L’INDISCIPLINE ET LE DÉSORDRE, DES MAUX RÉCURRENTS
BILAN DU PELERINAGE AUX LIEUX SAINTS DE L’ISLAM
Comme il est de coutume à la fin du pèlerinage aux lieux saints de l’Islam, une évaluation est faite de cet évènement qui rassemble chaque année plus dix mille Sénégalais de confession musulmane, séjournant à la Mecque et à Médine pendant plusieurs semaines.
Le bilan du pèlerinage à La Mecque 2014 fait entrevoir que les Sénégalais ne sont pas débarrassés de certaines attitudes et autres comportements qui laissent à désirer. L’écrasante majorité des pèlerins se tiennent honorablement. Ce qui n’est pas le cas d’une minorité agissante, qui ternit l’image de notre pays, considéré comme une terre d’islam.
Les informations que nous avons pu glaner montrent à suffisance, la persistance de ces attitudes ont noms : retard, désordre dans la programmation des vols d’avion, anarchie, pagaille, l’indiscipline, insalubrité et même délinquance de certains Ils ont aussi des visages. Il s’agit en l’occurrence de personnes en grand déficit d’éducation, arrogantes, colériques et pour tout dire, asociales.
Des couacs, on en a dénombrés beaucoup. D’abord dans l’organisation du pèlerinage à La Mecque. Selon nos sources, cette année aura été tout simplement calamiteuse. "C’est l’une des pires à laquelle il nous a été donné l’occasion d’assister depuis ces derniers Haj.", nous confie un de nos interlocuteurs. De nombreuses perturbations liées à la mauvaise programmation des vols de la part de Sénégal Airlines ont été notées.
Visiblement cette compagnie n’a pas les moyens de ses ambitions. Les dysfonctionnements se comptent par dizaines, tant le commissariat a eu du mal à imposer l’ordre et la discipline à toutes les étapes du Haj. Le casting des guides du comité d’organisation et d’encadrement ne semble pas avoir été opéré en toute transparence. Les membres de la commission, comme c’est depuis des lustres ont été sélectionnés sur des bases népotiques.
Les services sénégalais de sécurité détachés à La Mecque ont pu identifier au sein de la commission des guides souvent issus d’une même famille et liés par des relations parentales évidentes. Il s’agit souvent de frères, sœurs, épouses et autres belles-sœurs appartenant à une même lignée familiale. "Les recommandés" viennent de partout dans l’administration centrale, les corps militaires et paramilitaires, les cercles familiaux, les groupes politiques. En réalité à avoir l’identité de ces "pistonnés", on devine aisément le statut de leurs divers sponsors.
Le plus agaçant dans tout cela, c’est à l’évidence la large panoplie de leurs comportements déviants : larcins, accusation sans fondements, vagabondages, désordre, anarchie, pour ne citer que ceux-là.
Accusé de vol à Mouna, l’Imam blanchi…
Le fait marquant de ce pèlerinage a été cette malheureuse affaire de vol supposé où l’imam I. Fall a été blessé dans son honneur et sa dignité. Tout est parti dans un hôtel sis Mouna où une dame du nom de C. Fall a oublié dans les toilettes communes sa sacoche contenant un million francs CFA. L’argent fut ramassé par Mme A. Mbodji qui est allée le déclarer à l’Imam, histoire de prouver sa bonne foi.
A cet effet, l’Imam I. Fall a répandu la nouvelle à travers la sonorisation perceptible à presque 500 m à la ronde. Le hic, c’est que l’Imam est allé vite en besogne en annonçant l’avis concernant des fonds ramassés alors que la dame A. Mbodji ne lui avait pas encore remis l’argent. Une situation qui s’explique par le fait que la dame ne voulait pas par prudence remettre un tel montant à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas personnellement.
La confusion s’installe ! Un vent de soupçons et de rumeurs empeste les relations dans le groupe. L’Imam jurait sur tous les dieux de n’avoir jamais vu la couleur de la sacoche dont il a commis l’erreur d’annoncer la découverte. Informé nous explique-t-on, le commissaire général au pèlerinage, El Hadj Amadou Tidiane Dia a réquisitionné les policiers sénégalais pour tirer cette affaire au clair.
Une enquête rondement diligentée a permis à la police de localiser et d’identifier la dame A. Mbodji. Dans sa déclaration convaincante, elle s’en est justifiée. Comme quoi, elle ne voulait pas remettre l’argent à l’Imam sans s’entourer de garantie. Pour manifester sa bonne foi, elle a remis la sacoche renfermant le million francs CFA intact. Inutile de dire que les protagonistes ont fini par présenter leurs plates excuses à l’honorable imam. Tout est bien qui finit bien !
Les policiers sénégalais n’ont pas également chômé. Ils ont été à plusieurs reprises interpellés par les gouvernants d’hôtels pour constater des lavabos et autres vitres cassés par des pensionnaires sénégalais. Autre élément important mettant à nu cette "délinquance à la sénégalaise" les nombreuses plaintes liées à des cas de vols et autres petits larcins signalés à la police. Et la plupart des personnes mises en cause seraient des femmes commerçantes, qui visiblement ne font pas du Haj leur préoccupation essentielle.
Dans le rapport de mission destiné aux autorités, ils feront sans doute état de certains cas de "vagabondages" de la part de certaines grandes dames qui "s’évadent" à Djeddah le temps d’un pèlerinage. Il faut déplorer que contrairement aux autres pays jouissant de gigantesques cars, la délégation sénégalaise n’a droit qu’à de "petits" bus. D’où les nombreuses bousculades à l’entrée des sites d’hébergement ou de pèlerinage provoquant des blessés. La discipline de la mise en rangée ne faisant pas manifestement de nos habitudes. …