VIDEOMULTIPLE PHOTOSMENSONGE ORGANISÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ESCLAVAGE EN MAURITANIE N'APPARTIENT PAS AU PASSÉ
(Seneplus, Dakar) - Malgré son abolition officielle et la loi le condamnant, l’esclavage est toujours pratiqué en Mauritanie. Il concerne actuellement 4% des 3,8 millions d’habitants du pays. Des hommes et des femmes au service de leurs maîtres, qui décident de leur sort comme on disposerait de son turban ou de son chameau. La preuve par les deux vidéos de l’association "SOS esclaves Mauritanie" tournées loin de la capitale, Nouakchott. Dans la confidentialité de la brousse. Les extraits proposés ici par "Gorée Cinéma" racontent le sort, aussi triste que choquant, réservé aux populations noires.
Dans l’une, Habbi, une jeune femme portant négligemment son enfant dans les bras, s’oppose farouchement à la volonté de son frère de la délivrer des chaînes de l’esclavage. Au gendarme lui demandant si elle est bien une esclave, histoire d’avoir la preuve pouvant fonder son intervention, elle répond par la négative et qu’elle n’ira nulle part. Syndrome de Stockholm ? Peur de représailles ?
Habbi n’est pas la seule dans cette situation de "docilité". Dans l’autre vidéo, une femme d’âge avancé, exhibe avec fierté son acte de libération. Une simple feuille de papier sur laquelle son "maître" matérialise la décision de l’affranchir par quelques mots et une signature. Elle est persuadée de la légalité de ce traitement. Aux bourreaux, les victimes reconnaissantes.
Ces deux femmes ont visiblement rendu les armes devant l’inacceptable, mais elles ne sont pas responsables de leur situation. Elles sont les victimes innocentes d’un mensonge selon lequel les Mauritaniens ne naissent pas égaux. Mensonge orchestré et entretenu par un État hypocrite, qui fait croire au monde que l’esclavage appartient au passé. La réalité est tout autre.
Cette problématique sera au centre du débat du "Diisoo Cinéma", une plateforme d’échanges et de discussions qui réunira, samedi prochain à partir de 15 heures à Gorée, cinéastes, écrivains, experts et journalistes, dans le cadre de la deuxième journée du festival Gorée Cinéma.
Ce "sera l’occasion de faire la lumière sur les origines du combat contre l'esclavagisme, la ségrégation et l’oppression, que doit mener- en première ligne- le peuple mauritanien. À travers cette discussion et grâce aux invités, (les organisateurs du festival espèrent) à la fois se faire l’écho du travail de mémoire accompli par le film de Pierre-Yves Vandeweerd (Le Cercle des noyés) tout en ouvrant le débat vers une généalogie des conflits qui ravagent toute une région de l’Afrique subsaharienne".
En clôture de la journée du samedi, Le Cercle des noyés sera projeté dans la soirée sur la plage de Gorée à partir de 20h30.