MAMADOU KASSÉ HANNE GROSSIT LES RANGS DES ''EXILÉS VOLONTAIRES'' AFRICAINS
CHANGEMENT DE NATIONALITE SPORTIVE
Le spécialiste sénégalais du 400 m haies a annoncé sa naturalisation française qui lui a, de facto, fait renoncer à la nationalité sportive sénégalaise. Pour l’heure, Mamadou Kassé Hanne n’a toujours pas communiqué sur ses motivations. Avec cette décision, il emboite le pas à quelques-uns de ses compatriotes et athlètes africains qui ont fait le même choix avec des fortunes diverses.
La nouvelle est tombée au moment où l’on s’y attendait le moins, au moment où les responsables de l’athlétisme national et au-delà même attendaient avec impatience le retour de Mamadou Kassé Hanne à la compétition après quelques mois passés en dehors des pistes pour cause de blessure.
Pressenti, à juste titre, comme le porte étendard de l’athlétisme sénégalais après la retraite de la championne du monde 2001 du 400m plat en 2012, le spécialiste du 400 m haies a troqué le drapeau vert-jaune-rouge et l’hymne sénégalais contre le bleu- blanc-rouge français et la Marseillaise pour lui être désormais hissé et chantée au terme de chacun de ses tours de pistes victorieux.
En termes plus clairs, le hurdler a renoncé à la nationalité sportive sénégalaise pour défendre désormais les couleurs de la France. Après avoir râlé pendant près d’une année pour solliciter plus de « soutien l’Etat », il a finalement franchi le Rubicon.
Pourtant, des sources renseignent que sa situation était en phase de règlement puisque le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) avait enfin consenti à lui octroyer une bourse de la Solidarité olympique en perspective des Jo « Rio 2016 » au même titre qu’Amy Sène (lancer du marteau) et Amadou Ndiaye (400 mètres haies) qui comptent parmi les meilleurs espoirs de l’athlétisme national.
Un goût d’inachevé avec le Sénégal
Kassé Hanne snobe donc le Sénégal pour la France. Pourtant, il est loin d’avoir été étincelant sous ses désormais anciennes couleurs. Car, en Afrique, il a remporté 3 médailles aux Championnats continentaux (une en argent en 2012 à Porto- Novo et deux autres en bronze à Nairobi en 2010 et avec le relais 4x400m sénégalais en 2008 à Addis-Abeba).
Des performances auxquelles s’ajoutent une médaille d’or aux Jeux de la Francophonie de Nice (2013) et une 3ème place aux Championnats d’Afrique juniors de Radès en 2005 avec le relais 4x400m.
Avec ces faits d’arme, l’athlète ne peut pas se prévaloir d’une prouesse énorme qui pourrait attirer l’attention sur lui. Mais des présomptions de belle performance ont dû décider ses désormais responsables (français) à l’enrôler.
Car, en 2012, il a disputé les demi-finales des Jeux olympiques de Londres (48’’80), signant par l’occasion, la meilleure performance sénégalaise à ses joutes.
Puis 2013, il a apporté la confirmation puisqu’il a signé, à Rome, ce qui était alors la 4ème meilleure performance mondiale de l’année de la spécialité (48’’56) ; ensuite il a battu son record personnel avec un chrono de 48’’50 établi le 19 juillet lors de la réunion d’athlétisme de Monaco.
L’arrivée de Kassé Hanne dans ses rangs pourrait permettre de combler un vide pour la France en manque de têtes d’affiches dans les haies basses où, depuis le sacre mondial de Stéphane Diagana en 1997, elle a du mal à briller. (Même si les haies hautes sont bien loties avec Pascal Martinot-Lagarde qui truste avec les sommets européens et mondiaux). En atteste la victoire de Kassé Hanne lors des championnats de France de 2013 face aux spécialistes locaux.
Avoir ce talent dans ses rangs devrait permettre à l’athlétisme français de s’affirmer un peu plus et porter la réplique à la Grande Bretagne qui règne en maître dans la spécialité en Europe.
Mais la France devra attendre avant de pouvoir aligner sa nouvelle recrue sur une piste dans une compétition internationale. Car, avec le règlement de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (Iaaf), le nouveau naturalisé devra attendre assez longtemps.
« Si l’athlète acquiert une nouvelle nationalité, il pourra représenter sa nouvelle fédération membre de l’Iaaf dans une compétition internationale, organisée selon la règle 1-1, a,b,c,foug, mais pas avant la période de 3 ans, à compter de la date d’acquisition de la nouvelle nationalité, consécutive à la demande de l’athlète ».
Une disposition qui exclut d’office le néo-Français des deux rendez-vous majeurs pour lesquels il a toujours crié sous tous les toits pour être appuyé par les autorités fédérales et/ou étatiques : les Championnats du monde de Pékin en 2015 et surtout, les Jeux olympiques de Rio en 2016. A moins que les deux fédérations (française et sénégalaise) conviennent d’un arrangement.
Ce qui semble improbable si l’on se fie à la réaction outrée du président la Fsa qui trouve « inélégante, irrespectueuse et déloyale », l’attitude de l’athlète. Même si le Sénégal arrivait à accepter cet arrangement, le rendez-vous majeur de 2015 est déjà compromis puisque la durée de trois ans est réduite d’une année par une récente mesure de l’Iaaf, comme pour lutter contre la fuite des talents.
Elle stipule que « cette période peut être réduite à 12 mois (un an), si les fédérations membres concernées y consentent ».
Même si une autre interprétation de ce même règlement est en faveur de l’athlète, puisqu’il dit que ce dernier est immédiatement opérationnel « s’il a résidé dans le pays (ou territoire) dont il a acquis la nationalité pendant une période continue de 3 ans immédiatement avant la compétition internationale en question ».