MBORO MARCHE POUR DES SOLUTIONS À SES PROBLÈMES
EAU, ELECTRICITE, EMPLOI, DECOUPAGE...
A moins de trois semaines du conseil des ministres décentralisé à Thiès, des populations de Mboro ont fait une marche de protestation et de sensibilisation à l’endroit du président de la République samedi pour tirer la sonnette d’alarme sur leur avenir.
Mboro est une ville connue pour sa production de légumes, sa place dans la pêche artisanale car située sur la façade Atlantique. Mais depuis 1959, l’installation d’une compagnie d’exploitation des phosphates de chaux a fini de lier l’histoire de Mboro à l’activité minière.
Dans cette zone, la nappe phréatique affleure mais jusqu’à présent une bonne partie des populations de Mboro n’a pas accès à l’eau potable. Sur les 27 quartiers où vivent environ 40 000 habitants, seuls sept sont correctement pourvus en eau potable et en électricité.
« Le reste des populations boit l’eau des puits de fortune revendue par des charretiers qui transportent le liquide précieux dans des fûts », déplore Pierre Hamet Bâ, un des prétendants à la mairie de Mboro. Même le lycée Taïba – Ics de Mboro souffre d’un manque d’hygiène grave à raison de son manque d’eau courante.
Tout au long de la procession partie du marché de Mboro jusqu’au portail de l’hôtel de ville, les populations ont dénoncé « l’inertie » dans laquelle leur ville est installée depuis des décennies. Outre les problèmes d’accès à l’eau et à l’électricité pour l’écrasante majorité, elles dénoncent aussi le manque criant d’infrastructures.
« A Mboro, il n’y a pas de centre de santé ; et même pour voir un docteur il faut faire 23 kilomètres pour se rendre à Tivaouane », déplore Nafi Ndiaye, une marcheuse.
L’incohérence constatée par les populations de Mboro qui ont vu leur façade maritime mise dans la communauté rurale de Darou Khoudoss est un point de revendication important pour les citoyens de la commune de Mboro.
« Nous prenons l’isolement de notre commune de la mer comme une injustice notoire à corriger au plus vite avec l’Acte III de la décentralisation, car nous voyons mal une commune ceinturée par une autre », ajoute-t-elle.
Revenant sur le cheminement de Mboro avec les industries chimiques du Sénégal, les populations soutiennent que même si la zone a profité plus ou moins de l’environnement économique, une évaluation rigoureuse montre que la ville de Mboro doit pouvoir être mieux lotie dans ce compagnonnage.
« Aujourd’hui, en termes de qualification et de disponibilité, la jeunesse de Mboro est loin de profiter des opportunités d’emplois qui s’offrent aux Ics ; or, à compétence égale le jeune de la localité est prioritaire », dénonce Pierre Hamet Bâ.
Selon lui, il urge de dire au chef de l’Etat, Macky Sall, qu’aux Ics, il y a une main d’œuvre non sénégalaise qui soutire à des ouvriers sénégalais compétents et aptes à occuper, les mêmes postes du travail.
« A l’heure de la mondialisation où la crise économique est la chose la mieux partagée, il est anormal que notre pays contribue à résorber le chômage d’autres pays fussent-ils des partenaires » assène-t-il.
Sur la même lancée, Elène Sarr note qu’au bon vieux temps, tous les journaliers sont payés en fin de semaine mais présentement certains peuvent rester trois mois sans percevoir un franc.
« A Mboro, il n’y a ni banques ni routes secondaires. En cas d’urgence médicale, les risques sont multipliés faute de pouvoir bénéficier d’une évacuation rapide sur Tivaouane, ville distante de 23 kilomètres » fulmine- t-elle.