LES PAYS DITS EMERGENTS INVESTISSENT DANS UNE GESTION STRATEGIQUE DE LEUR MONNAIE
CRITIQUE NOUVELLE ET INTERNE DU FCFA
La problématique de la monnaie nationale a fait l’objet d’une lettre ouverte d’économistes africains, destinée à la Banque centrale des Etats de l’Afrique l’Ouest (Bceao). Ces derniers, constatant que les pays dits émergents disposent d’une monnaie nationale, revendiquent la nécessité de faire une critique nouvelle et interne du Fcfa. Ils considèrent que ces pays, par l’intermédiaire de leur banque centrale et de leurs ressources intellectuelles mobilisées, sont tous investis dans une gestion stratégique extrêmement fine et réactive de leur monnaie.
Les pays dits émergents semblent dégager de nouvelles politiques aboutissant à leur émergence économique. Ils développement un élan transcendant les colorations politiques, tout en accordant peu d’intérêt à la monnaie nationale, dont ils disposent.
La Bceao indexée dans cette logique, est l’institution d’émission de cette monnaie commune au Sénégal, à la Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Bénin, au Togo et à la Guinée-Bissau. En Afrique centrale, six pays se partagent cette même monnaie avec leur propre institution d’émission. Il s’agit du Cameroun, du Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad.
Le Fcfa que partagent ces pays, qui signifie, le Franc des colonies françaises d’Afrique existe depuis 1945. Il devient en 1958 le franc de la Communauté financière d’Afrique. Ces économistes contestataires, signalent à travers la lettre adressée à la Bceao que par l’intermédiaire des banques centrales et des ressources intellectuelles mobilisées, les pays émergents s’investissent dans une gestion stratégique pour disposer d’une réactivité de leur monnaie.
Il s’agit de Chine, le Brésil, la Russie, l’Europe, le Japon, les pays du Golfe, les Etats-Unis d’Amé- rique. Les quatre économistes africains, dont Zé Belinga, Makhily Gassama, Demba Moussa Dembélé et Sakho Bamba, s’attaquant aux objectifs et fondements de la politique europé enne, n’excluent aucune possibilité, même un éclatement de la Zone euro.
Peuples avides d’effets concrets
La demande critique et citoyenne d’un débat sur la politique monétaire en Zone franc, disent-ils, se répand irréversiblement des minorités progressistes, partisanes de réformes ou de refontes des architectures monétaires, vers les peuples avides d’effets concrets sur leurs existences quotidiennes.
Ainsi, ils évoquent la manifestation étouffée par les forces de l’ordre à Yaoundé le 26 avril 2015. Celle-ci, exigeait la souveraineté monétaire avec des tee-shirts d’activistes, portant la mention : « 26 avril 2015: Mort du Fcfa ! ». Et, considérant la progression, notée au sein de l’Uemoa/Cemac, ils prônent une crique sociale externe sur la monnaie, imposée par le colonisateur français.
A cet effet, le Ministre togolais de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, M. Kako Nubukpo, a pris sens et valeur. Au moment où, le monde entier tentent d’élaborer et d’actualiser des stratégies et tactiques monétaires gagnantes, les africains se refusent toute opportunité de débattre de leurs options monétaires.
Construction d’une postérité africaine
Alors que les flux de la globalisation, de la libéralisation des marchés, de la volatilité des avantages compétitifs et des crises systémiques deviennent une réalité. Ils exigent une nouvelle critique générationnelle des politiques monétaires dans l’optique d’alimenter le débat interne à l’Afrique.
Mais aussi, insister sur les solutions que le continent doit construire pour sa postérité. Ailleurs, ces économistes réformateurs regrettent la frilosité des groupes sociaux et administrations rentières ou bénéficiaires en ligne directe de la gestion du Fcfa qui ne devrait pas empêcher la nouvelle critique générationnelle des politiques monétaires.
Sur ce, ils apprécient la position du Ministre togolais, Nubukpo, tout en dénonçant le refus des africains de prendre dans une dialectique leur destin. « Les africains doivent éviter les calculs personnels, l’obsolescence des routines institutionnelles. Mais aussi, la peur d’assumer en responsabilité les conséquences d’une libération pleine », plaident-ils, tout en déplorant l’arrimage du Fcfa à l’euro.