''LES ÉTUDIANTS SE CONFIENT DIFFICILEMENT''
MAÏMOUNA BA, SAGE-FEMME, COORDONNATRICE DE L’ESPACE JEUNE DE L’UCAD
Informer, sensibiliser les étudiants sur la santé sexuelle et reproduction n’est pas une chose aisée. Surtout pour les questions relevant de la santé sexuelle et reproductive. C’est, en tout cas, le constat fait par Maïmouna Bâ, sage-femme, par ailleurs coordonnatrice de l’espace jeune de l’Ucad.
« Cible difficile ! » Tel est le profil dressé par Maïmouna Bâ, sage-femme et coordonnatrice de l’espace jeune de l’Ucad, pour caractériser les étudiants. Surtout pour tout ce qui concerne la sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive. Selon elle, « les étudiants se confient difficilement ».
Pis, « dès le premier contact, ils peuvent se replier sur eux-mêmes », confie cette sage-femme. D’où la complexité de leur travail d’information et de sensibilisation des étudiants. Seulement, à force de persuasion, Maïmouna Bâ et son équipe parviennent à détendre l’atmosphère pour pousser les étudiants qui le souhaitent à venir exposer leurs problèmes afin qu’une solution adéquate leur soit proposée.
« Nous faisons des fois appel à des blagues. On essaie de créer un climat de confiance, surtout lors du premier contact qui est le plus difficile », dévoile la coordonnatrice de l’espace jeune de l’Ucad. Si malgré tout un étudiant ne veut pas se confier, « on lui donne une autre chance en lui suggérant de bien réfléchir à son problème et de revenir s’il le désire », explique-t-elle.
Dans le même sillage, fait remarquer Daba Dieng, une étudiante de 24 ans qui collabore avec l’espace jeune pour informer et sensibiliser ses camarades sur la santé de la reproduction, « il n’est pas facile de convaincre les étudiants de venir s’informer et se faire consulter au centre ».
Selon elle, « il faut des arguments bien fondés pour les inciter à faire une consultation. Je leur fais souvent comprendre qu’on peut avoir une Ist sans le savoir ou avoir honte d’en parler, et seul un médecin peut aider à s’en sortir ».
Faible perception de la santé de la reproduction
Sur la connaissance des étudiants de la santé sexuelle et reproductive, la sage-femme Maïmouna Bâ révèle que ces derniers ont une faible perception de ce concept.
« Nous avons fait une enquête ici, à l’Ucad, mais nous nous sommes rendus compte que les étudiants ne connaissent pas la santé de la reproduction. C’est pour cela que nous nous sommes dits pourquoi ne pas ouvrir ce centre pour élever leur niveau de connaissance », explique-t-elle.
Elle souligne que même si certaines étudiantes viennent pour des consultations gynécologiques, la plupart d’entre elles refusent d’admettre qu’elles ont une activité sexuelle.
« Cela nous empêche ainsi d’aller au fond des choses, surtout que nous savons que la sexualité est très dense ici. Pourtant, les étudiants ne veulent pas en parler », déplore la coordonnatrice de l’espace jeune de l’Ucad qui fait savoir que « même quand des café-débats sont organisés dans l’enceinte de l’espace universitaire, les étudiants qui veulent s’exprimer sur la sexualité n’osent pas le faire ».
Pour cette raison, Maïmouna Bâ est consciente qu’il y a « beaucoup de choses à changer ».
Malheureusement, « on ne peut pas le faire d’un coup », avoue-t-elle, reconnaissant qu’ils ne sont qu’au début de leur mission d’information et de sensibilisation des étudiants sur la santé de la reproduction.
« Nous avons démarré seulement au mois de janvier 2014. Nous envisageons d’organiser plus de café-débats, de conférences et de visites pour atteindre au moins le maximum d’étudiants », explique Mme Bâ.