LES VRAIES RAISONS D'UN BLOCAGE
RÉALISATION DE L’AUTOROUTE THIÈS-TOUBA
Le gouvernement cherche encore à réduire des taux d’intérêt assez peu élevés pour le remboursement de la créance. D’autant plus que le péage n’est pas parti pour couvrir toutes les dépenses.
Ila Touba ne sera pas inauguré en ce mois de décembre. La cérémonie de pose de la première pierre de l’autoroute à péage Thiès-Touba ne se tiendra pas la semaine prochaine, comme initialement annoncée. La raison en est toute simple : le contrat n’est pas encore finalisé.
Si le protocole d’accord a bien été signé entre la partie sénégalaise et Eximbank of China, qui est censée débloquer les sous nécessaires, le contrat, lui, tarde à voir le jour.
Il semble même qu’une délégation interministérielle se trouve pour le moment en Chine pour continuer les négociations sur les modalités pratiques et les spécifications techniques de la route.
Mais la vraie question est celui du prix final. Le gouvernement essaie de voir dans quelle mesure il pourrait obtenir un rabais sur le prix, notamment en ce qui concerne les modalités de remboursement.
On sait que les Chinois sont disposés à avancer les 431 milliards de francs Cfa nécessaires à la réalisation de cet ouvrage qui sera l’un des points marquants du premier quinquennat de Macky Sall.
Cependant, si l’entreprise qui doit réaliser les travaux est déjà connue, et s’apprête à envoyer à Dakar son matériel de travail ainsi que son personnel, il semble que les Chinois ne soient pas intéressés par une quelconque éventuelle concession d’exploitation.
Sans doute se sont-ils dit, comme la plupart des observateurs, que le péage serait difficile à rentabiliser à moyen terme. On sait en effet que le trajet Thiès-Touba ne s’anime qu’à l’approche du Magal. Le reste de l’année, la fréquentation ne dépasse pas celle de l’axe Kaolack-Gossas, par exemple.
D’autres tronçons auraient pu prendre le pas sur celui-là et être plus rapidement rentables en mode péage.
Or, on sait que le gouvernement comptait quelque part sur ce mode de gestion, dite de Bot (Build operate transfer), pour réduire ses coûts ainsi que les taux de remboursement, car la route ne pourrait pas lui rapporter ce qu’il pourrait débloquer.
Mais puisque c’est une volonté politique de la réaliser, et que l’argent n’est que prêté et pas offert, on est libre d’en faire ce que nous voulons.
Mais dans ces conditions, le souci des Sénégalais est d’essayer d’obtenir un taux d’intérêt moindre. Pour le moment, les négociations se sont arrêtées à 6%, avec des conditions plus ou moins concessionnelles.
Néanmoins, jouant sur la qualité de pays pauvre très endetté du pays, les fonctionnaires de l’Etat essaient d’obtenir des Chinois qu’ils revoient leurs prétentions à la baisse.
Ce qui explique le retard noté dans la finalisation et la signature du contrat.