L’ONUDC AUX TROUSSES DES PASSEURS DE MIGRANTS
NOUVELLE STRATEGIE REGIONALE CONTRE LES TRAFICS HUMAINS
La messe est dite. L’Office des Nations unies pour la drogue et le crime (Onudc) va droit au but dans sa nouvelle stratégie régionale de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants lancée hier. Il s’agit d’aller directement à la traque des passeurs et des trafiquants qui organisent ces filières de trafics illicites.
Rien que durant les sept premiers mois de 2015, près de 2000 migrants ont péri en mer Méditerranée, suite au naufrage de leurs embarcations dans une tentative pour rejoindre l’Europe. Et chaque semaine, malgré ces dégâts, pas moins de 5000 migrants transitent par le Niger pour rejoindre les côtes de la mer Méditerranée dont la plupart sont des ressortissants de la région de l'Afrique de l’Ouest et du Centre. Le constat est alarmant, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) appréhende les chiffres et déroule son plan de riposte.
En Effet, l’organisation a sorti, hier, une nouvelle stratégie régionale pour «barrer la route aux trafiquants d’êtres humains et aux passeurs de migrants», couvrant la période 2015-2020. Il s’agit d’un document de six axes d’interventions qui tournent autour des lois nationales et des documents d’orientation stratégique pour combattre le trafic des personnes et le trafic illicite de migrants. Soit une opération d’un coût global de 24,7 millions de dollars pour les cinq prochaines années.
Les trafics de personnes, c’est 23 milliards de profit annuel
D’après Pierre Lapaque, représentant régional de l’Onudc pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les profits générés annuellement par ces formes de criminalités sont estimés à plus de 23 milliards de francs Cfa pour la traite des personnes et à plus de 150 millions de dollars pour le trafic illicite de migrants.
«Ces victimes sont trompées, abusées par de fausses promesses et ainsi transformées en objets d’exploitation», a déploré Pierre Lapaque pour qui, «plus de 100 ans après l’abolition de l’esclavage, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas, assister impassibles à l’exploitation éhontée de personnes par d’autres personnes».
«Dans cette perspective, il est urgent de mettre en place des cadres permettant de lutter contre les réseaux de passeurs et trafiquants qui organisent ces filières de trafics illicites», a indiqué M. Lapaque.
20 000 migrants identifiés en Italie au mois de juillet
Aussi, et selon Lamine Daffé, un de experts de l’Onudc, ces trois dernières années, il a été constaté une nette augmentation de la migration irrégulière. «Rien qu’au mois de juillet, les autorités italiennes ont identifié 20 000 migrants et 90% d’entre-eux sont des Subsahariens, en provenance du Sénégal, du Niger, du Mali ou de la Gambie», a souligné M. Daffé qui note que parmi les 19 Etats sur les 26 de l’Afrique du Centre et de l’Ouest qui ont ratifié le protocole sur la traite des personnes, seul le Niger dispose en plus d’une loi sur le trafic des humains.
De son côté, Cheikhou Cissé, le Secrétaire général du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, a rappelé que le Sénégal a déjà son cadre juridique permettant de combattre ce fléau. Toutefois, il est d’avis que les solutions adoptées au sein de chaque Etat membre des différentes régions d’Afrique ne sauraient suffire pour anéantir les trafics de migrants. D’où son appel pour une synergie interétatique afin de démanteler les réseaux de ces criminels.