L’ÉTAT ET LE SYNDICAT DE ALASSANE NDOYE AU BANC DES ACCUSÉS
DÉMARRAGE TARDIF DE LA GARE DES BAUX MARAÎCHERS
Annoncée a maintes reprises, l’ouverture de la gare routière des Baux maraîchers tarde à être effective. La faute au syndicat de Alassane Ndoye qui s'oppose toujours aux conditions d'exploitation du repreneur Mbaye Sarr de Senecartours. En revanche, Gora Khouma du syndicat des travailleurs du transport routier du Sénégal et Djibril Ndiaye de AFTU, militent pour l'ouverture de la gare et demandent à l’État de prendre ses responsabilités.
La gare des Baux maraîchers tarde toujours à ouvrir ses portes. Et les gares routières de Colobane et de Pompiers, qui devaient être fermées avec le démarrage de la nouvelle gare, continuent de fonctionner.
Pourtant, à plusieurs reprises, les autorités ont annoncé l’ouverture de la gare sise à Pikine. D'abord, c'est le ministre des Transports terrestres et du Désenclavement, Thierno Alassane Sall (photo), qui avait annoncé son ouverture pour le 6 août 2013. Ensuite, c’était au tour du secrétaire général dudit ministère, Jean Aubin Sagna, de déclarer dans une interview paru dans le journal le Quotidien, que “l’ouverture de la gare est imminente.
Elle est prévue en mi-mars”. Jusqu’à présent cette volonté des autorités en charge du transport terrestre reste à l’état de vœu pieux. Interpellé sur le démarrage tardif de la gare, le directeur général du Conseil exécutif du transport urbain de Dakar (CETUD) soutient que tout est fin prêt pour l’ouverture des Baux maraîchers. Selon M. Alioune Thiam, ses services sont à l’écoute des autorités qui “vont prendre les dispositions nécessaires et fixer la date d’ouverture”. Toutefois, explique-t-il, il y avait quelques travaux qu’il fallait achever, “mais ces travaux n’empêchent pas la gare d’être ouverte”.
Ce blocage, le Syndicat national des transporteurs du Sénégal y est pour quelque chose et son secrétaire général, Alassane Ndoye, par ailleurs député à l’assemblée nationale, ne s'en cache pas . Son syndicat, dit-il, est contre l’ouverture de la gare des Baux maraîchers. Et Alassane Ndoye de rappeler :
“L’État avait lancé un appel d’offres pour confier la gestion de la gare routière à un privé. Nous avions soumissionné. Et c'est Mbaye Sarr de Senecartours qui a gagné le marché. Mais il veut imposer des conditions qui ne sont pas dans le cahier de charges. Par exemple, il a dit que tous ceux qui n’ont pas de permis de conduire ne vont pas accéder à la gare, où il n’y aura que les chauffeurs et les passagers”.
Face aux conditions imposées par le repreneur, le syndicat dirigé par le député Alassane Ndoye s'oppose à l'ouverture de la gare des Baux maraîchers. “ Si Mbaye Sarr veut imposer quelque chose, il n’a qu’à ouvrir son garage privé”, fustige-t-il. Toutefois, M. Ndoye ne voit pas d'un mauvais œil la gestion de la nouvelle gare par Mbaye Sarr.
Alassane Ndoye ne représente pas les transporteurs
Si le syndicat du député Alassane Ndoye est contre les mesures prises par le repreneur privé, tel n'est pas le cas du Syndicat des travailleurs du transport routier du Sénégal que dirige Gora Khouma. Pour ce dernier, le règlement d’exploitation de la gare ne porte aucun préjudice aux chauffeurs.
“Comme Alassane Ndoye, j'étais au début contre les conditions du repreneur mais quand j’ai lu le règlement d’exploitation, je suis revenu à de meilleurs sentiments. J'ai alors saisi les responsables syndicaux de toutes les régions pour leur expliquer les tenants et les aboutissants”, révèle Gora Khouma pour qui il est temps que les autorités ouvrent la nouvelle gare. Ce sentiment est partagé par le secrétaire général de l’Association pour le financement des transports urbains (AFTU), Djibril Ndiaye, par ailleurs président du GIE Diamaguène.
