LES FEMMES DONNENT UNE AME À LA VILLE
TAMBACOUNDA RAMASSAGE ET TRANSFORMATION DES SACHETS PLASTIQUES
Les femmes de Gourel Diadié, quartier de Tambacounda, sont pleines d’initiatives : elles ont mis en place une unité de transformation des sachets plastiques qui sont recyclés en sacs à main. La beauté de cette action est double : elle débarrasse la ville de ses souillures et élargit le pouvoir d’achat de celles-ci.
A Tambacounda, les femmes se positionnent pour débarrasser la capitale de l’Est de ses souillures. La présence des déchets plastiques donne à cette ville une image désastreuse de capitale régionale. Les femmes de l’Association des mères d’élèves (Ame) de l’école Gourel Diadié veulent lutter contre la pollution de l’environnement par les sachets plastiques et donnent une Ame à leur ville.
Cette guerre suppose un change- ment radical des comportements. Le combat s’annonce hardi. Généralement jetés dans la nature après usage, les sachets plastiques constituent une réelle menace pour l’environnement et le bétail à cause de leur nature biodégradable.
Mais, ces bonnes dames sont bien sûr prêtes à engager ce combat pour donner à Tambacounda un visage clinquant de propreté. Les femmes de l’Ame de Gourel ont trouvé une solution à ce fléau qui dégrade l’environnement.
Depuis quelques temps, les femmes parcourent la ville avec de jolis sacs à main (top model) fabriqués avec ces sachets jetés dans la nature. Quelle ingéniosité ! A la hauteur de leur détermination à débarrasser leur localité de ces déchets qui lui donnent une image de carte postale de ville insalubre. Bientôt, ose-t-on affirmer, la nature sera nettoyée de tous ces sachets encombrants qui dégradent le sol et causent souvent la mort du bétail.
Aujourd’hui, les sachets sont en train d’être ramassés dans la nature par les femmes de l’Ame qui les recherchent activement pour en faire des sacs à main.
Pétillante de détermination, la présidente de l’association, Seynabou Diop Gaye livre les recettes du succès : «nous recherchons les sachets jetés dans la nature pour les désinfecter avec de l’eau de javel et les laver avec de l’Omo. Ensuite, nous les rassemblons pour les tisser.» La finalité de ce travail d’orfèvre est doublement salutaire.
Elle dit : «nous en faisons des sacs à main très jolis et top model qui pourront servir les dames et sont à moindre coût. En plus, cette activité de tissage des sachets jetés, outre les revenus qu’elle nous procure, nous les femmes, permet aussi à l’environnement de mieux respirer car, elle va être nettoyée de ces objets encombrants.»
Sac vendu 1500 ou 3000 francs
Ce travail... fée des émules à Tambacounda et met sous le charme les jeunes filles victimes de la mode et sans moyens. Sans complexe, elles se bousculent au guichet pour les acheter à un moindre coût : il oscille entre 1500 et 3000 francs Cfa.
Ce n’est pas Louis Vitton ou Gucci. Mais, ils donnent une allure locale à une flopée de filles qui casquent fort dans d’autres échoppes pour afficher leur sublimité. «Aujourd’hui, nous en avons fait plusieurs sacs (100), qui d’ailleurs, ont séduit plus d’un.
Et c’est pourquoi d’ailleurs, poursuit Seynabou Gaye, nous profitons pour lancer un appel au ministère en charge de la protection de l’environnement, de nous appuyer dans le travail que nous faisons, pour une meilleure protection de la nature qui souffre grandement de ces sachets plastiques qui la dégradent», dit la présidente de l’Ame.
Revenant à leurs activités, la présidente révèle que le succès du travail qu’elles effectuent a des résonnances hors des limites géographiques de Tambacounda. D’après elle, des partenaires intéressés tapent à la porte de leurs magasins.
Les commandes, dit-elle, se multiplient sur le plan national et international : des partenaires américains ont fait une commande de 1000 sacs qui seront livrés dans quelques semaines. Même s’il est encore très prématuré de chiffrer le volume de leur business, elles se frottent les mains. En attendant d’autres lendemains plus enchanteurs.
Le reste est un plaidoyer pour un soutien total de l’Etat et la béatification de cette initiative. Main sur le cœur, elle insiste sur celui-ci : «il nous faut un appui dans l’achat des produits détergents qui servent au nettoyage des sachets, et aussi un appui en matériel et en local pour pouvoir mieux faire le travail et vulgariser la technique.» Ame bien née.