aujourd’hui, à l’âge de la maturité, il s’agissait de rendre hommage aux pères fondateurs, de regarder dans le rétroviseur, mais aussi de se projeter dans les défis pour un futur meilleur tout en remerciant les partenaires au développement.
Satisfait, le président burkinabé, Blaise Compaoré, déclare que l’Uemoa est « un exemple à l’échelle continentale », « une référence par la qualité de ses organes », son intégration, etc.
M. Compaoré s’est également réjoui de la mise en œuvre du financement du Per, mais a reconnu qu’« il est important de renforcer la complémentarité et la solidarité entre Etats ».
Après avoir rendu hommage aux pères fondateurs « pour leur clairvoyance », le président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, le Béninois Thomas Yayi Boni, a trouvé des motifs de satisfaction dans le chemin parcouru depuis la signature du Traité de Dakar, en 1994.
Il cite, entre autres, la création d’un espace communautaire, l’union douanière, le tarif extérieur commun, l’exécution progressive de programmes, la création d’infrastructures dans les pays membres. A son avis, « l’intégration régionale est le moyen le plus efficace pour réduire les handicaps les plus lourds de notre région ».
Cependant, Yayi Boni appelle à ouvrir de nouvelles pistes pour consolider les acquis, à mettre en application de manière effective les réformes et les textes « qui ont été adoptés par nous- mêmes ».
Parmi les efforts à faire, il y a nécessairement la libre circulation des personnes, des biens et des services, estime-t-il (lire encadré). Un autre secteur qui nécessite des efforts des pays membres de l’Uemoa demeure la question énergétique. L’organisation a lancé son Initiative régionale pour l’énergie durable (Ired) à travers le Fonds de développement de l’énergie (Fde) qui apporte une contribution de 174,7 milliards de FCfa pour le financement de 11 projets en cours d’exécution dans les huit pays membres afin de résorber le déficit de l’offre en énergie électrique.
Le Sénégal, avec 10 milliards de FCfa, bénéficie de la construction de la boucle 225 kV de Senelec, phase I. Mais il reste encore du chemin à faire pour l’Union. « Relever le défi de l’énergie est une préoccupation fondamentale », fait savoir Thomas Yayi Boni. Le défi aujourd’hui, estime-t-il, c’est de « rendre l’énergie disponible et accessible pour nos populations », tout en mettant l’accent sur les énergies renouvelables.
L’agriculture est aussi un chantier en friche. Son développement est une condition préalable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, rappelle le président béninois.
Il a prôné la mutualisation des efforts pour produire en qualité et en quantité. De même, il faut unir les forces dans les secteurs de l’éducation et dans le défi des changements climatiques poursuit-il. Aussi, M. Boni a évoqué la question du financement des projets de développement, la nécessité d’industrialiser l’Union, doter les populations d’une éducation et d’un service de santé de qualité pour disposer d’excellentes ressources humaines, etc.
Le président de la Commission de l’Uemoa, Cheikh Hadjibou Soumaré, a avoué que même si 20 ans, c’est « la phase de maturité » et une occasion de se projeter dans l’avenir, il y a encore du chemin à faire.
De nombreux textes dont la mise en œuvre vise à faciliter l’approfondissement de l’intégration et l’amélioration de la gestion des économies de l’Union « souffrent encore de réticences injustifiées dans nos pays », constate le président Soumaré.
A son avis, « un défi important concerne la consolidation des acquis : elle passe par la mise en œuvre effective de nos réformes, notamment de nos textes, à travers leur intégration dans l’arsenal juridique de chacun de nos Etats et leur application effective ».
Libre circulation des personnes et des biens
Le président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, le Béninois Thomas Yayi Boni, a rappelé à ses pairs la nécessité de faire des efforts supplémentaires dans l’atteinte de certains objectifs, principalement la libre circulation des personnes, des biens et des services dans l’espace communautaire, telle que prônée par les textes.
Ce défi « nous interpelle de manière particulière. En effet, c’est sa résolution qui donnera une âme à notre union », estime-t-il.
Le président de la Commission de l’Uemoa, Cheikh Hadjibou Soumaré a noté, dans la même mouvance, des insuffisances dans ce domaine. A son avis, « notre Union souffre aujourd’hui de nombreuses difficultés liées à une application insuffisante des réformes dans nos Etats. La libre circulation des personnes et des biens continue d’être, dans une large mesure, une préoccupation malgré les efforts déployés », confesse-t-il.
Dans un contexte mondial caractérisé par l’insécurité, le terrorisme et la montée des extrémismes, l’Uemoa compte prendre les devants en sécurisant l’espace communautaire. Le président burkinabé, Blaise Compaoré, a appelé ses pairs à s’unir sur les chantiers de la paix et de la sécurité face à la montée des périls, à la menace que constitue le virus Ebola.
Pour Yayi Boni du Bénin, la paix et la stabilité communautaire demeurent un défi primordial à relever et la mutualisation des efforts une nécessité pour assurer une riposte collective.