MACKY AVERTIT WADE
MISE EN GARDE CONTRE TOUT TROUBLE À L'ORDRE PUBLIC
Le président de la République se montre ferme. Macky Sall ne laissera pas l’ordre public perturbé et le désordre s’installer au retour de Abdoulaye Wade, demain mercredi 23 avril, quasiment deux ans après son départ du Sénégal. Le chef de l’Etat l’a confié tout récemment à des proches. Son prédécesseur et les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) sont avertis.
Macky Sall est outré que Abdoulaye Wade manque de retenue et de tempérance dans ses propos et son attitude. Contrairement à Abdou Diouf après sa défaite électorale du 19 mars 2000. En quatorze ans, confie le Président Sall à des proches, «Abdou Diouf n’a jamais critiqué la gestion de son successeur et ne s’est jamais exprimé sur la situation du Sénégal. Il s’est toujours comporté en homme d’Etat.»
Conséquence : ses séjours au Sénégal se sont toujours passés le plus normalement et le plus élégamment possible. Il bénéficie de tous les égards dus à un ancien président de la République : protocole, voiture, sécurité, personnel domestique, etc. Et cerise sur le gâteau, il était toujours reçu avec déférence par son successeur Abdoulaye Wade et l’est par l’actuel Président Macky Sall. Mieux, en novembre prochain il sera honoré par Macky Sall à l’occasion de la fin de son mandat à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) et du Sommet de la Francophonie prévu pour la deuxième fois au Sénégal.
Entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, il est à craindre qu’il n’y ait jamais ces civilités. La faute au seul Wade, selon l’entourage du Président Sall. Depuis un an que son fils Karim est en prison, Abdoulaye Wade s’est plusieurs fois exprimé sur son incarcération et l’a déjà blanchi avant que la justice sénégalaise ne prononce sa sentence. C’était le cas lors de son séjour à Abidjan le 17 décembre dernier, alors qu’il était invité par la Fédération africaine des associations et unions des juristes africains (Fa-uja) pour disserter sur le thème : «Le jeune avocat au service du développement de l’Afrique».
Très virulent alors, Wade disait entre autres : ‘’Le seul délit qu’on peut lui reprocher, c’est le délit d’être le fils d’un président. En Afrique, c’est un délit’’. Ce fut le cas aussi le 28 février dernier, dans une interview exclusive accordée au quotidien «La Tribune», peu après la fin de la tenue du Groupe consultatif de Paris couronné par un succès éclatant.
L’ancien Président, toujours Secrétaire général national du Pds, y critiquait vertement la gestion de son successeur et évoquait la traque des biens mal acquis, particulièrement les dossiers de Karim Wade et Aïda Ndiongue, pourtant pendants devant la justice.
«Karim Wade est victime d’un complot. Il est blanc comme neige», y disait-il entre autres. C’est à présent seulement que le dossier d’instruction de son fils Karim Wade a été clôturé. Et oubliant tous ses autres «fils» (Thierno Ousmane Sy, Abdoul Aziz Diop et Cheikh Diallo) et «filles» (Aïda Ndiongue et Ndèye Khady Guèye), Abdoulaye Wade daigne revenir à Dakar et battre le rappel des troupes.
Un accueil grandiose lui sera réservé par le Parti démocratique sénégalais (Pds) et presque tous les opposants, à la notable exception de Idrissa Seck et de Rewmi. Après son arrivée prévue demain à 14 h, il pourrait tenir meeting à la Place de l’Obélisque ou organiser une grand-messe à la permanence de son parti sur la Vdn. Comme du temps de sa splendeur d’opposant des années de braises.
Ce qui offusque le Président Macky Sall. «Wade a un retard d’un quart de siècle. Il se croit encore en 1988 quand il était grand opposant et que tous les jeunes l’adoraient», aurait dit le chef de l’Etat à des proches. «Qu’il se comporte correctement ! Autrement, il faudra qu’il sache que force restera à la loi». Dans des cas de violation de la loi, il sera donc considéré comme un citoyen ordinaire passible des foudres de la loi. Un homme averti…
Et pourtant, ce ne sont pas les égards de l’actuel Président qui manquent à l’endroit de son prédécesseur. «Il disait avoir été privé de salaire pendant un an. Et pourtant, son salaire a été multiplié par cinq et il dispose de la sécurité et d’un personnel payé par l’Etat», assure-t-on du côté du Palais.
Dans le document «Règlement des indemnités de l’ancien président de la République Monsieur Abdoulaye Wade», le ministère de l’Economie et des Finances démentait les allégations de l’ancien Président. On y apprend que «d’avril 2012 à mars 2013, il a été viré dans le compte n° A11914300024 BICIS, ouvert au nom de Monsieur Abdoulaye Wade, ancien président de la République du Sénégal, le montant mensuel de 2.000.000 FCFA au titre de dotation prévue pour les anciens présidents de la République du Sénégal.
Ce compte mentionné ci-dessus est celui dans lequel les salaires du Président Wade étaient virés, sur sa demande, lorsqu’il était en activité.
N’ayant pas demandé un changement du mode de règlement avec, le cas échéant, une attestation de clôture de compte, ses indemnités liées à son statut d’ancien Président ont continué à être virées dans ledit compte.(…)
A la date du 28 février 2013, aucun changement n’est intervenu dans le mode de règlement de la dotation de Monsieur Abdoulaye Wade, ancien président de la République qui, suite à la revalorisation des indemnités allouées aux anciens Présidents de la République, reçoit en moyenne la somme de 9.700.000 FCFA par mois».
Ce sont donc toutes ces déclarations de Wade loin de toute élégance républicaine, qui heurtent le Président Macky Sall. Un Wade si loin de la posture adoptée par Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et d’un certain géant nommé Nelson Mandela.