L’APOLOGIE DE LA DÉNONCIATION
Les révélations du gendarme colonel Abdoulaye Aziz Ndaw contenues dans son livre et qui lui vaudront d’être mis aux arrêts de rigueur dès son retour à Dakar comme la déclaré le ministre des Forces Armées Augustin Tine, sont du domaine du possible sur de nombreux aspects.
En attendant les conclusions de l’enquête en cours, nombre de Sénégalais n’ont pas été surpris des mauvaises pratiques dans le dossier casamançais et de la gourmandise des Wade, dénoncées dans le brûlot.
Le colonel Ndao n’a fait que nous déciller davantage sur le système Abdoulaye Wade. Pendant son règne, bien des voix se sont élevées pour dénoncer son mode de gouvernance.
Le Sénégal, douze années durant, a été sous le joug d’un homme qui a fait fi de toute moralité. Les révélations sur ses pratiques font frémir et il devrait être jugé pour Haute trahison. C’est de la redondance que de le dire.
La bonne gouvernance a été aux abonnés absents sous Abdoulaye Wade et le machiavélisme de l’homme a terrifié et corrompu tous les segments de la société. L’argent a été la principale arme de Wade. Le livre du colonel est innervé par les questions d’argent.
La quête du gain illicite motive les différents acteurs. C’est cela le système Wade. Un système que dénonce le colonel Alioune Ndaw. Pour autant devons-nous dire que le colonel Ndaw a raison ? Nous nous en garderons.
Le possible ne signifie pas la vérité. Le général Fall dont l’honneur a été bafoué et toutes les autres personnes citées dans ce livre, trouveront leur ligne de défense certainement pour laver leur honneur.
Le formidable coup de pied que le colonel Ndaw donne au « devoir de réserve » remet sur le plat les limites de ce concept.
Après Cheikhouna Keïta, le commissaire de police qui a révélé le dossier de la drogue dans la police, et qui a été radié, voilà encore que les forces de défense et de sécurité sont mises à nu.
La gendarmerie qui est un corps d’élite est dans l’œil du cyclone. Si au bout de l’enquête, cette affaire est avérée et qu’un assainissement s’avère opératoire, c’est tant mieux.
Si les déclarations du Colonel Ndaw contre le général Fall ne sont que le fruit de son imaginaire, la nature humaine aura encore déçu car seule la haine peut édicter une telle démarche.
Pour le reste, les dérives de la famille Wade, le comportement des messieurs Casamance, les Sénégalais ont été déjà informés. Les conclusions de l’enquête sont très attendues sur ce plan-là.
Le colonel Ndaw a violé le devoir de réserve. Il l’a fait en toute conscience comme la plupart de ceux qui sont mus par un besoin impérieux de sortir leur part de vérité.
A tort ou à raison, ils restent droits dans leurs bottes avec comme seule maxime : advienne que pourra.
Au-delà de leur frustration pour n’avoir pas été récompensés voire honorés, la République se retrouve avec une patate chaude entre les mains. Presque sous toutes les latitudes, la sanction qui suit est négative. On ne défie pas impunément l’Ordre.
Au-delà de l’application stricte des règles établies, l’Autorité est attendue pour faire la lumière sur les révélations -du colonel qui aspirait au grade de général- et qui ne l’a pas obtenu.
Les détracteurs du colonel Ndaw mettent en avant sa frustration d’officier, les Sénégalais espèrent, eux, que la vérité sera dite dans cette affaire. Le brûlot du colonel Ndaw mérite un traitement juste.
Des voix du MFDC s’élèvent pour apporter du grain à moudre au Colonel Ndaw, il s’agit de bien disséquer les choses pour que la République soit le seul vainqueur dans cette affaire.
A l’heure de la refondation de la nation, après la mise en place de l’OFNAC, organe mis en place pour encourager la dénonciation, la démarche du colonel Abdou Aziz Ndaw ne saurait surprendre.
D’autres voix de fonctionnaires, de magistrats et d’éléments des forces de l’Ordre s’élèveront pour dénoncer les mauvaises pratiques.
Si la vérité seule motive, la République ne s’en portera que mieux pour ceux qui auront choisi de se sacrifier car la reconnaissance sera éternelle.