MATAM: LA PRODUCTION DE PHOSPHATE EN PHASE DE TEST
L’exploitation des phosphates de Ndendory a entamé sa phase de test depuis juin. La société qui exploite les gisements prévoit d’en extraire un million de tonnes par jour. La localité pourrait également abriter une usine d’engrais. Les bénéfices sociaux et les impacts sur l’environnement préoccupent, mais les responsables de la société rassurent et promettent des infrastructures.
Zone à fort potentiel agricole et pastorale, le Nord du Sénégal n’est pas non plus dépourvu de substances minières. L’évocation de Ndendory, dans la région de Matam, renvoie désormais automatiquement au phosphate. Les premiers indices de présence de phosphate ont été révélés vers 1936, mais l’exploitation a démarré sa phase de test en juin dernier. Sur place, les premiers échantillons ont été exposés par les ingénieurs de la Société minière de la vallée du fleuve Sénégal (Somiva) lors de la tournée économique de Macky Sall. Les extraits doivent être homogènes avant le début de l’exploitation, explique-t-on. Pour cela, l’installation d’une première usine est prévue sous peu. "Nous avons fait 161 forages qui ont confirmé la minéralisation assez intéressante du point de vue de la durée de vie du phosphate", confie Edouard Diagne, ingénieur de la Somiva.
Souvent destiné à l’exportation, le phosphate de Ndendory pourrait aussi assurer un bel avenir à l’agriculture sénégalaise. "Il peut y avoir plusieurs destinations du phosphate. Soit on l’exporte soit on prévoit un usage pour l’agriculture nationale", ajoute-t-il. Comme dans toutes exploitations minières, les éventuelles agressions à l’environnement préoccupent les habitants. Ndendory n’est pas une exception, mais le responsable de l’usine tente de rassurer. "Une étude d’impact environnemental a été effectuée avant l’ouverture de la mine. Cela nous a permis de prévoir la réhabilitation de l’environnement", indique Edouard Diagne.
Un million de tonnes par jour
Pour le directeur de la Somiva, les capacités de production de phosphate sont estimées à un million de tonnes par jour. Avec une telle performance, Ibrahima Sarr envisage de faire de Matam future "une région minière".
Concernant les aspects sociaux, Ibrahima Sarr confirme que des projets sont prévus. "Nous allons offrir des infrastructures aux populations avant le démarrage. Nous leur avons demandé les types d’infrastructures qu’elles souhaitent avoir", promet-il devant Macky Sall. La Somiva s’est engagée à investir chaque année 655 millions francs pendant 25 ans sur des infrastructures sociales. L’entreprise a affiché les plans de construction d’une école primaire et d’une case des tout-petits. Sous l’acception de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), les sociétés minières et celles d’autres secteurs, pour se faire accepter des populations environnantes conçoivent des projets répondant aux besoins sociaux de ces dernières. Les exploitants miniers, notamment, sont parfois contraints de s’y conformer sous peine de provoquer de vives résistances à leur activité. Dans les recrutements de la société, les jeunes de la localité seront prioritaires, selon le directeur. "Nous avons demandé aux populations de se former pour accéder à l’emploi. Quand il y a des candidats à qualification égale, nous prendrons les gens de Matam", s’engage-t-il.
Usine d’engrais
Cheikh Amar dont l’entreprise TSE est présente sur les sites d’exploitation du gisement de phosphate de Ndendory a informé de la construction d’une usine d’engrais. La présence d’une entreprise privée nationale dans le secteur minier aussi lucratif que coûteux est louable, mais M. Amar a demandé l’assistance technique. C’est d’ailleurs à travers ce modèle de transfert technologique que les pays asiatiques aux sous-sols riches de mines ont réussi à s’approprier l’exploitation de leurs gisements par leurs propres entreprises.
Moins connu que le phosphate, le basalte, un minerai qui renferme du fer massif, est également exploité dans la zone nord. Mais si les responsables de la Somiva ont grandement ouvert leurs portes, ceux de l’Entreprise Mapathé Ndiouck (EMN) à charge d’exploiter cette mine, ont interdit l’accès de leur site à la presse. Seul le cortège présidentiel a été autorisé à entrer dans l’exploitation, le convoi des journalistes étant gentiment dévoyé par deux gendarmes aux ordres.