''LES CONDITIONS DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE SONT RÉUNIES AU SÉNÉGAL''
MADIAMBAL DIAGNE, JOURNALISTE, ÉDITEUR
Madiambal Diagne est un journaliste sénégalais, directeur général du groupe Avenir communication, éditeur du journal Le Quotidien. Dans cet entretien, il se félicite que le Premier ministre accepte de présider les 43èmes assises de la presse francophone. Il aborde également la question du chômage des jeunes journalistes et le faible niveau du français au Sénégal, entre autres.
Qu’est-ce que cela vous fait que Dakar abrite les assises de l’UPF ?
C’est une attraction pour le Sénégal. Le monde francophone découvre le Sénégal davantage. Et le Sénégal est en train de devenir une ville de conférence. Le Sénégal accueille présentement les assises de l’Union de la presse francophone et dans une semaine le XVème sommet francophone des chefs d’Etat.
Ce genre de rencontres rehausse l’image de marque d’un pays, comme, du reste, toutes ces rencontres internationales annexées à ce sommet .Aujourd’hui, le Sénégal est au-devant de l’actualité.
Et des rencontres du genre ne manquent jamais de retombées positives. Personne n’ignore l’impact positif dans l’économie du pays organisateur.
Paradoxalement, on constate de plus en plus une baisse du niveau du français...
C’est vrai. Mais, il faudrait plutôt parler de baisse du niveau français académique. La manière de parler français peut ne pas être correcte, mais le nombre de locuteurs en français est en nette croissance dans notre pays. Est-ce qu’on est dans une logique de parler un français académique ?
Là est toute la question. De plus en plus, les gens vont à l’école française. Ceux qui ne sont pas allés à l’école essaient de parler tant soit peu le français. Plus que jamais la langue française est devenue un vecteur de communication. De ce point de vue, on ne peut parler de recul du français.
Pouvez-vous revenir sur l’arrestation dont vous avez été l’objet, il y a quelques années pour vos écrits...
En 2004, j’avais été arrêté par le régime de Wade pour des informations qui l’avaient déplu. Cela a été une expérience négative pour le Sénégal. Ce qui est important, c’est qu’en son temps les Sénégalais de toute obédience s’étaient mobilisés comme un seul homme pour dire non aux dérives démocratiques et à la confiscation des libertés. A l’époque, il y avait des manifestations monstres pour réclamer ma libération. Et cela avait donné des résultats.
Est-ce que la liberté de la presse est menacée au Sénégal ?
Les conditions de la liberté de la presse sont réunies au Sénégal. Un journaliste professionnel peut bien faire son travail sans entrave. Le Sénégal, de ce point de vue, est un bel exemple. Mais, la liberté de la presse n’est jamais irréversible, il faudra être vigilant contre toutes les velléités de remise en cause de cet acquis démocratique
L’inquiétude gagne souvent les jeunes journalistes. En tant qu’éditeur de presse, quelles sont les initiatives que vous avez eu à prendre pour diminuer ce problème ?
Il faut dire que depuis la naissance du journal Le Quotidien, nous avons tenté une expérience qui consiste à accorder un cachet à des journalistes encore en formation dans les écoles, en les permettant d’avoir des revenus et une expérience professionnelle.
Cette expérience a permis à des étudiants en journalisme d’éclore et de devenir de belles plumes. On se félicite que d’autres organes de la place imitent, aujourd’hui cette démarche. Certes, le marché de l’emploi est difficile, mais il reste ouvert.
Il y a de nouvelles créations d’emplois avec les nouvelles entreprises de presse qui naissent. Les nouveaux médias comme les sites internet sont également des opportunités d’emplois pour les jeunes journalistes.