Mondial-2018: le racisme, l'autre grand chantier russe
Les stades pour le Mondial-2018 en Russie avancent globalement bien mais il y a un autre chantier plus préoccupant, celui de la lutte contre le racisme, dans un pays où ce type d'incidents survient "presque à tous les matches" selon Hulk, star brésilienne du Zenit Saint-Pétersbourg.
Vendredi dernier, le Championnat russe a débuté de la pire manière: le milieu de terrain ghanéen Emmanuel Frimpong a été expulsé pour avoir réagi de manière virulente à des injures racistes lors de la rencontre d'ouverture entre son équipe d'Oufa et le Spartak Moscou (2-2).
C'est loin d'être un épisode isolé. En 2014, des clubs de Moscou tels que le Spartak ou le Torpedo avaient été sanctionnés par la Fédération russe pour des chants racistes. En 2013, l'UEFA avait décrété une fermeture partielle du stade du CSKA Moscou, après des chants similaires visant Yaya Touré, milieu international ivoirien de Manchester City, lors d'un match de Ligue des champions.
Hulk a lui-même été victime de cris de singes de la part de certains fans du Spartak. "Ca arrive presque à tous les matches en Russie", confiait-il lundi à des agences de presse internationales. "Si cela arrivait pendant la Coupe du monde en Russie en 2018, ce serait vraiment scandaleux et moche".
"En Russie, ils ne donnent pas trop d'écho à tout ça. Ce qui me chagrine, c'est que le coach du Spartak n'a rien dit là-dessus", a poursuivi le Brésilien, qui sera un des assistants au tirage au sort du Mondial-2018 samedi à Saint-Pétersbourg.
"La reconnaissance par les autorités qu'il y a un problème est toujours un premier pas important dans la lutte contre le racisme", a commenté Iouri Boïtchenko, chef de la section anti-discrimination aux Nations Unies, dans le cadre d'une conférence de presse de la Fifa.
- "Justice laxiste dans les stades" -
"Nous avons eu une réunion avec les responsables du foot russe en vue de la Coupe du monde et le dialogue a été franc. Nous espérons qu'il n'y aura pas de déni, et je pense même que la reconnaissance de ces problèmes est en marche", a poursuivi Boïtchenko.
Et de regretter, au delà du simple cas russe: "Dans le monde, la justice (civile) est laxiste pour ces incidents dans les stades, alors qu'elle est ferme quand ils surviennent à l'extérieur".
La Fifa applique une politique de tolérance zéro envers discrimination et racisme. "Les sanctions (sportives) existent, elles sont fortes, et dans le cas d'une Coupe du monde, la surveillance commence dès les qualifications", rappelle Federico Addiechi, responsable du développement durable à la Fifa, fonction qui recouvre aussi une dimension éducative et sociale autour du foot.
"Mais souvent, à l'heure de porter les cas devant la commission de discipline, il manque des preuves, il nous manque un maillon. C'est dans ce domaine que nous pouvons améliorer des choses", expose ce responsable de l'instance mondiale du foot.
"Bien sûr, avec la Coupe du monde en Russie en 2018, il y a un +focus+ sur ces problèmes en ce moment, et nous suivons cela particulièrement. Nous avons d'ailleurs demandé à la Fédération russe de football de nous informer sur le cas du joueur (Frimpong) et ce avant le 28 juillet", ajoute-t-il encore.
"Ce serait naïf et arrogant de dire que la Fifa doit éduquer les Russes dans ce domaine avant la Coupe du monde. Notre rôle est de prévenir", développe encore M. Addiechi. "Nous ne pouvons pas éradiquer le racisme, mais nous espérons une influence positive de la Coupe du monde".