"NOS CHEFS D’ETAT EN AFRIQUE MANQUENT DE LEADERSHIP"
PR. SAMBA BOURY MBOUP, ANCIEN AMBASSADEUR
Dans votre intervention, vous avez accusé certains chefs d’Etat africains d’être à l’origine de la situation d’insécurité dans leur pays. Expliquez-vous
Cheikh Anta Diop nous a appris que la sécurité précède le développement. Vous pouvez avoir les plus grands projets de développement, mais si vous n’êtes pas en mesure d’assurer la sécurité de vos frontières terrestres, maritimes, aériens, n’importe quel pays qui a une capacité militaire supérieure à la vôtre peut venir la remettre en question. La situation d’insécurité de notre continent n’est pas nouvelle. Nos dirigeants n’ont jamais pensé construire cette sécurité avec une capacité dissuasive. Ce n’est pas dans des micro-Etats que nous allons le faire. Cela pose la question de l’unité et de l’harmonisation de nos méthodes, de nos visions. Nos chefs d’Etat en Afrique manquent de leadership.
À qui la faute?
C’est la responsabilité du peuple qui doit se débarrasser de la plupart des actuels leaders. D’ailleurs, ils sont plus des gouvernants que des leaders. Car, un gouvernant est là pour ses intérêts, ceux de sa famille et de ses amis. Il se moque éperdument de la situation de détresse de son peuple. Alors qu’un leader a une vision, le souci d’assurer le bien-être à son peuple. Il est là pour servir et non pour se servir.
Vous avez déclaré que l’Afrique doit pouvoir financer toute seule sa sécurité. Comment ?
C’est un vieux débat. Quand j’étais ambassadeur (en Afrique australe) le président Wade avait lancé l’idée d’une convention qui consistait à prélever un dollar sur chaque gramme d’or, d’uranium ou sur chaque baril de pétrole. Cet argent permettrait de résoudre nos problèmes d’équipements, d’infrastructures. Mais on n’est pas allé loin. Dans la réunion du NEPAD, je disais qu’il est impensable que l’Union européenne, les Etats-Unis ou le Japon viennent financer les infrastructures lourdes. Ce sont des concurrents potentiels. L’Afrique est le centre de la géopolitique mondiale. Le continent est loin du discours que tiennent les puissances dominantes nous présentant comme des marginaux. On ne peut s’attendre à ce que les autres viennent nous développer. Ils peuvent y contribuer, mais dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.