MACKY SERMONNE SES PARTISANS
LE CHEF DE L'ÉTAT MAINTIENT SON ENGAGEMENT DE RÉDUIRE SON MANDAT DE 7 À 5 ANS
Ceux qui s'attendent à voir le Président Macky Sall renier ses principes n'ont qu'à déchanter. Avant-hier, lors de sa rencontre au Palais avec certains de ses fidèles compagnons et proches collaborateurs, le chef de l'Etat s'est voulu intransigeant, notamment sur la question de la réduction de son mandat.
Le Président Macky Sall, entouré du noyau d’une trentaine de ses fidèles compagnons et certains de ses plus proches collaborateurs. Cela se passait samedi au Palais autour d’un déjeuner qui s’est éternisé de 15h à presque 22h, la nuit. Parmi les compagnons du chef de l’État, Mbaye Ndiaye, Mahmout Saleh, Marième Badiane, Aminata Tall, Mariama Sarr, Diène Farba Sarr, Djibril War, Benoît Sambou, Mbagnick Ndiaye, Farba Ngom, Abou Lô, Thérèse Faye Diouf, Seydou Guèye, Abdou Latif Coulibaly… Au rang de ses proches collaborateurs : le Premier ministre Mohamed Dionne, le ministre-directeur de Cabinet Makhtar Cissé.
À l’origine de cette initiative, informent nos sources, une volonté de la Première dame d’inviter à déjeuner certains proches de son mari de Président. Qui a donc décidé de transformer cette rencontre en une opportunité de retrouvailles. D’ailleurs, confient nos interlocuteurs, Marième Faye s’est éclipsée après avoir partagé le déjeuner avec ses invités. Laissant l’assemblée discuter des problèmes politiques et étatiques.
En ouvrant les échanges, Macky Sall a donné le sens de la rencontre, des «retrouvailles entre amis, compagnons et collaborateurs», avant de passer à la situation nationale et celle dans son propre parti. Il en a profité pour exhorter ses partisans à «continuer à faire preuve d’engagement et de sens de solidarité entre eux, mais aussi avec tous (les) compatriotes».
À sa suite, plusieurs interventions ont été notées. Celle du Premier ministre a porté sur le Plan Sénégal émergent, une façon d’en favoriser une meilleure appropriation. Le directeur de Cabinet du Président a axé son intervention sur l’Etat, ses responsabilités et le cérémonial qui l’accompagne. Ensuite, viendra un tour de table au cours duquel la question de la durée du mandat a été posée par beaucoup d’intervenants.
«Il faut s’en tenir aux engagements déjà pris et limiter le mandat à 5 ans»
Sur la question, une nette majorité s’est prononcée contre la réduction à 5 ans, à l’exception de Thérèse Faye Diouf, directrice de l’Agence nationale de la Case des Tout-petits. La benjamine de l’Assemblée nationale a mis en avant les valeurs morales liées à l’engagement proclamé par Macky Sall et demandé que les 5 ans soient respectés.
Réagissant à cette interpellation, le Président a confié qu’en prenant l’engagement de réduire son mandat à 5 ans dans l’entre deux tours, il était conscient que l’application ne serait pas facile, après que les gens ont déjà goûté aux délices du pouvoir. Il a reconnu aussi qu’il s’attendait à ce qu’on tentât de le dissuader de respecter son engagement. Mais, il ne reculera pas. Il dit : «Notre grandeur réside justement dans notre capacité à renoncer au confort et aux privilèges. Si nous faisons de la fixation sur nos positions actuelles au point de nous renier publiquement, nous nous révélerons sans grandeur et ce n’est pas la marque caractéristique des leaders et des responsables.» Macky Sall d’ajouter : «Il faut s’en tenir aux engagements déjà pris et limiter le mandat à 5 ans.»
Comme pour rassurer ses partisans opposés à la réduction de son mandat, le chef de l’État clame sa conviction de pouvoir gagner la présidentielle sans difficulté en 2017. Cependant le leader de l’Apr dira à ses compagnons que si d’aventure, il devait perdre, ce n’est pas une raison de se dédire et qu’en ce qui le concerne, «l’idée de devoir quitter la Présidence un jour, quelle que soit l’échéance, ne (le) fait pas peur car seul Dieu est éternel».
À propos de la gestion de l’État, Macky Sall a insisté sur la nécessité de respecter les ressources publiques. Non sans tancer ses camarades qui se plaignent souvent de problèmes de moyens pour justifier leurs défaillances face à leurs obligations. Il a insisté pour dire que «c’est une vision erronée de penser que les moyens doivent être mis en avant dans l’action politique» et leur a rappelé qu’ils ont conquis le pouvoir sans moyens. «Que l’on arrête de se plaindre de moyens, a-t-il martelé. Les choses ont changé dans ce pays, et il y a des pratiques qui ne peuvent plus avoir cours. Il faut plus de respect pour les ressources publiques qui appartiennent à toute la nation et non à un groupe politique, quel qu’il soit. Les moyens qui empruntaient des chemins obscurs vers des destinations toutes aussi obscures ont été redirigés vers les populations à qui ils appartiennent légitimement et qui doivent donc en profiter.»
Macky Sall a aussi ajouté qu’il n’a pas à sa disposition des ressources inépuisables dont il use à sa guise. Ses moyens, a-t-il dit, sont limités et il est obligé de hiérarchiser les préoccupations qui mobilisent ces moyens. Mieux, a-t-il insisté, en tant que Président, il s’interdit certaines pratiques telles que vendre le patrimoine foncier national à son compte personnel, prendre des commissions sur des investisseurs.
Revenant aux problèmes purement politiques, le chef de l’État a rappelé à ses compagnons la nécessité de trouver un point d’équilibre entre le souci d’élargir le parti et l’importance de gérer les alliances. Il a reproché à certains d’entre eux de s’être éloignés des cadres d’alliance et de compagnonnage originel que sont «Macky 2012», «Benno bokk yakaar» et le M23, les sommant de veiller à maintenir les bons rapports avec ces cadres.