A l'en croire, aucun transporteur digne de ce nom ne s'oppose à l’ouverture de la gare routière des Baux maraîchers. “Ceux qui s’y opposent, par contre, ce sont des syndicalistes et des rabatteurs qui veulent continuer à prendre des taxes de manière informelle”, dit-il, avant de demander au ministre du Transport de prendre ses responsabilités.
En d’autres termes, Djibril Ndiaye invite les autorités à ouvrir la nouvelle gare routière. Qui constitue à ses yeux la case de départ d'une bonne réorganisation du secteur des transports urbains. “Le principal problème, c'est qu'on a fait croire au ministre Thierno Alassane Sall que Alassane Ndoye représente les transporteurs. Ce qui n'est pas le cas. Alassane Ndoye ne représente pas les transporteurs. Il représente un syndicat. Au contraire, il rame à contre-courant des transporteurs”, peste-t-il. Quoi qu'il en soit, la gare routière des Baux maraîchers n'est pas encore fonctionnelle. Au grand dam du repreneur Mbaye Sarr. (voir par ailleurs)
Mbaye Sarr gestionnaire de la gare des baux maraîchers
“Le principal facteur de blocage, c’est les coxeurs”
La gare des Baux maraîchers va amener une rupture dans la manière de gérer les gares au Sénégal. Dans cette nouvelle gare, il n’y aura ni rabatteurs, ni marchands ambulants. Ce qui n’est pas au goût des coxeurs, qui, selon le patron de Senecartours, constituent le principal obstacle à l’ouverture de la gare.
P ar ailleurs, même si la gare tarde à s’ouvrir, ce n’est pas la faute au gestionnaire, M. Mbaye Sarr. Ce dernier informe par ailleurs que le personnel est déjà en place depuis le mois de juin 2013. “On a mobilisé une équipe pour le nettoiement, la sécurité. Le système informatique est installé ainsi que toute la sonorisation nécessaire et la vidéo surveillance. L’eau, l’électricité, tout est fin prêt”, renseigne le patron de Senecartours. Les coxeurs (rabatteurs), constituent le seul facteur de blocage”, soutient-il.
Poursuivant son propos, il pense que “ces rabatteurs, qui font la pluie et le beau temps dans les grandes gares de la capitale, sont contre l’ouverture de la gare des Baux maraîchers. Car, ils risquent de perdre leur business et ils font tout pour sauvegarder leurs intérêts”. Quid des accusations de Alassane Ndoye ? Mbaye Sarr dit ne pas y accorder beaucoup d'importance. “Je ne fais que respecter ce qui est dans le cahier de charges. Je ne vais pas polémiquer avec lui, je n'accorde pas trop d'importance à tout ce qu'il dit”
De l'avis du PCA de Senecartours, la nouvelle gare des Baux maraîchers répondra aux normes internationales avec des restaurants standard, des cantines et toute la sécurité qu’il faut. “Il n’y aura ni coxeur, ni marchand ambulant dans la gare. On ne va pas reproduire ce qui se passe à Pompiers”,
soutient Mbaye Sarr, qui déplore déjà un manque à gagner de 18 millions F CFA par mois. Et pour cause, depuis bientôt un an, Senecartours a commencé l’exploitation avec l'engageant d'une société de gardiennage et d’une société de nettoiement. Il s'y ajoute que des jeunes seront recrutés pour le pesage des bagages. Chaque mois, dit-il, “je débourse environ 18 millions de F CFA pour payer le personnel et les taxes. Et cela depuis juin 2013, alors que la gare n'est pas encore fonctionnelle”, déplore-t-il.
L'appel d'offres de la discorde
La gestion de la gare des Baux maraîchers a été confiée à Sen Transco. Cette société, filiale du groupe Senecartours a gagné ce marché à la suite d’un appel d’offres. Cependant, la délégation de la gestion de la gare à Sen Transco est loin de plaire à certains syndicats du secteur du transport. Ainsi, le secrétaire général du Syndicat national des transporteurs du Sénégal avait déposé un recours en annulation de l’appel d’offres auprès de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Finalement, le recours n’a pas prospéré et Sen Transco, dirigée par le président du Conseil d'administration de Senecartours, Mbaye Sarr, a gagné le marché