OBAMA REMET LE COUVERT
RENOUVELLEMENT DE L’AGOA POUR DIX ANS
Les États-Unis ont renouvelé pour dix années supplémentaires l’Agoa, ce système qui exonère de droits de douanes plus de six mille produits en provenance de l’Afrique subsaharienne. Il revient maintenant au Sénégal, qui peine encore à profiter de cette loi adoptée en 2000, de saisir cette opportunité de réduire le déficit chronique de sa balance commerciale.
Barack Obama a perpétué l’héritage de Bill Clinton. Lundi dernier, a appris www.SenePlus.Com, le président américain a autorisé le renouvellement, pour une période de dix ans, de l’African growth and opportunity act (Agoa). Cette loi, adoptée en 2000 et qui devait expirer au mois de septembre prochain, permet aux pays de l’Afrique subsaharienne éligibles d’exporter plus de six mille produits sans avoir à payer de droits de douanes.
Une quarantaine de pays sont concernés. Lesquels ont été sélectionnés sur la base de critères tels que le respect de l’État de droit, des droits des travailleurs et des droits humains. Des bénéficiaires au départ comme le Swaziland, la Gambie et le Soudan en ont été exclus. Tout le contraire du Sénégal qui, avec plus d’une trentaine d’autres États africains, bénéficie toujours d’un accès préférentiel au marché américain.
Malgré tout, le Sénégal n’arrive toujours pas à profiter pleinement des opportunités offertes par l’Agoa. Le pays reste le 135e partenaire commercial des Etats-Unis avec un volume total d’échanges chiffré 111 milliards de francs Cfa (2010). Sur l’ensemble des produits acceptés sur le sol américain, dans le cadre de l’Agoa, le Sénégal n’en exporte que 67. Il s’agit du poisson et des fruits de mer, du textile, des fleurs, notamment.
Cette faiblesse des exportations vers les Etats-Unis est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics. Au mois de juin 2013, en conseil des ministres, le Président Macky Sall avait évoqué la question. "Le président de la République a demandé au gouvernement de faire le bilan exhaustif des effets de l’Agoa et d’élaborer un plan d’actions pour l’optimisation de ses impacts sur l’industrie, l’artisanat et plus globalement sur l’économie nationale", rapportait le communiqué de la réunion hebdomadaire gouvernementale.
Dans ce sens, le directeur de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex), Dr Malick Diop, propose la mise en place d’une stratégie spécifique pour profiter pleinement des ouvertures offertes par l’Agoa. Pour sa part, le ministre du Commerce, Alioune Sarr, invite les investisseurs locaux à se retrousser les manches. "Notre secteur privé doit saisir cette opportunité offerte par le secteur privé américain pour créer des emplois, exporter sur l’un des plus grands marchés mondiaux, avait-il suggéré lors d’une rencontre avec Gail Strickler, représentante adjointe américaine au Commerce pour le Textile et l’Habillement. Il faut écouter les clients et leur offrir des produits adaptés à leurs exigences."
Alioune Sarr de poursuivre : "En Afrique de l’Ouest, vous avez trois pays principaux producteurs de coton: le Sénégal, le Mali et le Burkina. Et quand nous avons ces matières premières, il n’est pas normal que nous importions des produits du textile. Aujourd’hui, notre pays est bien loin derrière le Lesotho, un pays de moins de 2.5 millions d’habitants, qui exporte son textile aux Usa et fait travailler 40 000 personnes dans le secteur. Et, ils sont plus loin de l’Amérique que le Sénégal."
Bill Clinton avait lancé l’Agoa, Barack Obama l’a perpétuée. Donnant suite à une doléance des pays éligibles. Il appartient maintenant aux bénéficiaires de transformer l’essai.