MÉMOIRES SÉLECTIVES
L’ancien chef de l’Etat a quand même anticipé sur les critiques sur son livre quand il dit : «(...) Le moment me semble venu de réveiller quelques souvenirs et de partager une partie de mon vécu, car je crains que, l’âge aidant, ma mémoire ne s’affaiblisse et que des faits qui sont encore clairs dans mon esprit ne se brouillent avec l’usure du temps. (...) Et tout est encore frais en moi.»
L’assassinat de Me Sèye en 1993 est bien sûr aussi frais que les faits qui datent de 1988 et avant, mais n’a pas assez de place dans ses mémoires. Diouf n’a pas «essayé autant que faire se peut de (se) remémorer» de ce fait pourtant «des plus marquants» de sa vie politique. «J’en ai certainement oublié, qu’on me le pardonne», argue-t-il.
C’est évident qu’il ne peut oublier Me Sèye, ce n’est pas évident qu’on le lui pardonne ! Dans L’Observateur d’hier, Djibo Leyti Kâ, répondant aux paragraphes le concernant des Mémoires de l’ancien Président, déclare :
«Abdou Diouf n’a qu’à parler des élections de 1988, nous avions tous reculé. J’en connais des choses. Quand on a tué Me Babacar Sèye, c’est lui qui m’a informé. J’étais aux Affaires étrangères. Dans un pays normal ou africain classique, il y aurait eu un coup d’Etat. C’était l’impasse. Il n’y avait plus de pouvoir. Il n’a qu’à parler de cela. En février 1994, j’étais ministre de l’Intérieur, il y a eu un vrai complot contre moi.» Tout n’a pas été dit !